Le président des États-Unis, Donald Trump, qui mène depuis des mois une guerre commerciale – et qui a polarisé l’attention sur les tarifs douaniers et les accords commerciaux – a mis à rude épreuve les relations avec les partenaires de Washington dans la région Asie-Pacifique, alors que la nouvelle date limite du 1er août pour conclure des accords approche à grands pas.
Beijing cherche à exploiter ces divisions, en attirant les alliés américains mécontents et en se présentant comme un partenaire commercial et d’investissement relativement fiable. Ces dernières semaines, la Chine a redoublé d’efforts sur le plan de la diplomatie bilatérale et multilatérale, recevant des dirigeants et des diplomates de toute la région indo-pacifique.
L’Australien Albanese rencontre Xi
De nombreux pays souhaitent renforcer leurs relations commerciales avec la Chine, mais la plupart d’entre eux sont réticents à l’idée de s’allier avec ce pays sur les questions de sécurité et de défense.
Le premier ministre australien Anthony Albanese est l’un de ces dirigeants pris entre deux feux. Il s’est rendu cette semaine à Shanghai, Beijing et Chengdu dans le cadre d’un effort continu visant à « stabiliser » les relations avec la Chine, premier partenaire commercial de l’Australie. Ce voyage de six jours en Chine est le premier de M. Albanese depuis sa victoire écrasante aux élections fédérales australiennes du 3 mai.
Mardi, à Beijing, M. Albanese a rencontré le président chinois Xi Jinping. Il a déclaré que la rencontre avait été « très constructive », ajoutant que « là comme toujours, je suis guidé par les intérêts nationaux de l’Australie ». Les deux dirigeants ont discuté des relations économiques entre l’Australie et la Chine, de l’importance du commerce international, des « incidents maritimes » en mer de Chine méridionale, etc. Après la rencontre, M. Xi a invité M. Albanese et sa fiancée pour un dîner.
Lors de sa rencontre avec M. Xi, M. Albanese a notamment « réaffirmé la position de l’Australie en faveur du statu quo sur Taïwan ». Ces derniers mois, le sous-secrétaire américain à la défense chargé de la politique, Elbridge Colby, aurait fait pression sur l’Australie et le Japon pour qu’ils révèlent ce qu’ils feraient en cas d’invasion de Taïwan par la Chine, ce qui aurait contrarié les deux alliés des États-Unis.
Selon un sondage de Pew Research publié cette semaine, 23 % des Australiens ont une opinion « favorable » de la Chine, alors qu’ils n’étaient que 14 % en 2024. Trente-quatre pour cent des Canadiens interrogés par Pew ont une opinion favorable de la Chine, contre 21 % l’année dernière.
Les ministres des Affaires étrangères de la région Asie-Pacifique se rendent à Beijing
En plus d’accueillir M. Albanese, la Chine a présidé mardi à Beijing une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un forum regroupant dix pays, dont l’Inde, le Pakistan et la Russie, qui s’intéresse principalement à la sécurité et au commerce.
Selon les médias d’État, M. Xi a déclaré aux délégués de l’OCS que celle-ci devait « jouer un rôle plus proactif en insufflant une plus grande stabilité dans le monde » et qu’elle « devrait unir et diriger le Sud global ». La Chine, qui assure la présidence tournante de l’OCS, organisera le sommet des dirigeants de l’OCS à Tianjin dans le courant de l’année.
Le ministre indien des Affaires étrangères, S. Jaishankar, a assisté à la réunion de l’OCS à Beijing. Il s’agissait de la première visite de M. Jaishankar en Chine depuis les affrontements frontaliers entre les deux pays en 2020, qui ont ébranlé les relations. Les médias indiens ont salué cette visite comme une « étape importante » dans le rétablissement des liens.
Anand et Wang brisent la glace
Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a également été actif sur le circuit diplomatique. La semaine dernière, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l'ASEAN à Kuala Lumpur, M. Wang a proposé de jouer le rôle de médiateur dans les tensions entre le Cambodge et la Thaïlande. Il a rencontré ses homologues des États-Unis, du Japon et de la Russie, ainsi que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand.
Anita Anand a publié un résumé de la réunion sur les réseaux sociaux. Elle a réitéré son soutien à une prochaine réunion du Comité mixte sur l’économie et le commerce Canada-Chine, qui a récemment repris ses activités et qui a pour but de résoudre les différends commerciaux. Les deux ministres ont également discuté des « enjeux et des possibilités de la relation bilatérale ».
La rencontre entre Mme Anand et M. Wang pourrait préparer le terrain pour les discussions entre le premier ministre canadien Mark Carney et son homologue chinois lors du prochain sommet des dirigeants de l’APEC, qui se tiendra fin octobre en Corée du Sud.