La promesse d’une nouvelle année n’a pas mis fin aux troubles qui bouleversent la Corée du Sud depuis début décembre, les récents efforts déployés par des responsables de la lutte contre la corruption pour arrêter le président destitué Yoon Suk-yeol étant bloqués par ses partisans et son service de sécurité présidentielle.
Le Bureau sud-coréen d’enquête sur la corruption pour hauts fonctionnaires (CIO) cherche à arrêter le président suspendu Yoon pour insurrection et abus de pouvoir. Le président a déclaré la loi martiale le 3 décembre, suscitant la peur et l’aversion dans une grande partie de l’échiquier politique. Il a levé l’ordonnance six heures plus tard, à la suite d’un vote de l’Assemblée nationale.
Vendredi, des gardes du corps présidentiels ont empêché les responsables de la lutte contre la corruption d’atteindre le président Yoon, qui, au moment d’écrire ces lignes, s’était retranché dans sa résidence présidentielle.
Le CIO a alors demandé à la police d’exécuter le mandat, mais a fait marche arrière quelques heures plus tard. Mardi, le procureur en chef du CIO a déclaré à un comité parlementaire : « Nous nous préparerons à l’exécution d’un mandat comme si la deuxième tentative était la dernière. »
Les partisans de M. Yoon ont brandi des pancartes indiquant « Stop the Steal » (arrêtez le vol), ainsi que des drapeaux américains devant sa résidence dans un appel apparent au président américain nouvellement élu Donald Trump. Ces symboles de protestation sont un clin d’œil à ce que les manifestants estiment être une fraude lors des dernières élections législatives, que le parti de M. Yoon a perdues sans équivoque. Un manifestant a déclaré à l’Agence France-Presse que « [les manifestants pensent] que [la loi martiale] était une application légitime de l’autorité présidentielle de M. Yoon pour lutter contre la fraude électorale ». La commission électorale sud-coréenne n’a découvert aucune preuve de fraude lors des élections de 2024.
Nombreuses sont les têtes qui portent la couronne
Le remplaçant de M. Yoon, Han Duck-soo, a été président par intérim pendant moins de deux semaines avant que l’Assemblée nationale n’entame une procédure de destitution contre lui aussi, en raison de son refus de pourvoir trois postes vacants à la Cour constitutionnelle du pays, l’organe chargé de confirmer ou de rejeter la destitution de M. Yoon.
Le ministre des Finances Choi Sang-mok est maintenant président par intérim du pays et s’efforce de rétablir la confiance des investisseurs et des consommateurs en Corée du Sud. Le won sud-coréen se négocie à ses plus bas niveaux depuis la crise financière de 2008. Le ministère des Finances du pays a également récemment revu à la baisse ses projections de PIB pour 2025, les ramenant de 2,2 % à 1,8 %. Toutefois, l’inflation reste faible et le taux de chômage est d’environ 2,2 %.
M. Choi a rencontré le secrétaire d’État américain sortant Antony Blinken cette semaine. M. Blinken a exprimé ses condoléances à la suite du tragique accident de Jeju Airlines et a réitéré que « les États-Unis sont prêts à soutenir la République de Corée en cette période difficile ». Le dernier voyage de M. Blinken à l’étranger – une tentative de consolider les réalisations de l’administration Biden en matière de politique étrangère – comprend la Corée du Sud, le Japon, la France, l’Italie et le Vatican.
Le conseiller à la Sécurité nationale de Joe Biden, Jake Sullivan, a été dépêché en Inde. M. Sullivan a prononcé un discours lundi, prédisant que « le partenariat [entre les États-Unis et l’Inde] sera le plus important du 21e siècle ».
Problèmes domestiques
La Corée du Sud n’est pas la seule démocratie à faire face à des troubles politiques majeurs. Lundi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé son intention de démissionner de son poste de chef du Parti libéral et de premier ministre une fois la course à la chefferie terminée.
Plusieurs médias ont rapporté que la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, est une candidate potentielle pour remplacer Trudeau. Si Mme Joly décide de se lancer dans la course à la chefferie, il n'est pas clair si elle devrait démissionner du cabinet ou plutôt partager son énergie et son attention entre la défense des intérêts d'Ottawa à l'étranger (y compris lors de la présidence du Canada au G7) et la mobilisation de soutiens pour sa candidature à la direction du parti.
Le sommet du G7 est prévu du 15 au 17 juin à Kananaskis, en Alberta.