Le troisième plénum de la Chine, une séance plénière à laquelle prennent part environ 360 membres hauts placés du Parti communiste chinois (PCC), portait cette année sur l’économie et a pris fin aujourd’hui après quatre jours de discussions à huis clos.
La réunion a lieu alors que Beijing examine un ensemble d’indicateurs économiques nuancés.
Les données gouvernementales publiées lundi montrent que l’économie chinoise a progressé de 4,7 % au cours du deuxième trimestre par rapport à l’année précédente. Ce pourcentage est inférieur aux prévisions de la plupart des analystes. Les consommateurs réticents et le secteur immobilier en perte de vitesse sont les principaux responsables de cette croissance inférieure aux prévisions.
Beijing s’efforce également de contenir le chômage élevé chez les jeunes, dont le taux était officiellement de 13,2 % en juin, bien que le pourcentage réel soit probablement plus élevé. En mai, le président chinois Xi Jinping, également secrétaire général du PCC, aurait déclaré au bureau politique du parti que « davantage d’emplois devraient être créés pour les [diplômés] », ce qui laisse supposer qu’une plus grande importance est accordée à cette question.
Aucun grand plan de relance ni aucun revirement politique n’est attendu à l’issue de la séance plénière de cette semaine. Toutefois, des ajustements plus modestes sont possibles. Le président Xi a fait allusion à cette approche d’intensification des efforts mercredi dans un article de Qiushi, la revue théorique de référence du PCC. Le thème de l’article de M. Xi – une mosaïque de citations et d’essais antérieurs – était le maintien de la « confiance en soi et de l’autosuffisance », puis il a déclaré que « faire marche arrière ne nous mènera nulle part ».
Ses commentaires indiquent que Beijing maintiendra le cap en matière de politique commerciale et industrielle et adoptera les « nouvelles forces de production », un programme de modernisation industrielle à l’échelle nationale dirigé par l’État et présenté lors des réunions des « deux sessions » de la Chine en mars.
Beijing vise une croissance du PIB d’« environ » 5 % en 2024.
Les exportations sont en plein essor, mais pour combien de temps?
Les exportations chinoises ont augmenté de 8,6 % en juin par rapport à la même période l’an dernier, un sommet inégalé en 15 mois.
Pour l’instant, les exportations aideront à compenser les baisses de la consommation et de l’investissement, mais les conflits avec un nombre croissant de partenaires commerciaux – dont le Canada, l’Union européenne, l’Inde, l’Indonésie et les États-Unis – pourraient compromettre une partie de cette croissance au fil du temps.
La semaine dernière, les membres de l’OTAN ont eux aussi manifesté leur mécontentement à l’égard de Beijing. Selon une déclaration commune, les « ambitions affichées et les politiques coercitives de la Chine sont contraires à [leurs] intérêts, à [leur] sécurité et à [leurs] valeurs », et le gouvernement chinois serait un « facilitateur décisif dans la guerre russe contre l’Ukraine », une accusation rejetée par Beijing.
Jouer avec le feu
En juin, la ministre canadienne des Finances Chrystia Freeland a annoncé le lancement de consultations politiques, qui prendront fin le 1er août, afin de freiner l’importation massive de véhicules électriques (VE) chinois à bas prix au Canada.
Dans une entrevue accordée à Bloomberg vendredi, Mme Freeland a déclaré qu’en fonction de l’évolution des discussions avec les entreprises et les syndicats canadiens, la consultation « pourrait en fait être plus vaste que cela », ce qui laisse entendre des restrictions commerciales plus importantes à l’encontre de la Chine. Ottawa devra soupeser les considérations commerciales, industrielles et de sécurité pour élaborer une réponse à Beijing et se préparer à de possibles représailles contre des entreprises de l’ouest du Canada.
Le rapport Le point sur le commerce international d’Affaires mondiales Canada, publié le mois dernier, a dressé un tableau surprenant des échanges commerciaux entre le Canada et la Chine. En 2023, les exportations de biens canadiens vers la Chine ont augmenté de 1,8 milliard de dollars canadiens sur 12 mois, ce qui constitue la plus forte augmentation parmi tous les partenaires d’exportation du Canada.
Cette hausse est largement imputable à « une augmentation importante des exportations d’oléagineux », selon Affaires mondiales Canada. En 2023, les importations canadiennes en provenance de Chine ont quant à elles diminué de 9,4 milliards de dollars canadiens.