La déclaration de l’APEC laisse entrevoir une évolution dans la région indo-pacifique

Le sommet des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) a eu lieu à Gyeongju, en Corée du Sud, la fin de semaine passée. Il a été marqué par une série d’accords bilatéraux ainsi que la négociation d’une déclaration commune jusqu’à la dernière minute.

La déclaration des dirigeants de cette année omet divers termes, comme « libre-échange » et « Organisation mondiale du commerce », contrairement à celle de 2024. Elle salue plutôt la « vigueur » du commerce, mettant l’accent sur la « résilience » économique plutôt que sur la poursuite de la libéralisation des échanges.

Les membres de l’APEC, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, ont publié une déclaration commune distincte condamnant « l’invasion illégale et continue de l’Ukraine » par la Russie. Les États-Unis n’ont pas approuvé cette déclaration. En 2023, lorsqu’ils ont accueilli l’APEC, ils ont publié une déclaration présidentielle condamnant l’invasion de la Russie.

Xi vole la vedette

Le président américain Donald Trump a quitté Gyeongju avant le début du sommet, laissant la vedette au président chinois Xi Jinping, qui a présenté Beijing comme le présumé champion du multilatéralisme et du commerce mondial.

Sun Ryung Park, de la FAP Canada, estime que « la place prépondérante occupée par Xi lors du sommet a mis en évidence la manière dont la Chine exploite les incohérences de la politique américaine pour se présenter comme le défenseur du libre-échange en ces temps agités ».

Lors de sa première visite en Corée du Sud en 11 ans, Xi a rencontré le président sud-coréen Lee Jae Myung et la première ministre japonaise Takaichi Sanae, entre autres dirigeants.

La rencontre entre Xi et le premier ministre canadien Mark Carney a également marqué les esprits. Les deux dirigeants ont discuté des « questions et [des] différends liés au commerce qui sont encore en suspens », mais aussi d’un cadre de travail visant à « accroître la collaboration dans divers domaines ». Messieurs Carney et Xi ont convenu que cette rencontre marquait un « tournant » dans les relations bilatérales. À la suite de cette rencontre, Beijing a donné son feu vert à la reprise des voyages organisés en groupe vers le Canada.

Lors du sommet, Xi a exhorté les dirigeants à manifester leur appui à un organisme chargé de réglementer l’intelligence artificielle, dont le siège serait situé à Shanghai. Les membres de l’APEC ne semblent pas avoir adhéré à la proposition de Xi, mais se sont montrés réceptifs à une autre initiative, l’« initiative en matière d’IA de l’APEC », qui vise à promouvoir l’innovation et l’adoption de l’IA. Séoul a fait de l’IA l’un des thèmes phares du sommet de cette année. Lee a déclaré qu’il souhaitait faire de la Corée du Sud l’une des trois premières puissances mondiales en matière d’IA.

La Chine accueillera l’APEC l’année prochaine à Shenzhen.