Les dirigeants des dix pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) se réuniront la semaine prochaine à Kuala Lumpur, en Malaisie, à l’occasion d’une réunion de deux jours consacrée au commerce entre les membres de l’ANASE, aux tarifs douaniers américains et à l’incertitude commerciale générale, à la guerre civile au Myanmar et aux tensions en mer de Chine méridionale.
Ce bloc disparate – qui comprend le Brunéi, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, Singapour, la Thaïlande, les Philippines et le Vietnam – est plus ou moins exposé aux tarifs douaniers américains. Cependant, tous les membres de l’ANASE seraient affectés par une escalade de la guerre commerciale latente entre les États-Unis et la Chine.
Les dirigeants de l’ANASE se réunissent généralement deux fois par an. En avril, le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, dont le pays assure la présidence de l’ANASE cette année, a déclaré qu’il souhaitait que l’organisation apporte une réponse collective et coordonnée aux tarifs douaniers américains. Le premier ministre thaïlandais Paetongtarn Shinawatra a soutenu l’idée d’Ibrahim, mais le projet semble avoir éclaté, les États membres optant pour des négociations bilatérales – jusqu’à présent infructueuses – avec Washington.
Au début du mois, Ibrahim s’est entretenu avec le président philippin Ferdinand Marcos Jr. au sujet de la politique tarifaire de l’administration Trump et du cessez-le-feu au Myanmar. M. Marcos Jr. a déclaré qu’il s’attendait à ce que ces discussions se poursuivent lors du sommet des dirigeants.
L’ANASE se tourne vers l’intérieur
À l’instar des récentes initiatives de l’Union européenne et des provinces et territoires du Canada, les dix membres de l’ANASE cherchent à éliminer les barrières commerciales internes. La Malaisie, qui assure la présidence, cherche à harmoniser les lois régionales sur les questions relatives aux litiges commerciaux transfrontaliers, à l’insolvabilité et à d’autres questions commerciales, selon une entrevue accordée au Nikkei par le ministre malaisien du Droit et de la Réforme institutionnelle.
Les membres de l’ANASE renforcent également leurs liens bilatéraux. La députée thaïlandaise Paetongtarn a récemment rendu visite à son homologue vietnamien à Hanoï, où les deux pays ont élevé leurs relations bilatérales au rang de partenariat stratégique global.
Ce rapprochement témoigne de la « détermination commune des deux pays à approfondir et à élargir la coopération dans toutes ses dimensions [...] afin de relever ensemble les défis mondiaux et régionaux », selon un communiqué publié par la Thaïlande. Le commerce mis à part, le tourisme pourrait être une autre pièce du casse-tête : Manille a récemment proposé la création d’un système de visa unifié pour l’ANASE, basé sur le modèle de l’espace Schengen en Europe.
Selon les données les plus récentes publiées par l’ANASE, le PIB nominal du bloc a atteint 3 800 milliards de dollars en 2023, un chiffre qui a pratiquement doublé depuis 2010. En 2023, l’Indonésie représentera la plus grande part du PIB du bloc, avec 36,2 %.
Les pays menacés par les tarifs douaniers recherchent la stabilité
Les dirigeants d’autres pays touchés par les menaces tarifaires américaines ont afflué dans les pays de l’ANASE ces derniers mois, ce qui témoigne des perspectives économiques attrayantes et de la stabilité relative du bloc.
Le président chinois Xi Jinping s’est lancé dans une « offensive de charme » en avril, en se rendant au Cambodge, en Malaisie et au Vietnam. New Delhi enverra bientôt une délégation parlementaire en Indonésie, en Malaisie, à Singapour, en Corée du Sud et au Japon. La semaine prochaine, le président français Emmanuel Macron se rendra en Indonésie, à Singapour et au Vietnam.
Les États membres de l’ANASE se sont collectivement classés au quatrième rang des partenaires commerciaux du Canada en 2023. Les ressources naturelles, les technologies propres, l’agriculture et l’agroalimentaire, les services financiers et les biens de consommation dominent les relations commerciales.