Le nouveau président de Taïwan se montre déterminé dans son discours d’investiture

Le 20 mai, Taïwan a investi dans ses fonctions son nouveau président, Lai Ching-te, qui a déclaré dans son discours d’investiture que, face aux « nombreuses menaces » de la Chine, « nous devons faire preuve de détermination pour défendre notre nation ».

Le discours de M. Lai, qui est issu du même parti démocrate progressiste que son prédécesseur, Tsai Ing-wen, a, comme on pouvait s’y attendre, irrité Beijing, dont le bureau des affaires taïwanaises a accusé le président Lai de s’« [entêter] obstinément sur… l’indépendance de Taïwan ».

Contrairement au président Tsai, M. Lai n’a pas mentionné le « consensus de 1992 », un accord nébuleux sur la gestion des relations transdétroits. Cette omission risque de susciter des inquiétudes à Beijing, qui pourrait la considérer comme une rupture subtile de la continuité entre les deux rives du détroit. M. Lai s’est engagé à maintenir le « statu quo » dans les relations entre la Chine et Taïwan. Mais comme l’a déclaré un expert au South China Morning Post, pour Beijing, le statu quo représente « une dérive inacceptable vers l’indépendance de Taïwan ».

Beijing a soutenu sa rhétorique tranchante par deux jours d’exercices militaires qui ont débuté jeudi. Ces exercices encerclent Taïwan et impliquent l’armée, la marine et l’aviation chinoises.
 

Dialogue et dîner officiel marquent la visite des députés à Taïwan

Une délégation canadienne de 11 membres était présente à Taipei pour cette inauguration. La députée libérale Judy Sgro, qui dirige le Groupe d’amitié Canada-Taïwan, était à la tête de la délégation. M. Lai a accueilli chaleureusement le groupe et a écrit sur la plateforme X qu’il se réjouissait d’« élargir les échanges bilatéraux ».

Le président a « exprimé l’espoir » que le Canada, qui préside la Commission de l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP) en 2024, soutiendrait la candidature de Taïwan à l’adhésion à cet accord commercial entre 11 pays. Les membres du PTPGP ont reçu des demandes d’adhésion de Taïwan et de la Chine il y a près de trois ans.

Le ministre taïwanais des Affaires étrangères a accueilli la délégation canadienne lors d’un banquet en début de semaine. Les invités ont dégusté du mérou, un clin d’œil ironique à Beijing, qui a brusquement interdit les importations de mérou en provenance de Taiwan en 2022 dans une apparente manœuvre de coercition économique – une tactique déjà utilisée à l’encontre du Canada.
 

Ottawa et Taipei se rapprochent

En 2022, Chris Lewis, député conservateur, a demandé à Taipei – siège de TSMC, l’une des plus grandes entreprises de semi-conducteurs au monde – de « nous fournir davantage de micropuces », car les semi-conducteurs nécessaires manquaient dans des « voitures assemblées remplissant des parcs stationnements ». Depuis lors, le Canada et Taïwan ont renforcé leur coopération dans des domaines aussi variés que les chaînes d’approvisionnement, les semi-conducteurs, les investissements étrangers et les soins de santé.

La Colombie-Britannique a identifié Taïwan comme un partenaire commercial clé. En avril, elle a ouvert un bureau de commerce et d’investissement à Taipei. La semaine dernière, la Première Nation de Malahat de l’île de Vancouver a signé un accord avec une entreprise taïwanaise du secteur de l’énergie dans le cadre d’un projet de construction d’une usine de batteries d’une valeur de 100 M$ CA à Mill Bay, en Colombie-Britannique.

Taipei diversifie ses échanges commerciaux et ses investissements en délaissant la Chine au profit de pays comme le Canada et les États-Unis. Selon Nikkei, la Chine a représenté 30,7 % des exportations taïwanaises au cours des quatre premiers mois de 2024, soit le niveau le plus bas depuis près de deux décennies. En 2023, les investissements taïwanais en Chine ont atteint leur plus faible valeur depuis plus de 20 ans.