Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, le premier ministre chinois, Li Qiang, et le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, se sont rencontrés lundi à Séoul pour des discussions très attendues sur les échanges commerciaux, le commerce de personne à personne, les sciences et les technologies, entre autres sujets. Le dernier sommet des dirigeants de ces trois pays avait eu lieu en 2019.
La déclaration commune en 38 points de cette année était empreinte d’espoir, mais dénuée d’engagement ferme, célébrant l’« histoire commune indéfectible, l’avenir sans limites, [et] le potentiel important de coopération », mais se gardant bien d’établir de nouveaux partenariats substantiels.
Les pays ont toutefois convenu d’organiser des réunions trilatérales plus régulièrement et, une fois de plus, d’« accélérer » les négociations en vue d’un accord de libre-échange conjoint – une initiative esquissée pour la première fois en 2012, mais qui est restée en suspens depuis 2019.
Ces trois nations sont signataires du Partenariat régional économique global (PREG), un accord commercial conclu entre 15 membres de la région de l’Asie-Pacifique et entré en vigueur en 2022. La Chine, le Japon et la Corée du Sud représentent collectivement 80 % du PIB cumulé de toutes les économies du PREG.
Les discussions de cette semaine ne bouleverseront pas le « portrait global » de la géopolitique de la région, mais la reprise du dialogue est de bon augure pour la stabilité en Asie de l’Est.
Séoul et Tokyo continuent d’approfondir leurs relations
La réussite la plus remarquable de ce sommet est peut-être le fait même qu’il ait eu lieu. Au cours des cinq dernières années, les relations tendues entre la Corée du Sud et le Japon, associées au contexte de la COVID-19 et à une Chine de plus en plus affirmée, ont rendu les échanges sporadiques et parfois houleux.
Au lendemain du sommet de 2019, The Diplomat avait relevé que les tensions entre Tokyo et Séoul étaient « à leur plus haut niveau depuis des décennies », en raison d’un arrêt de la Cour suprême de Corée du Sud ordonnant aux entreprises japonaises de payer les Sud-Coréens pour le travail forcé effectué pendant l’ère coloniale du Japon. En guise de représailles, le Japon avait restreint ses exportations de matériel de haute technologie vers la Corée du Sud.
M. Kishida et M. Yoon ont fait des progrès considérables pour apaiser les relations au cours des deux dernières années, s’engageant à résoudre en 2023 les griefs historiques profondément ancrés. Le président américain Joe Biden a salué cette évolution et a accueilli les deux dirigeants pour un sommet trilatéral en août 2023.
Une danse diplomatique délicate
Le Japon et la Corée du Sud, tous deux alliés des États-Unis, sont engagés dans une danse diplomatique délicate : les deux pays comptent sur la Chine comme principal partenaire commercial, mais entretiennent également des relations solides avec les États-Unis en matière de défense et d’économie.
Ottawa est confronté à un enjeu similaire, quoique moins radical : comment gérer les relations avec la Chine, deuxième partenaire commercial du Canada, alors que les deux pays s’affrontent sur des questions allant de l’ingérence étrangère aux droits de la personne, en passant par le commerce ?
La « diplomatie pragmatique » de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly – qui consiste à « garder les alliés proches, tout en étant sensibles aux autres perspectives » – a permis de reprendre le dialogue et les déplacements entre Ottawa et Beijing, Mme Joly ayant envoyé son sous-ministre en Chine en avril pour « un dégel des relations ».