Le long et volatile « cauchemar » national de la Corée du Sud est presque terminé. Les électeurs choisiront le nouveau président du pays le 3 juin, exactement six mois après que la déclaration de loi martiale, de courte durée, de l’ancien président Yoon Suk-yeol a déclenché une tumultueuse période de protestations et de manigances politiques, pour finalement aboutir à la destitution de M. Yoon.
Le vide de pouvoir en Corée du Sud a par la suite été comblé par une succession rapide de présidents par intérim, l’un d’entre eux ayant également été destitué. L’élection de la semaine prochaine pourrait être un pas important vers la stabilité du pays, que certains représentants officiels, comme le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth, ont évité lors de récentes tournées dans la région.
L’ancien maire et avocat spécialisé en droits de la personne Lee Jae-myung, candidat du Parti démocrate progressiste de la Corée, est en tête : selon un récent sondage réalisé par Gallup Corée, 45 % des électeurs le soutiennent.
Le principal rival de M. Lee est le candidat du Parti du pouvoir au peuple (PPP), Kim Moon-soo, ancien gouverneur et militant syndical, qui obtiendrait 36 % des voix selon les sondages. Lee Jun-seok, du Parti Réformiste, un mouvement de droite nouvellement formé, recueille quant à lui 10 % des intentions de vote, ce qui pourrait diviser le vote conservateur et compliquer l’accès au pouvoir pour M. Kim.
Contrôle des eaux
Beijing semble vouloir tirer parti de l’instabilité politique en Corée du Sud. La semaine dernière, l’administration de la sécurité maritime de la Chine a désigné, de manière unilatérale, trois zones « interdites à la navigation » dans la mer Jaune, située entre la Chine et la Corée du Sud, pour des raisons non divulguées. Les médias sud-coréens ont indiqué que ces mesures avaient été prises à des fins d’entraînement militaire.
Selon Newsweek, les trois zones en question se situent à l’intérieur de la zone de mesures provisoires entre la Corée et la Chine, où les zones économiques exclusives des deux pays se chevauchent et dont les frontières demeurent floues. Séoul, généralement consultée avant toute annonce de Beijing, a fait connaître son « inquiétude par les voies diplomatiques », qualifiant ces zones interdites à la navigation de « problématiques ».
Beijing a déployé des tactiques de zone grise similaires (c’est-à-dire des actions visant à intimider d’autres états, mais sans réellement aller jusqu’au conflit) dans la mer de Chine méridionale et le détroit de Taïwan, ciblant des navires philippins, taïwanais et vietnamiens. Ces mesures font partie d’une tendance plus large de Beijing qui consiste à revendiquer une partie des territoires qui se trouvent dans des eaux régionales contestées.
Bien que la mer Jaune soit relativement stable, Beijing et Séoul ont été en désaccord à ce sujet dans le passé. En février, un navire de recherche sud-coréen documentant la plus récente infrastructure de pêche de la Chine dans les zones économiques exclusives, infrastructure construite avec l’approbation de la Corée du Sud, a été intercepté par des navires chinois, résultant en un bras de fer entre les garde-côtes des deux pays.
Le nouveau président de la Corée du Sud héritera également des liens tendus avec la Corée du Nord. M. Lee, pour sa part, s’est engagé à échanger avec le Nord, mais a reconnu qu’il serait très difficile de tenir une réunion fructueuse avec le leader coréen Kim Jong-un. Le dernier sommet entre les deux Corées a eu lieu en 2018 à Pyongyang.
Les droits de douane préoccupent les exportateurs
Les électeurs s’attendent également à ce que le nouveau président négocie avec le président américain Donald Trump. Les droits de douane de 25 % que M. Trump a imposés à la Corée du Sud, annoncés le « jour de la libération », puis suspendus jusqu’au 9 juillet, ainsi que ses droits de douane sur les automobiles étrangères, sont très préoccupants : une enquête récente a révélé que si les droits de douane de Donald Trump persistent, les exportateurs sud-coréens s’attendent à voir leurs bénéfices d’exploitation chuter de 6,3 %.
Des difficultés en matière de défense pourraient également se présenter. Un rapport récent du Wall Street Journal a révélé que Washington envisageait de transférer 4 500 soldats américains de la Corée du Sud dans d’autres régions de l’Asie-Pacifique, y compris à Guam. Il y a à peu près 28 500 troupes américaines actuellement stationnées en Corée du Sud.
La Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique, lancée en 2022, désigne la Corée du Sud comme une « partenaire démocratique solide ». Le premier accord commercial bilatéral du Canada en Asie a été conclu avec la Corée du Sud. Cet accord a été signé en 2015.