Les États-Unis et la Chine commencent à discuter; la trêve tarifaire apaise les tensions

Les deux plus grandes économies du monde ont conclu une trêve tarifaire temporaire, au grand soulagement des investisseurs et des partenaires commerciaux dans l’Indo-Pacifique.

Les États-Unis et la Chine ont conclu la première série de négociations commerciales à Genève en fin de semaine et se sont mis d’accord sur une suspension des tarifs douaniers pendant 90 jours, le temps que les négociations se poursuivent. Les États-Unis réduiront leur taux de référence sur les produits chinois de 145 % à 30 %, tandis que la Chine réduira son taux sur les produits américains de 125 % à 10 %.

La trêve a apaisé les marchés fébriles et représente une accalmie importante dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Elle montre aussi le recul du président américain Donald Trump, qui a menacé d’autres pays à coup de tarifs douaniers pour obtenir des accords sur des sujets touchant la sécurité frontalière, les investissements étrangers et la réduction du déficit commercial américain.

La résolution est de bon augure pour le Canada, car elle atténue les répercussions sur l’économie mondiale. Cependant, les risques persistent : les États-Unis pourraient maintenant souhaiter que le Canada suive l’exemple de la Chine (et du Royaume-Uni) en se hâtant de conclure des accords commerciaux « initiaux » ou « préliminaires ».

Dans une déclaration commune publiée lundi, Washington et Beijing ont reconnu « l’importance de la relation économique et commerciale bilatérale pour les deux pays ainsi que pour l’économie mondiale », et se sont engagées à avancer « dans un esprit d’ouverture mutuelle, de communication continue, de coopération et de respect mutuel ».

Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor et responsable des négociations à Washington, a déclaré que les discussions étaient « toujours respectueuses ». M. Trump a qualifié les discussions de « complète réinitialisation ». Côté Beijing, on fait preuve de prudence. Selon les médias d’État, le vice-premier ministre chinois He Lifeng voit ces discussions comme « une étape importante vers la résolution des différends ». Les nouveaux tarifs douaniers sont entrés en vigueur hier. 
 

Une annonce qui ne dit pas tout

Malgré l’annonce d’un taux de référence à 30 %, le taux de tarifs douaniers américains appliqués à la Chine est en réalité plus proche de 40 % en raison des taxes américaines existantes sur l’acier, l’aluminium et d’autres produits chinois.

Cette semaine, Washington a aussi discrètement réduit ses tarifs douaniers de minimis de 120 % à 54 %, offrant un répit aux entreprises chinoises comme Shein et Temu qui expédient des articles à bas prix aux États-Unis. Avant que M. Trump n’augmente les tarifs douaniers en février, il existait une exemption de minimis permettant aux entreprises d’exporter gratuitement des produits d’une valeur maximale de 800 $ US.

En avril, les exportations de la Chine vers les États-Unis ont diminué de 21 % par rapport à 2016, tandis que ses exportations vers l’Inde et les pays de l’ANASE ont augmenté de 20 %.
 

La Chine se tourne vers d’autres pays

Alors que les liens entre les États-Unis et la Chine se stabilisent, Beijing cherche à réparer sa relation avec le Canada.

Wang Di, ambassadeur de la Chine au Canada, a effectué une entrevue avec CTV, diffusée dimanche. M. Wang a déclaré qu’il était « très confiant » au regard de la relation entre le Canada et la Chine. « La Chine est maintenant prête à aller de l’avant et à regarder vers l’avenir », a déclaré M. Wang, qui avait qualifié les mesures commerciales américaines d’« actes d’intimidation unilatéraux et protectionnistes » avant la trêve tarifaire.

La plus récente série de données commerciales du Canada montre que les exportations canadiennes vers les États-Unis ont diminué de 6,6 % entre février et mars 2025. Au cours de la même période, les exportations canadiennes vers certaines régions d’Asie ont connu une forte croissance, notamment vers Hong Kong (259 %), l’Indonésie (163 %), l’Australie (70 %), Taïwan (51 %) et la Corée du Sud (27 %).

La nouvelle ministre des Affaires étrangères canadienne, Anita Anand, nommée mardi dans le nouveau cabinet du premier ministre Mark Carney, sera chargée de renforcer les liens et le commerce avec les partenaires de l’Indo-Pacifique, de réparer la relation entre le Canada et l’Inde et de tirer parti de la dynamique de la Stratégie du Canada pour l’Indo-Pacifique de 2022.