Le Laos chancelle sous l’effet d’une dette chinoise opaque

Selon le Fonds monétaire international, la dette publique brute du Laos a atteint 123 % de son PIB. La moitié de cette dette est due à la Chine, qui a financé une poignée de projets d’infrastructure à grande échelle dans le pays. Aujourd’hui, malgré le report de la dette et l’aide de la Chine, le Laos a du mal à rembourser ses emprunts, ce qui a amené un expert à déclarer qu’en dehors de l’annulation de la dette, elle ne voyait pas « d’issue pour le Laos ». 

Investissements chinois : Soutien ou piège ?

La Chine a souvent été accusée de pratiquer une « diplomatie du piège de la dette », c’est-à-dire de prêter à des pays déjà endettés et d’exercer ensuite une influence politique sur eux par le biais de ses constructions d’infrastructures internationales (l’initiative « Une ceinture, une route », ou BRI pour son acronyme en anglais) Dans le cas du Laos, certains experts affirment qu’un tel discours est en contradiction avec les liens bilatéraux étroits et les investissements considérables entre les deux pays socialistes. Nishizawa Toshiro, par exemple, ancien conseiller du gouvernement laotien, a affirmé que la Chine ne laisserait jamais le Laos manquer à ses obligations en matière de dette extérieure. La Chine, quant à elle, a qualifié les accusations d’engrenage de la dette « d’irresponsables » et de « déraisonnables ».



Mais les observateurs, dont Mariza Cooray, économiste principale à l’Institut Lowy d’Australie, restent préoccupés par le manque d’informations fiables sur les conditions de certains des prêts chinois. Mme Cooray a
expliqué au journal Nikkei que « la crise de la dette du Laos est beaucoup plus importante que le monde ne le pense, en partie à cause du degré d’opacité exceptionnel et de la piètre qualité des statistiques ».

De l’enclavement à la liaison terrestre

Parmi les grands projets d’infrastructure du Laos, pays enclavé, qui compte 7,4 millions d’habitants, figure le la ligne ferroviaire Boten-Vientiane, d’une valeur de 8 milliards $ CA, dont le contrôle majoritaire a été transféré au gouvernement chinois. Depuis son lancement en 2021, la ligne a transporté 20 millions de passagers et plus de 20 millions de tonnes de marchandises.



Les barrages hydroélectriques construits dans tout le pays grâce à des prêts chinois ont également fait l’objet d’un
examen minutieux en raison de leur impact sur l’environnement. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, une partie des fonds utilisés pour la construction de ces barrages était destinée à des mesures de protection de l’environnement. Toutefois, selon une estimation de la Banque mondiale, la construction des projets de la BRI au Laos pourrait augmenter les émissions de CO2 dans le pays de 7,7 % entre 2014 et 2030.



Malgré ces inconvénients éventuels, le Laos a signé le 17 septembre un autre projet de développement avec China General Nuclear, une entreprise publique du secteur de l’énergie, pour construire une base d’énergie renouvelable dans le nord du pays, dans le cadre des efforts déployés par le Laos pour devenir la « batterie » de l’Asie du Sud-Est.