Des livres « controversés » disparaissent des bibliothèques et des librairies de Hong Kong

Au cours des deux dernières années, les autorités de Hong Kong ont retiré près de 200 ouvrages des rayons des bibliothèques publiques de la ville, invoquant de possibles violations de la loi sur la sécurité nationale de Hong Kong. La liste noire comprend aussi bien des documentaires sur le massacre de Tiananmen en 1989 que des carnets de voyage rédigés par des journalistes dissidents.

Le département des Loisirs et des Services culturels de la ville a déclaré que « suite à la promulgation de la loi sur la sécurité nationale, les bibliothèques doivent s'assurer que leurs collections sont conformes aux lois et règlements en vigueur ».

Les librairies évitent les titres sensibles

Le chef de l'exécutif de Hong Kong, John Lee, a déclaré aux médias que les bibliothèques ne devaient pas « recommander » des livres « illégaux, violant les droits d'auteur ou contenant des idées malsaines ». Il a ajouté que les titres retirés des bibliothèques publiques pouvaient toujours être achetés dans les librairies privées.

Mais il devient de plus en plus difficile d'obtenir de tels titres dans les librairies : le South China Morning Post (SCMP) a rapporté mardi que certains livres sensibles, y compris des ouvrages sur Tiananmen et d'autres écrits par des personnalités prodémocratiques, ont également disparu d'au moins 29 librairies à Hong Kong.

La longue portée de la loi sur la sécurité nationale  

La loi sur la sécurité nationale imposée par Pékin est entrée en vigueur le 30 juin 2020. Elle a été adoptée en réponse aux manifestations et aux troubles qui ont secoué la ville pendant des mois à la suite de l'introduction d'une proposition de loi sur l'extradition. La loi sur la sécurité nationale interdit la sécession, la subversion, le terrorisme et la collusion avec des groupes étrangers.

La loi a eu un effet dissuasif sur la politique de Hong Kong, et sur sa scène littéraire. Un libraire interrogé par le SCMP a confié : « Nous ne sommes pas sûrs que les nouveaux livres puissent passer la douane », ce qui a poussé certains libraires à jouer la carte de la prudence et à éviter de colporter des titres controversés.