L’arrestation de l’ancien premier ministre Imran Khan rapproche le Pakistan du chaos politique et économique

Le Pakistan est en proie au désordre depuis l’arrestation de l’ancien premier ministre Imran Khan mardi dernier. Les partisans de M. Khan, qui est accusé de corruption, ont organisé des manifestations dans tout le pays, dont certaines ont basculé dans la violence. Jeudi, la Cour suprême du pays a jugé son arrestation illégale et a ordonné la libération immédiate de M. Khan.

La crise met à nouveaux en doute la capacité du gouvernement à apaiser les nerfs des prêteurs étrangers, en particulier le Fonds Monétaire International (FMI), dont le soutien financier est désespérément nécessaire pour éviter que les économies sombrent dans la dépression.  

Une tendance ?

L’agitation politique est une constante au Pakistan depuis que M. Khan a été évincé lors d’une motion de censure en avril 2022. Toutefois, cette dernière intensification marque un nouveau niveau de volatilité car elle met M. Khan et ses partisans en confrontation directe avec la toute-puissante l’armée du pays. En 2018, l’armée a soutenu l’accession de M. Khan au poste de premier ministre, mais un désaccord en 2021 au sujet de la nomination d’un chef des services de renseignement a envenimé les relations. Depuis son renversement, M. Khan a vigoureusement rassemblé ses défenseurs et a employé un langage inhabituellement conflictuel pour critiquer l’établissement militaire.

Plusieurs observateurs ont émis l’hypothèse que l’armée pourrait utiliser les accusations de corruption comme un moyen de disqualifier M. Khan pour qu'il puisse à nouveau briguer un mandat. Certaines décrivent également cet épreuve de force comme s’inscrivant dans une tendance dangereuse selon laquelle l’armée détient les citoyens, ou pire, des acteurs politiques puissants qui ne lui sont pas favorables.

Tout se joue au moment opportun

Même si le gouvernement suit la directive de la Cour suprême et libère M. Khan, l’instabilité actuel n'est pas susceptible de se dissiper. Le premier ministre Shehbaz Sharif a besoin que le FMI débloque une tranche de financement de 1,5 milliards $ CA, dans le cadre d’un programme de sauvetage plus vaste pour aider à stabiliser de l’économie du pays.

Le Pakistan est constitutionnellement tenu d'organiser des élections en octobre, et le parti politique de M. Khan, Mouvement du Pakistan pour la justice (Pakistan Tehreek-e-Insaf ou PTI), a obtenu de bons résultats lors d’élections partielles et de récents sondages. Les termes de l’accord avec le FMI d’Islamabad expirent en juin et le FMI pourrait faire preuve de réticence à l’égard d’un nouvel accord, étant donné la forte incertitude quant au gouvernement avec lequel il traitera dans les mois qui suivront.