La visite de la ministre canadienne des Affaires étrangères, Anita Anand, en Inde du 12 au 14 octobre a permis de faire passer la relation bilatérale d’une prudente « réinitialisation » à un renouvellement complet, marquant ainsi la fin de deux années de tensions diplomatiques.
Ce lundi, la ministre Anand et son homologue indien, S. Jaishankar, ont dévoilé une « feuille de route » ambitieuse pour la reprise de l’engagement, qui aborde les questions du commerce, des minéraux critiques, de l’intelligence artificielle, de l’énergie, de l’éducation et des affaires.
Cette déclaration de plus de 1 200 mots affirme « le respect mutuel des valeurs démocratiques communes, l’État de droit et l’engagement à défendre les principes de souveraineté et d’intégrité territoriale ». La feuille de route reconnaît également l’importance de « la relance » du partenariat « dans le contexte actuel d’incertitude économique mondiale et de tensions géopolitiques croissantes », ce qui était sans doute une allusion à la politique commerciale volatile des États-Unis.
Les États-Unis étaient le principal partenaire commercial du Canada et l’Inde en 2024-2025.
La ministre Anand a également rencontré le premier ministre indien Narendra Modi et le ministre du Commerce de l’Inde.
De grandes attentes?
La visite de la ministre Anand et la publication de cette feuille de route auraient été impensables il y a à peine six mois. Cependant, un nouveau gouvernement à Ottawa et une volonté commune de diversifier les relations commerciales ont créé les conditions propices à ce renouvellement. Certains obstacles pourraient toutefois ralentir le rapprochement des deux pays, notamment le procès en cours de quatre ressortissants indiens présumés impliqués dans l’assassinat en 2023 du Canadien Hardeep Singh Nijjar.
Par ailleurs, au Canada, la fragilisation du consensus sur l’immigration pourrait avoir des répercussions sur les nombreux étudiants et travailleurs temporaires indiens qui viennent chaque année au pays.
Malgré tout, les perspectives demeurent encourageantes. Un nouveau sondage de la FAP Canada, réalisé en collaboration avec l’Institut Angus Reid, révèle que 51 % des Canadiens appuient la réinitialisation des relations diplomatiques avec New Delhi, contre 22 % qui s’y opposent.
Cependant, 54 % des répondants ont exprimé une opinion défavorable à l’égard de l’Inde – le troisième taux le plus élevé, après la Chine (59 %) et les États-Unis (63 %). D’autre part, 68 % des répondants ont déclaré avoir une connaissance limitée de l’Inde, ce qui laisse entendre qu’il pourrait y avoir une ouverture à mieux connaître ce pays.
Récit de deux visites
Après sa visite en Inde, la ministre Anand s’est rendue à Singapour, puis en Chine, où elle termine aujourd’hui son court voyage. En Chine, elle a rencontré son homologue, Wang Yi.
Dans un entretien avec le Globe and Mail, Mme Anand a déclaré que son objectif était de « stabiliser la relation en adoptant une approche qui privilégie les intérêts des travailleurs, des entreprises et des industries du Canada avant tout ».
L’ambassadeur de la Chine au Canada a affirmé récemment que Beijing laisserait tomber ses droits de douane sur les « produits pertinents du Canada » (c.-à-d. le canola, le porc et les fruits de mer) si Ottawa éliminait ses droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques.
Les premiers ministres canadiens ne s’entendent pas sur ce que la prochaine action d’Ottawa devrait être. Wab Kinew au Manitoba et Scott Moe en Saskatchewan ont encouragé le premier ministre Mark Carney a abandonner les droits de douane sur les véhicules électriques, tandis que Doug Ford en Ontario a soutenu que ces mesures sont « essentielles pour protéger » les emplois dans sa province.
Si M. Carney rencontre le président chinois Xi Jinping au prochain sommet des dirigeants de l’APEC, les droits de douane et le commerce domineront sans doute les discussions.