Les États-Unis créent une « nouvelle anormalité » avec des messages décousus sur les droits de douane 

Cette semaine, des lettres envoyées par Washington à neuf partenaires commerciaux asiatiques ont apporté des nouvelles mitigées. La Maison-Blanche a accordé une « prolongation » de trois semaines afin d’éviter, pour l’instant, l’imposition de droits de douane élevés et de parvenir à des modalités commerciales acceptables pour le président des États-Unis Donald Trump. Cependant, ces lettres menaçaient également ces mêmes partenaires commerciaux, indiquant que s’ils ne se pliaient pas aux exigences de Trump, Washington leur imposerait des droits de douane très élevés à compter du 1er août.

Les premières hausses des droits de douane, annoncées par Trump lors du « Jour de la libération » le 2 avril dernier, visaient à inciter les pays à baisser leurs droits de douane sur les produits américains (et à en acheter davantage) afin de réduire les déficits commerciaux bilatéraux des États-Unis.

Jusqu’à maintenant, seuls quelques accords ont été conclus. Parmi les exceptions partielles, citons un accord récemment annoncé avec le Vietnam et la poursuite des discussions sur un accord conclu avec la Chine en juin dernier. L’accord conclu avec Hanoï stipule toutefois que les produits américains entreront au Vietnam en franchise de droits, tandis que les produits vietnamiens seront soumis à un droit de douane de 20 %, contre 46 % annoncé le 2 avril.

Une autre source de préoccupation pour Hanoï, ainsi que pour d’autres économies d’Asie du Sud-Est, est le droit de douane de 40 % qui sera imposé sur les marchandises « transbordées » (c’est-à-dire les produits chinois acheminés par le Vietnam ou contenant un certain pourcentage d’intrants provenant de la Chine).

Bon nombre des exportations des économies de cette région dépendent fortement du marché américain, mais elles dépendent également de la Chine pour ce qui est des matières premières utilisées dans la fabrication de ces produits.
 

Accord ou non avec la Chine? 

Beijing s’est opposée à l’accord conclu entre les États-Unis et le Vietnam ainsi qu’à la répression de Washington contre le transbordement, et elle a promis de prendre des « contre-mesures ». 

La Chine négocie son propre accord avec les États-Unis depuis plusieurs mois. En juin, les deux parties ont convenu d’assouplir les contrôles à l’exportation de produits essentiels tels que les aimants à base de terres rares, mais aucune des deux parties n’a rendu publiques les modalités de cet accord.

New Delhi, par exemple, n’a pas reçu de lettre de Trump cette semaine, mais a obtenu une prolongation de la suspension des droits de douane jusqu’au 1er août. Selon Trump, les deux pays sont sur le point de parvenir à un accord, mais les discussions sont décrites comme étant « de plus en plus empêtrées dans des négociations difficiles ». New Delhi a indiqué que si aucun accord n’était conclu, elle était prête à aborder la question auprès de l’Organisation mondiale du commerce. Elle a également évoqué la possibilité d’imposer des droits de douane sur les automobiles américaines. 
 

Avec de tels amis, qui a besoin d’ennemis? 

Washington s’est montré moins patient envers le Japon, la Malaisie et la Corée du Sud : le 7 juillet, la Maison-Blanche a annoncé l’imposition de droits de douane de 25 % à chaque pays, ce qui correspond à peu près aux taux dévoilés lors du « Jour de la libération ».

Trump a également critiqué les membres des BRICS+, le Bloc non occidental qui propose des solutions de rechange à l’ordre mondial dominé par les États-Unis. Lundi dernier, à l’issue d’un sommet au Brésil, les dirigeants des pays BRICS+ ont publié une déclaration dans laquelle ils expriment leur « profonde préoccupation face à la montée des mesures tarifaires et non tarifaires unilatérales ».

Trump a réagi en promettant d’imposer des droits de douane supplémentaires de 10 % à tous ceux qui agiraient en adéquation avec ce qu’il a qualifié de politiques « anti-américaines » des BRICS+. Il reste à déterminer si l’Inde, membre fondateur des BRICS+ et pays avec lequel Trump souhaite conclure un accord, sera épargnée par ces droits de douane supplémentaires.