Donald Trump courtise Beijing et apporte la confusion à New Delhi dans la quête d’accords commerciaux

Lundi, le président américain Donald Trump a signé un décret présidentiel prolongeant la trêve commerciale avec la Chine de 90 jours, quelques heures seulement avant le retour à des tarifs douaniers colossaux. Les tarifs douaniers américains sur les produits chinois resteront à 30 %, tandis que Beijing maintiendra des tarifs douaniers de 10 % sur les produits américains.

La possibilité de tarifs douaniers encore plus élevés, qui ont grimpé jusqu’à 145 % en avril, sera mise de côté jusqu’en novembre, pour donner à Donald Trump le temps de rencontrer le président chinois Xi Jinping et de négocier avec lui.

Les deux dirigeants ne se sont pas encore rencontrés depuis la réélection de M. Trump; toutefois, des hauts responsables des deux pays se sont rencontrés, la dernière fois en juillet. M. Trump a déclaré dimanche qu’il souhaitait que la Chine quadruple ses importations de soja américain, en partie pour réduire le déficit commercial des États-Unis avec la Chine.

En 2023, le soja était la principale exportation de marchandises des États-Unis vers la Chine, suivi du pétrole brut. Deux États « bleus », l’Illinois et le Minnesota, et deux États « rouges », l’Iowa et l’Indiana, fournissent la moitié de la production américaine de soja.

D’autres signes indiquent que M. Trump adoucit son approche envers la Chine. Dimanche, on apprenait que la Maison-Blanche autoriserait NVIDIA et AMD, deux fabricants américains de puces, à vendre des puces d’intelligence artificielle à la Chine. Toutefois, dans le cadre de cet accord « très inhabituel », Washington recevra 15 % des ventes de ces puces à la Chine.

Les critiques affirment que cette décision compromet la sécurité nationale des États-Unis et met en péril le propre plan d’action sur l’IA de Donald Trump, publié ce mois-ci, qui s’engage à « empêcher que [leurs] technologies de pointe ne soient mal utilisées ou volées par des acteurs malveillants ». 
 

Impossible d’échapper aux tarifs douaniers

La politique commerciale du second mandat de M. Trump a été incohérente, ébranlée par des retours en arrière, des discussions croisées et des « erreurs de mise en œuvre »; cependant, il y a eu une constante : les tarifs douaniers.

L’Inde, longtemps considérée comme étant protégée par les relations chaleureuses entre Donald Trump et le premier ministre indien Narendra Modi, vit un réveil brutal. En ce moment, l’Inde est confrontée à des tarifs douaniers de 25 %, mais si aucun compromis n’est trouvé d’ici le 27 août, elle devra faire face à des tarifs énormes de 50 %.

Donald Trump a annoncé l’augmentation cette semaine, attribuant sa décision à l’importation de pétrole russe par New Delhi. (La Chine est le plus grand importateur de ressources énergétiques russes, mais n’a pas été accablée de taux similaires.) New Delhi a qualifié l’augmentation d’« injuste, injustifiée et déraisonnable ».

La relation semble avoir touché le « fond » en raison des tarifs douaniers, de la position de Donald Trump sur le Pakistan et des discussions sur l’accès aux marchés. M. Modi a déclaré la semaine dernière que « l’Inde ne transigera jamais sur les intérêts de ses agriculteurs, pêcheurs et producteurs laitiers ».

En septembre, Narendra Modi accueillera les dirigeants du groupe Quad, composé de l’Inde, des États-Unis, de l’Australie et du Japon.
 

Trop tard?

Les demandes d’accès au marché de Donald Trump ont également perturbé Ottawa. La gestion de l’offre reste un point de tension dans les négociations commerciales entre le Canada et les États-Unis; M. Trump s’est en effet plaint en juin que le Canada était « un pays avec lequel il était très difficile de faire du commerce ». Le premier ministre canadien Mark Carney a déclaré qu’il était « hors de question » de négocier la gestion de l’offre dans un accord quelconque.

Les États-Unis ne sont pas le seul casse-tête commercial du Canada. Aujourd’hui, la Chine, deuxième partenaire commercial du Canada, a imposé des tarifs douaniers « préliminaires » de 75,8 % sur toutes les exportations canadiennes de graines de canola, à la suite d’une « enquête sur l’antidumping » d’un an.

Les tarifs douaniers imposés par Beijing sur les graines de canola (et ses taxes préexistantes sur le tourteau et l’huile de canola), quelques semaines seulement avant la récolte, sont un autre exemple des difficultés rencontrées par Ottawa pour diversifier le commerce hors des États-Unis tout en réduisant les risques liés à la Chine et en trouvant des partenaires commerciaux plus fiables.