Le rapport de la commission parlementaire canadienne sur Taïwan irrite Pékin

Le Comité spécial de la Chambre des communes sur la relation entre le Canada et la République populaire de Chine a publié la semaine dernière un rapport intérimaire qui préconise un renforcement de l’engagement du Canada à l'égard de Taïwan, tout en respectant les paramètres de la politique canadienne « d'une seule Chine ». Selon cette politique, le Canada reconnaît la République populaire de Chine (RPC) « comme le seul gouvernement légitime de la Chine, mais n'approuve ni ne conteste la position de la RPC » selon laquelle Taïwan fait partie de la RPC et devrait être réunie avec elle.  

Que dit le rapport ?

Les recommandations de la commission au gouvernement canadien couvrent un large éventail de domaines politiques : renforcement des liens commerciaux, leçons tirées de l'expérience taïwanaise dans la lutte contre la désinformation et l'ingérence étrangère, et autonomisation des peuples indigènes au Canada et à Taïwan.

D'autres recommandations sont plus ouvertement politiques et risquent de froisser Pékin. Il s'agit notamment d'encourager la multiplication des visites parlementaires à Taïwan, de travailler avec les alliés pour soutenir la participation de Taïwan aux organisations internationales et d'adhérer aux pactes de sécurité conclus sous l'égide des États-Unis pour contrer les menaces que la RPC fait peser sur la région.

Réaction de la RPC

L'ambassade de Chine à Ottawa a déclaré qu'elle « déplorait vivement » le rapport de la commission, le considérant comme une « provocation flagrante » et une « ingérence grossière » dans les affaires intérieures de la Chine. L'inquiétude de Pékin face à ce qu'elle considère comme une intensification de la provocation sur la « question de Taïwan » atteint de nouveaux sommets. Cette semaine, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen a rencontré le président de la Chambre des représentants des États-Unis, Kevin McCarthy, en Californie, à son retour d'une visite en Amérique centrale. Pékin a promis de prendre des « mesures résolues et énergiques » en réponse à cette rencontre.

Cette atmosphère de plus en plus tendue pourrait peser dans les calculs d'Ottawa quant à l'opportunité de donner suite aux recommandations de la commission. Il pourrait être confronté à ce dilemme plus tôt que tard, puisque dix membres du Parlement se rendront à Taïwan dans le courant du mois d'avril.