Tout vient à point à qui sait attendre, et le premier ministre australien Anthony Albanese en a fait l’expérience cette semaine, alors qu’il est ressorti gagnant d’une rencontre attendue depuis longtemps avec le président des États-Unis Donald Trump à la Maison-Blanche.
Lundi, M. Albanese et M. Trump ont signé un accord sur les minéraux critiques d’une valeur de 8,5 milliards $ US et réaffirmé leur soutien à l’AUKUS, le pacte tripartite de sécurité axé sur les sous-marins nucléaires conclu entre l’Australie, le Royaume-Unie et les États-Unis, mettant ainsi fin à des mois de spéculations de mauvais augure sur l’avenir de l’accord.
Le moment n’aurait pas pu mieux tomber pour M. Albanese : l’accord sur les minéraux critiques, qui était en préparation depuis cinq mois, est arrivé sur le bureau de Donald Trump au même moment où Beijing a menacé d’imposer des restrictions à l’exportation de 12 minéraux critiques, ce qui a provoqué l’indignation des États-Unis et a obligé le pays à trouver de l’aide auprès de ses alliés.
Les louanges des deux camps se sont rapidement fait entendre à la Maison-Blanche, interrompues brièvement par une étrange interaction entre Donald Trump et Kevin Rudd, l’ambassadeur de l’Australie aux États-Unis qui avait critiqué le président américain, puis M. Albanese a invité M. Trump à visiter l’Australie.
Soumis à des pressions dans son pays, M. Albanese cherchait à obtenir une rencontre en personne avec Trump depuis neuf mois; une rencontre prévue au Sommet des dirigeants du G7 à Kananaskis, en Alberta, est tombée à l’eau, et les deux dirigeants n’ont discuté que brièvement à New York en septembre. M. Albanese a fait preuve d’une approche prudente avec Donald Trump; il ne s’est pas plié aux demandes du président et ne lui pas tenu tête, préférant tirer parti d’une relation qui ne s’est que très légèrement effritée au cours des derniers mois en raison de l’imposition de droits de douane américains sur l’Australie et de la reconnaissance de l’État de Palestine par Canberra en septembre.
L’inclusivité et la durabilité au cœur du Sommet de l’ANASE
Aux côtés des dirigeants du Canada, de la Chine, du Japon et d’autres pays de l’Indo-Pacifique, M. Trump et M. Albanese se rendront en Malaisie la semaine prochaine pour participer au Sommet de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) qui aura lieu à Kuala Lumpur.
Le thème du sommet de cette année est « Inclusivité et durabilité », et le sommet mettra l’accent sur le fossé du développement, les inégalités et les changements climatiques. Le pays hôte, la Malaisie, souhaite que les participants prennent des engagements concrets en matière de résilience économique, de croissance numérique et de développement inclusif au lieu de publier uniquement un communiqué conjoint.
Une fois à Kuala Lumpur, Donald Trump devrait assister à la signature d’un accord de paix officiel entre les membres de l’ANASE, la Thaïlande et le Cambodge, bien que la question du déminage et du retrait des armes lourdes constitue encore un point de friction.
Donald Trump se rendra ensuite au Japon pour rencontrer la nouvelle première ministre japonaise, Takaichi Sanae, qui a signé lundi un accord de dernière minute avec un nouveau partenaire de coalition, le Parti japonais de l’innovation, qui confirme sa gouvernance.
Mark Carney part à la recherche de nouveaux marchés
Le premier ministre canadien Mark Carney effectuera son premier voyage officiel en Asie du 24 octobre au 1er novembre. Il participera au Sommet de l’ANASE en Malaisie, puis se rendra à Singapour et en Corée du Sud, où il participera à la rencontre des dirigeants du Conseil de coopération économique du Pacifique.
Selon Ottawa, lors du Sommet de l’ANASE, M. Carney « s’emploiera à trouver de nouvelles possibilités d’exportation pour les industries canadiennes, notamment dans les domaines de l’agriculture, de l’énergie, de l’innovation et des technologies. »
Le premier ministre adoptera une approche résolument stoïque en matière de commerce, alors qu’Ottawa a déclaré que le « nouveau gouvernement du Canada se concentre sur ce qu’il peut contrôler », contrairement aux États-Unis et à la Chine qui font preuve d’intransigeance. Ce que les négociateurs commerciaux espèrent contrôler, ce sont les négociations en cours concernant l’accord de libre-échange Canada-ANASE. En septembre, les ministres des deux camps « ont exhorté les représentants à intensifier leurs efforts » pour conclure un accord d’ici 2026. En 2024, le commerce bilatéral de marchandises entre l’ANASE et le Canada a atteint 42 milliards $ CA.
Dans la région indo-pacifique, le Canada cherchera d’autres importateurs de canola, de fruits de mer et d’énergie, des produits faisant l’objet de guerres économiques avec les États-Unis et la Chine.
Entre 2024 et 2025, le Canada a exporté 477 254 tonnes métriques de graines de canola à l’étranger, soit l’équivalent de cinq porte-avions américains. Le Japon et la Chine étaient les plus grands importateurs de graines de canola canadiennes.