Les déclarations simplifiées du G7 indiquent les priorités du Canada et l’influence des États-Unis

La semaine dernière, Mélanie Joly, ministre canadienne des Affaires étrangères, a accueilli ses homologues du G7 pour une réunion de trois jours à Charlevoix, au Québec, au cours de laquelle les principaux diplomates sont parvenus à s’entendre sur une déclaration commune aussi remarquable par ses inclusions que par ses omissions.

Cette déclaration de 1 600 mots constitue un modeste exploit diplomatique pour le Canada, qui assurait la présidence du G7 en 2025, et pour Mme Joly, qui souhaitait mettre de l’avant l’unité du G7 face aux railleries et aux tarifs douaniers du président des États-Unis, Donald Trump.

La missive condamne l’assistance militaire de la Corée du Nord à la Russie, souligne que Beijing joue « un rôle décisif dans la guerre menée par la Russie » et soutient la « participation concrète » de Taïwan à certaines organisations internationales. Le discours des ministres des Affaires étrangères sur la Chine et l’Indo-Pacifique a été plus énergique que celui sur l’Ukraine et le Moyen-Orient.

La déclaration est nettement plus courte que celle de l’année dernière, qui comptait 13 855 mots et s’éloigne parfois du vocabulaire passe-partout du G7 (ou l’omet complètement). Contrairement aux déclarations précédentes, il n’a pas été question cette année de la « centralité de l’ANASE », des violations des droits de la personne signalées par la Chine dans le Xinjiang, ni de Hong Kong.

Et contrairement à la déclaration de 2024, les ministres des Affaires étrangères n’ont pas fait référence aux « frontières internationalement reconnues » de l’Ukraine, mais ont soutenu l’Ukraine « dans la défense de son intégrité territoriale [...] ainsi que de sa liberté, de sa souveraineté et de son indépendance ».

Le nouveau premier ministre canadien, Mark Carney, s’est entretenu dimanche avec le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy et l’a invité à participer à la réunion des dirigeants du G7 en juin.

En marge de la réunion du G7, le Canada et le Japon ont annoncé l’entente de principe de l’accord bilatéral sur la sécurité générale de l’information entre le Japon et le Canada, une étape importante qui facilitera l’échange de renseignements entre les armées des deux pays.
 

La sécurité maritime, un thème principal

Les ministres du G7 ont également publié une déclaration distincte, plus substantielle, sur les enjeux maritimes, indiquant l’une des priorités du Canada au sein du G7. La « Déclaration des ministres des Affaires étrangères du G7 sur la sécurité et la prospérité maritimes » s’est principalement concentrée sur l’Indo-Pacifique, abordant la liberté de navigation, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, les câbles de communication sous-marins et d’autres enjeux, tout en qualifiant certains éléments du comportement maritime de la Chine « d’illicites, de provocateurs, coercitifs et dangereux ». Beijing s’est opposé à ces deux déclarations.

Le Canada, qui possède le plus long littoral du monde, a tout intérêt à donner la priorité à la « sécurité et à la prospérité maritimes » dans les océans Atlantique, Pacifique et Arctique. 
 

Joly va de l’avant

M. Carney et son nouveau cabinet ont prêté serment à Ottawa alors que Mme Joly terminait son travail dans Charlevoix.

Mme Joly, qui a été nommée ministre des Affaires étrangères en 2021 par Justin Trudeau, est l’une des cinq seuls ministres à avoir conservé son poste (bien que beaucoup de postes aient été remaniés), avec le ministre de la Défense Bill Blair et le ministre de la Sécurité publique David McGuinty. Dominic LeBlanc a remplacé Mary Ng en tant que ministre du Commerce.

Cette semaine, M. Carney s’est rendu en France et au Royaume-Uni, deux alliés du G7, dans le cadre de son premier (et peut-être unique) voyage à l’étranger sur fond de rumeurs d’élections. M. Carney s’est également rendu à Iqaluit, au Nunavut, et a annoncé un projet de 6 milliards $ CA avec l’Australie pour la construction d’un système de radar d’alerte précoce dans l’Arctique.