Lundi, la vice-première ministre canadienne Chrystia Freeland a annoncé le lancement de consultations en matière de politique dès le 2 juillet afin d’éviter une arrivée massive de véhicules électriques (VE) chinois peu coûteux au Canada.
Mme Freeland, accompagnée de la ministre canadienne du Commerce Mary Ng et de chefs de file de l’industrie automobile lors d’une conférence de presse à Vaughan, en Ontario, a déclaré qu’aucune politique ne serait écartée pour « protéger » les travailleurs canadiens contre une « politique intentionnelle de surcapacité dirigée par l’État [chinois] ».
Au cours des quatre premiers mois de 2024, le Canada a importé des VE chinois pour un total de 462 millions CAD, soit une augmentation de près de 1 300 pour cent comparativement à la même période en 2023. La plupart des VE expédiés de la Chine au Canada proviennent de l’usine Tesla à Shanghai.
Mme Freeland a déclaré lundi qu’Ottawa envisagerait une surtaxe sur les importations de véhicules électriques depuis la Chine (déjà sujets à un tarif douanier « standard » de 6,1 pour cent), des changements quant à la liste de voitures admissibles aux incitatifs fédéraux et de plus importantes restrictions en matière d’investissement. Elle a souligné que les consultations de 30 jours se concentreraient également sur la cybersécurité et la protection des données.
Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces d’automobile du Canada, a pris la parole lors de l’événement de lundi, confirmant qu’il était « très satisfait » des consultations. Le mois dernier, Volpe a dit au National Post que certains éléments de la politique de véhicules électriques étaient « fous », critiquant surtout le programme de remises du gouvernement.
L’année dernière, les véhicules zéro émission comptaient pour 10,8 pour cent des nouvelles immatriculations de véhicules au Canada.
Un consensus croissant ?
Alors qu’Ottawa se range du côté de Washington et de Bruxelles en ce qui a trait à la politique de véhicules électriques, elle devra s’attendre à des représailles, des récriminations ou des négociations.
En mai, le président des États-Unis Joe Biden a fait passer les tarifs douaniers sur les VE chinois de 25 pour cent à 100 pour cent pour « protéger » les fabricants américains des « pratiques commerciales déloyales de la Chine ». Beijing a déclaré que la série de tarifs douaniers plus élevés de Biden « affecterait sérieusement » la coopération bilatérale.
Parallèlement, l’UE a provisoirement conclu plus tôt ce mois-ci qu’elle imposerait des tarifs douaniers plus élevés sur les VE chinois, passant de 17,4 pour cent à 38,1 pour cent, en fonction du fabricant automobile, bien que les négociations entre les deux parties aient réellement commencé samedi dernier. Si les discussions échouent, une hausse fulgurante des tarifs douaniers est attendue en novembre prochain.
Dans un geste manifeste de représailles, Beijing a lancé une enquête antisubventions sur les importations de porc auprès des états membres de l’UE, et a menacé de contester les tarifs douaniers prévus sur les véhicules électriques auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
Ce qui nous attend
Vina Nadjibulla, vice-présidente de la FAP Canada, Recherche et stratégie, a déclaré à Observatoire Asie qu’Ottawa devra tenir compte de trois points principaux lors de l’élaboration d’une réponse à la politique.
Premièrement, s’aligner sur les États-Unis et veiller à ce que le Canada ne serve pas de passage vers le marché américain pour la Chine. Deuxièmement, respecter la réglementation du commerce. Troisièmement, tenir compte des éventuelles représailles de la Chine. Mme Nadjibulla a mentionné que si les demandes en faveur des tarifs douaniers se font davantage entendre en Ontario, toutes représailles de la part de Beijing se répercuteraient vraisemblablement de manière importante sur les agriculteurs de l’Ouest canadien.
Les exportations de marchandises canadiennes vers la Chine totalisaient 30,5 milliards $ CA en 2023, l’agriculture, la pêche et les produits alimentaires intermédiaires représentant plus du tiers de ces exportations.