Beijing change de secteur d’investissement lors du sommet Chine-Afrique

Cette semaine, le président chinois Xi Jinping accueille les dirigeants et diplomates de haut rang de 50 pays africains à Beijing à l’occasion du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), qui se déroule du 4 au 6 septembre.

Le sommet, qui se tient en personne pour la première fois depuis la pandémie de COVID-19, est l’occasion pour Beijing de repenser sa stratégie d’investissement sur le continent – en se détournant des grands projets d’infrastructure au profit d’initiatives plus modestes et durables – et de convaincre les économies africaines d’accepter (encore plus) de marchandises chinoises, face à l’imminence de l’augmentation des droits de douane occidentaux.

La Chine se présente comme étant « un pays également en développement » et, lors d’une conférence du FOCAC en 2021, le président Xi avait déclaré que « la Chine et l’Afrique ont forgé [...] [une] fraternité inébranlable dans [leur] lutte contre l’impérialisme et le colonialisme ».

Un cinquième des exportations des pays africains est destiné à la Chine, qui est le plus grand partenaire commercial du continent depuis 2009. Mais un grave déséquilibre commercial complique les relations : en 2023, les exportations chinoises vers l’Afrique ont atteint 173 milliards de dollars US, tandis que les importations se sont élevées à 109 milliards de dollars US.

Entre 2000 et 2023, Beijing a prêté plus de 182 milliards de dollars US aux pays africains pour financer ce que l’on appelle des « mégaprojets », notamment des chemins de fer, des autoroutes, des barrages et des infrastructures portuaires, et qui sont souvent liés à l’ambitieuse, mais controversée, initiative chinoise la Ceinture et la Route. Cependant, les prêts récents étaient axés sur des projets de pointe et de haute technologie, tels que les parcs solaires photovoltaïques, les usines de véhicules électriques et les installations Wi-Fi 5G.

La Chine cherche à diversifier ses importations agricoles en se détournant des pays occidentaux comme le Canada et les États-Unis et en se tournant vers les économies africaines.
 

L’Afrique du Sud mène la charge

Lundi, M. Xi a tenu des réunions bilatérales avec les dirigeants de neuf pays africains, dont l’Afrique du Sud, selon les médias d’État chinois.

L’Afrique du Sud, membre des BRICS (et organisatrice du G20 l’année prochaine), est devenue un partenaire africain clé pour la Chine; M. Xi s’est même rendu quatre fois en Afrique du Sud, ce qui en fait le pays africain le plus visité par le président chinois. Lundi, M. Xi et le président sud-africain Cyril Ramaphosa ont fait évoluer les relations bilatérales vers un « partenariat de coopération stratégique global ». Les deux parties se sont aussi engagées à « résister à l’unilatéralisme et au protectionnisme » et ont approuvé « une réforme complète de l'ONU, y compris de son Conseil de sécurité ».

M. Ramaphosa, s’adressant au Forum d’affaires entre l’Afrique du Sud et la Chine en début de semaine, a déclaré qu’« à bien des égards, on peut dire que l’Afrique du Sud et la Chine sont inséparables ». En 2023, l’Afrique du Sud a exporté pour 12,5 milliards de dollars US de marchandises vers la Chine et a importé en retour pour 25 milliards de dollars US de la Chine.

Depuis 2003, la Chine a persuadé le Burkina Faso, le Tchad, la Gambie, le Liberia, le Malawi, São Tomé-et-Príncipe et le Sénégal d’abandonner leurs relations diplomatiques officielles avec Taïwan, grâce à une aide au développement et à des incitations économiques.
 

Le Canada tergiverse sur l’approche de l’Afrique

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s’est rendue en Afrique du Sud le mois dernier; il s’agit de la première visite du plus haut niveau de diplomatie du Canada depuis deux décennies.

Mme Joly s’est également rendue en Côte d’Ivoire. Dans une entrevue accordée au Globe and Mail, elle a déclaré que le gouvernement « n’a pas accordé suffisamment d’attention à l’Afrique du Sud ».

Les consultations publiques sur l’« approche canadienne en matière de partenariats avec l’Afrique » – qui est passée du statut de « stratégie » à celui de « cadre » – se termineront le 15 septembre.