Cette semaine, 25 personnes ont été tuées et une centaine d’autres ont été blessées au Bangladesh à la suite de violents affrontements entre des étudiants protestataires et des groupes fidèles au gouvernement.
Dans la capitale de Dacca, et ailleurs, des manifestants se sont mobilisés contre le système de quotas dans la fonction publique bangladaise. Le système réserve 30 % des emplois gouvernementaux aux membres des familles des anciens combattants qui ont participé à la guerre d’indépendance du pays en 1971.
Le système de quotas, qui bénéficie largement aux partisans de la Ligue Awami, le parti au pouvoir, a été mis sur pause en 2018 à la suite de protestations semblables. Toutefois, en juin, la Haute Cour du Bangladesh l’a rétabli, déclenchant une nouvelle vague de manifestations. La Cour suprême du pays a suspendu la décision de la Haute Cour la semaine dernière et se prononcera sur l’avenir du système le 7 août prochain.
Les manifestants sont en faveur d’un système de recrutement fondé sur le mérite. Le Daily Star, un quotidien bangladais, a indiqué que les manifestants, qui ont bloqué des routes et des voies ferrées, ont été attaqués par la police et par des membres de la Ligue Bangladesh Chhatra, la section étudiante de la Ligue Awami.
Certains analystes soutiennent que les manifestations sont le fruit des inquiétudes économiques plus vastes et des frustrations face à un régime de plus en plus autoritaire.
Sheikh Hasina poursuit ses efforts diplomatiques
La première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a réitéré son appui au système de quotas lundi et a d’abord « réprimandé les étudiants [qui protestaient] ». Toutefois, mercredi, au moment de s’adresser à la nation, Mme Hasina a fait part de ses inquiétudes quant à la sécurité des étudiants et a déclaré que « des vies précieuses ont été perdues inutilement ».
Mme Hasina a dû jongler avec une crise intérieure et ses devoirs de diplomatie à l’étranger. Le 10 juillet, alors que les manifestations étaient au point d’ébullition, la première ministre était à Beijing. Elle a rencontré le président chinois Xi Jinping et a convenu de faire évoluer les relations entre le Bangladesh et la Chine vers un « partenariat de coopération stratégique global ».
Il était attendu que Beijing accorde un prêt important, allant jusqu’à 5 milliards de dollars américains, afin de renflouer les réserves de change « en baisse » de Dacca, mais il s’est finalement élevé à 137 millions de dollars américains.
Dans le même ordre d’idées, Mme Hasina a déclaré quelques jours plus tard qu’elle préférerait que l’Inde mène à bien un projet de développement estimé à 1 milliard de dollars américains sur la rivière Teesta, qui traverse le Bangladesh et l’Inde. « La Chine est prête », a déclaré la première ministre aux journalistes, « mais je veux que l’Inde réalise le projet ».