La Chine cherche à réduire l’emprise des États-Unis sur les câbles sous-marins du monde entier

Une bataille invisible pour les fonds marins fait surface : la compétition entre la Chine et les États-Unis pour le contrôle des câbles sous-marins qui soutiennent les communications et le commerce mondiaux.

Les câbles qui tapissent les fonds marins transportent entre 95 % et 99 % des communications internationales et des transferts de données, et permettent environ 10 billions $ de transactions financières par jour, ce qui les rend vulnérables à l’espionnage et au sabotage. Les gouvernements s’appuient également sur ces câbles, qui transmettent des données jusqu’à 10 fois plus rapidement que les satellites, pour transmettre de l’information classifiée.

En février, un amiral retraité de la marine américaine a écrit que les câbles sous-marins, malgré qu’ils constituent l’épine dorsale de l’économie mondiale, sont « une évidente vulnérabilité mondiale » et a mis en garde contre une « guerre des fonds marins » imminente.

Les pannes de câbles peuvent s’avérer dévastatrices : à la mi-juin, trois des cinq câbles internet sous-marins du Vietnam, reliant le pays au reste de l’Asie, à l’Europe et aux États-Unis, sont tombés en panne pour des raisons inconnues, ce qui a eu un « impact considérable sur la connexion du pays au reste du monde », selon les médias d’État du pays.

Un certain nombre de câbles se situent sous des zones disputées de la mer de Chine méridionale, y compris les îles Spratly, qui sont revendiquées par la Chine, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam.

Washington découragerait les entreprises américaines d’installer de nouveaux câbles dans cette zone, alors qu’une récente enquête de Reuters a révélé qu’au courant des quatre dernières années, le gouvernement des États-Unis a tenté de bloquer ou d’interrompre au moins six projets de câbles sous-marins en Asie-Pacifique. Beijing a rétorqué en refusant de délivrer des permis pour de nouveaux projets à des entrepreneurs américains.
 

Ambitions de la Chine dans les fonds marins

La Chine a installé son premier câble sous-marin international en 1993, et après des décennies d’essais et erreurs, elle se dirige maintenant vers l’autosuffisance dans l’installation et l’entretien de câbles sous-marins.

Entre 2008 et 2020, l’entreprise chinoise Huawei Marine Networks (qui est ensuite devenue HMN Technologies) a installé 60 000 kilomètres de câbles sous-marins. De plus, selon Nikkei, plus de 20 câbles impliquant des entreprises chinoises « ont été mis en service ou devraient l’être en Asie-Pacifique entre 2021 et 2026 ».

La Chine posséderait environ 9 % des soixante navires au monde capables de poser et d’entretenir des câbles sous-marins. Deux des 60 navires ont comme port principal Halifax, en Nouvelle-Écosse, alors que cinq navires viennent des États-Unis.
 

Câbles sous-marins dans l’Arctique canadien

L’Arctique canadien accueillera bientôt un vaste réseau de câbles sous-marins. Le projet Far North Fiber, dont l’achèvement est prévu pour la fin 2026, est un projet de câble de 15 000 kilomètres qui relierait la Norvège au Japon par le passage du Nord-Ouest.

Ottawa devra protéger ces câbles sous-marins des catastrophes naturelles, des accidents maritimes et même des attaques.