Le Kakehashi Project, ou comment bâtir des relations Canada-Japon

Au mois de mars 2016, j’ai eu la chance d’être sélectionnée pour participer au Kakehashi Project, un programme de diplomatie publique entièrement financé par le gouvernement japonais et chapeauté par la Fondation Asie Pacifique du Canada. Le projet a comme objectif  de promouvoir les relations d’amitié et de coopération entre le Canada et le Japon. Il sera d’ailleurs renouvelé en 2016-2017.

Notre programme comprenait un voyage d’un peu plus d’une semaine à Tokyo, en compagnie d’une vingtaine de mes collègues de l’Université du Québec à Montréal, ainsi que la visite en retour de six étudiants japonais de la Kanda University of International Studies (KUIS).

Avant de partir, je me sentais particulièrement choyée à l’idée de ce voyage au Japon en discutant du projet avec mes proches. J’avais en effet toujours été attirée par le Japon, pourtant sans ne l’avoir jamais visité. Le pays du Soleil Levant revêtait pour moi un aspect mythique et mystérieux. Je venais également d’entreprendre des cours de japonais, même si je ne m’en tenais qu’à quelques mots et expressions (mes apprentissages ont d’ailleurs pris tout leur sens une fois sur place).

Les étudiants de l’UQAM en visite aux studios de la NHK, télédiffuseur public du Japon, à Tokyo.

J’avais donc déjà un grand intérêt pour le projet et j’étais impressionnée par le financement d’un tel programme de la part du gouvernement japonais. Nous n’étions après tout que des étudiants, bien qu’avides de découvertes et de rencontres. Or, le Japon se doit de poursuivre ses relations avec l’Amérique du nord afin de continuer à prospérer et de contrebalancer certaines difficultés, telles que le vieillissement de la population et l’exode rural. En retour, l’Asie est une région florissante et incontournable dans ce monde interconnecté et globalisé. Le Canada a donc tout intérêt à favoriser des liens – économiques, politiques, éducatifs et sociaux – avec des pays comme le Japon.

Il importe donc des deux côtés de miser sur la jeunesse et d’établir des intérêts pouvant se traduire en relation durable. Au 21e siècle, la jeunesse est bel et bien citoyenne du monde. Il est en effet possible de trouver de nombreux intérêts communs de chaque côté du Pacifique, et il y a là matière à développer de nouveaux partenariats.

De Montréal à Tokyo

L’objectif du projet visait ainsi à familiariser les jeunes Canadiens avec les trois principales sphères sociales du Japon: académique, publique et industrielle. Nous avons commencé notre séjour par un cours d’introduction sur la politique étrangère japonaise, offert par des représentants du Ministère des Affaires étrangères du Japon. Ils nous ont entretenus sur les dimensions économiques et sécuritaires de leurs politiques publiques, de même que de leur estime pour les relations canado-japonaises.

Karine et sa collègue Marie-Anne devant un temple près de Tokyo.

Nous avons ensuite visité les campus de différents établissements scolaires, dont l’Université Kanda ci-haut mentionnée et le Bunka Fashion College. Les nombreuses ressources dont disposent les étudiants japonais sont d’ailleurs impressionnantes, alors qu’ils ont notamment accès aux plus récentes technologies issues de l’industrie de la mode afin de créer leur propre ligne de vêtements.

Pendant une semaine, nous avons ainsi exploré des dizaines d’endroits, en passant par les studios de la télévision publique NHK et l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA). Nous avons expérimenté les activités typiques de la vie à Tokyo (dont le célèbre karaoké et les purikura) et goûté aux saveurs de l’une des plus riches villes du monde. Tokyo résonne de la popularité de ses restaurants, de ses industries issues du domaine de la finance et de l’électronique, et de ses innombrables commerces et boutiques.

En tant qu’ancienne journaliste, j’ai été étonnée d’apprendre qu’alors que la publication de journaux en papier est en déclin presque partout dans le monde, ayant perdu ses lettres de noblesse au profit du web, les journaux du Japon se portent eux à merveille. C’est que les Japonais en apprécient particulièrement l’aspect tangible, au grand plaisir de l’industrie médiatique.

À l’image de l’efficacité de l’organisation japonaise, notre semaine sur place était ainsi réglée au quart de tour. Rien n’était laissé au hasard et il y en avait pour tous les goûts.

Tournés vers le futur

J’ai été émerveillée par la frénésie de Tokyo, aussi étourdissante la ville soit-elle. Je dois cependant avouer que j’ai plus encore été impressionnée par le peuple japonais, sa gentillesse et le profond respect mutuel qu’ils se témoignent les uns envers les autres ( même en attendant le métro). Lors de ce voyage, j’ai d’ailleurs bien compris le sens du mot « omiyage », qui signifie « souvenir » et « cadeau ». Partout où nous sommes allés, nous ne sommes jamais repartis les mains vides, témoignage de la générosité japonaise.

À leur tour, les étudiants japonais ont été impressionnés par notre vibrante métropole lors de leur passage à Montréal. Leur visite a d’ailleurs permis de compléter cet échange interculturel et de nouer des liens encore plus forts avec nos homologues du Japon. J’ai personnellement hébergé chez moi deux étudiants et ce fut un réel plaisir de leur présenter ma ville, que j’ai redécouvert avec eux. Ils ont particulièrement apprécié leur visite à la cabane à sucre, les charmantes rues de la ville de Québec qu’ils ont également parcourues ainsi que tous nos produits du terroir, bien qu’ils se seraient aisément passés du froid canadien.

Karine en compagnie de sa collègue Marie-Anne Grenon et d’une étudiante japonaise de l’Université Kanda lors d’une réception chez le consul général du Japon à Montréal.

Il ne faut donc pas douter des multiples bienfaits que comporte un tel projet. L’objectif étant de tisser des liens étroits entre la jeunesse canadienne et japonaise, le Kakehashi Project s’est à mon sens avéré une réussite. Il se trouve en effet que depuis la fin du programme, l’UQAM et l’Université Kanda ont entrepris des discussions afin de signer une entente bilatérale d’échanges internationaux, tandis que deux étudiants japonais ont de leur côté entamé des cours de langue française une fois de retour chez eux. L’un d’eux participera d’ailleurs à une année d’immersion française à l’UQAM en 2017.

Quant à mes collègues et moi, nous avons tous été envoutés par Tokyo. Le désir d’y retourner s’est bien ancré en chacun de nous. Personnellement, je poursuis mon étude de la langue et de la culture japonaises ainsi que mes recherches sur cette région du monde au sein de la Fondation Asie Pacifique du Canada, en attendant d’y remettre les pieds.

The views expressed here are those of the author, and do not necessarily represent the views of the Asia Pacific Foundation of Canada.

Karine Pontbriand

Karine is a master's student of International and Intercultural Communications at the Université du Québec à Montréal. Karine has a B.A. in International Relations and International Law, and a Diploma of Collegial Studies in Journalism.

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