Anthony Albanese et son Parti travailliste de centre gauche ont remporté une victoire majoritaire aux élections fédérales australiennes samedi, recevant un mandat fort de la part des électeurs lors d’une élection marquée par les préoccupations liées au coût de la vie, au logement, à la santé et aux services de garde, à l’environnement et à l’ombre du président américain Donald Trump qui plane sur le pays.
Les travaillistes ont obtenu 90 sièges à la chambre basse de l’Australie, dépassant largement les 76 nécessaires pour obtenir la majorité. Lors des élections précédentes, en 2022, le parti avait remporté 77 sièges.
La coalition rivale – une alliance conservatrice de longue date entre les partis libéral et national – n’a obtenu que 40 sièges, soit 18 sièges de moins qu’en 2022. Le Parti travailliste a également gagné trois sièges lors des élections sénatoriales concomitantes, ce qui porte son total à 28 sur 76.
On peut s’attendre à ce que M. Albanese continue à renforcer les relations avec les partenaires traditionnels du pays, comme le Canada, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et le Royaume-Uni, ainsi qu’avec l’ANASE, tout en maintenant le dialogue avec la Chine.
En 2024, l’Australie a exporté pour environ 175 G$ de biens et de services vers la Chine, ce qui représente plus de 30 % du total des exportations australiennes. Au lendemain des élections, le trésorier Jim Chalmers, chef des finances du Parti travailliste, a déclaré que le gouvernement donnerait la priorité à la gestion des retombées de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine.
Le « coup de pouce » de Donald Trump
À des degrés divers, M. Trump a contribué à façonner le résultat des élections canadiennes et australiennes. Un porte-parole du Parti libéral australien a déclaré aux médias que M. Trump avait contribué à la défaite de la coalition : « Au Canada, ce fut dévastateur pour les conservateurs… Je pense que ça a joué un rôle ici aussi. »
Ces deux élections présentent d’autres similitudes : le chef de la coalition, Peter Dutton, a perdu le siège qu’il occupait depuis deux décennies, une situation qui ressemble à celle de Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur canadien, qui a connu une défaite brutale dans la circonscription de Carleton qu’il détenait depuis longtemps. Les libéraux canadiens et le Parti travailliste australien ont tous deux opéré une remontée politique : les libéraux, avant la démission en janvier de leur chef Justin Trudeau, ne recueillaient que 20 % des suffrages (chiffre qui a plus que doublé lors de l’élection du 28 avril). Un sondage réalisé en février plaçait quant à lui la popularité de M. Albanese à moins 21 %, le plus bas niveau à ce jour.
Bien sûr, il ne s’agissait pas d’un « miroir » parfait : le leader libéral qui n’avait jamais été élu auparavant, Mark Carney, a remporté une minorité de sièges, lui qui a fait de la menace de M. Trump un élément clé de son programme et de son discours. M. Albanese, qui a remporté une victoire écrasante, n’a pas mentionné M. Trump dans son plan de campagne et s’est engagé à ne pas prendre de mesures de rétorsion à l’encontre des droits de douane américains.
MM. Carney et Albanese se sont entretenus dimanche. Selon un bref communiqué canadien, M. Carney a souligné l’importance de « maintenir une région indo-pacifique libre et ouverte ». M. Albanese a également confirmé cette semaine qu’il avait accepté l’invitation de M. Carney à participer au sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra en juin à Kananaskis, en Alberta.
Les Singapouriens optent pour la stabilité
Les Singapouriens se sont rendus aux urnes le même jour que les Australiens, reconduisant le Parti d’action populaire (PAP) au pouvoir pour la 14e fois consécutive. Pour sa première élection en tant que chef de parti, Lawrence Wong a permis au PAP d’obtenir 87 des 97 sièges parlementaires disponibles. La part de voix du PAP est passée de 61,2 % à 65,6 % par rapport aux dernières élections.
Le Parti des travailleurs, formant l’opposition, a conservé ses 10 sièges. Les résultats ont été largement perçus comme un vote en faveur de la stabilité, alors que Singapour est confrontée à des droits de douane et à une détérioration de ses perspectives économiques.