Le premier ministre japonais Ishiba Shigeru s’est rendu à Washington, D.C., le temps d’une journée « mouvementée », mais sans tension la semaine dernière, dans le cadre d’une visite au président américain Donald Trump qui a réaffirmé les relations solides entre les deux alliés en matière de défense, de commerce et d’investissement.
Tokyo et Washington ont publié une déclaration commune à la suite de la rencontre, affirmant que l’alliance entre les États-Unis et le Japon est « la pierre angulaire de la paix, de la sécurité et de la prospérité dans l’Indo-Pacifique et au-delà ». Les États-Unis ont également souligné leur « engagement inébranlable » en matière de défense du Japon, promettant d’utiliser l’ensemble de leurs capacités, y compris le nucléaire ― un engagement sollicité par le ministre japonais des Affaires étrangères en janvier.
M. Ishiba s’est engagé à faire passer les investissements japonais aux États-Unis d’environ 800 milliards $ US à un montant colossal de 1 billion $ US. Le Japon est le premier fournisseur d’investissements directs étrangers aux États-Unis depuis 2021.
M. Trump a déclaré que le Japon avait accepté d’augmenter les importations de gaz naturel liquéfié des États-Unis pour atteindre des « chiffres record », ajoutant que les États-Unis « feront du commerce avec tous les pays sur la base [...] de l’équité et de la réciprocité ». Selon Bloomberg, en 2024, environ 10 % du gaz naturel liquéfié japonais serait provenu des États-Unis.
M. Ishiba a remporté une victoire sur une question sensible pour le Japon : la déclaration commune a souligné « l’administration pacifique et de longue date des îles Senkaku par le Japon », possiblement dans le but de dissuader Beijing d’envoyer sa garde côtière autour de ces îles, qu’elle revendique également.
Les deux dirigeants ont également encouragé la « résolution pacifique » des questions liées au détroit et se sont opposés à toute tentative unilatérale de modifier le statu quo « par la force ou la coercition ». Taipei a salué la déclaration, en particulier la mention de la « coercition », qui pourrait faire référence à une coercition économique de la part de Beijing.
M. Ishiba a offert à M. Trump un casque de samouraï en or, et M. Trump a accepté son invitation à visiter le Japon « dans un avenir proche ».
Pete Hesgeth se concentre sur l’Asie
Séoul a salué l’appel de M. Trump et de M. Ishiba en faveur de la « dénucléarisation complète » de la Corée du Nord. M. Trump s’est également dit « ouvert » à un dialogue avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Un responsable américain a indiqué lors d’un point de presse que Washington « restera en phase [...] avec le Japon et la Corée du Sud » si les discussions se concrétisent.
Parallèlement, vendredi dernier, le vice-premier ministre et ministre de la Défense australien, Richard Marles, a rencontré le secrétaire américain à la Défense, Pete Hesgeth, pour une discussion dominée par l’AUKUS, le pacte de sécurité trilatéral entre Canberra, Londres et Washington.
Avant la rencontre, l’Australie a effectué un versement de 500 millions $ US ― premier versement d’un engagement total de 3 milliards $ US ― dans le cadre d’un accord visant à renforcer le secteur américain des sous-marins (et à acheter trois sous-marins américains à propulsion nucléaire). M. Hesgeth a indiqué que Trump « connaît très bien [l’AUKUS] et le soutient pleinement ».
Depuis sa confirmation le 25 janvier, M. Hesgeth s’est entretenu avec ses homologues d’Australie, d’Inde, d’Indonésie, d’Israël, du Japon, du Mexique, de Singapour, de Corée du Sud, du Vietnam, des Philippines et du Royaume-Uni. L’expérience de M. Hesgeth, fortement axé sur l’Asie, suggère que l’administration Trump fera de l’Indo-Pacifique une priorité en matière de politique étrangère.
Les tensions tarifaires laissent le Canada en marge
Le ministre canadien de la Défense, Bill Blair, qui était en visite à Washington du 4 au 6 février, n’a pas eu la même chance de rencontrer son homologue américain. M. Blair, accompagné du ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne, a rencontré des chefs d’entreprise et des membres du Congrès pour discuter des objectifs communs du Canada et des États-Unis en matière de défense. La visite de M. Blair s’est déroulée alors que les tensions atteignaient leur paroxysme à la suite des menaces de tarifs douaniers du président américain à l’encontre du Canada.
Jusqu’à présent, Ottawa a été exclue de l’AUKUS, bien que la Marine royale canadienne poursuive son engagement pour l’Indo-Pacifique. La semaine dernière, le NCSM Ottawa est arrivé à Manille dans le cadre de l’Opération Horizon, un déploiement visant à promouvoir « la paix, la stabilité et l’ordre international fondé sur des règles ».
À bord du NCSM Ottawa, l’ambassadeur du Canada aux Philippines, David Hartman, a annoncé que les deux pays finalisent actuellement un accord sur le statut des visites de forces. Selon M. Hartman, cet accord permettrait au Canada de « participer de manière plus substantielle aux exercices et aux opérations de formation conjoints et multilatéraux » avec les Philippines et les alliés de la région. Manille n’a conclu d’accord sur le statut des visites de forces qu’avec l’Australie et les États-Unis.