Les premiers jours de M. Trump au pouvoir donnent des indications sur sa politique à l’égard de l’Asie

Après quatre années tumultueuses en dehors de la politique, le président américain Donald Trump est revenu sur la scène lundi, récupérant la présidence et s’engageant à « faire passer les États-Unis en premier » en réformant le commerce, en établissant « l’armée la plus forte jamais vue dans le monde » et en imposant des droits de douane et des taxes sur d’autres pays pour inaugurer « l’âge d’or des États-Unis ».

Dans son discours d’investiture prononcé dans la rotonde du capitole, M. Trump a laissé entrevoir ses aspirations en matière de politique étrangère, réaffirmant ses intentions d’établir l’External Revenue Service pour collecter des droits de douane, des taxes et des recettes, et critiquant la présence de la Chine dans le canal de Panama. Il a également suggéré que les États-Unis allaient « étendre leur territoire ».

Lundi soir, il a publié un mémorandum intitulé « America First Trade Policy » à l’intention de son nouveau secrétaire d’État, Marco Rubio, et d’autres membres de son cabinet.

La missive charge son administration « [d’enquêter] sur les causes des déficits commerciaux annuels importants et persistants du pays », de lancer le processus de consultation publique pour le renouvellement de l’accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) et d’évaluer l’imposition de droits de douane sur les marchandises chinoises.

M. Trump a également évoqué la possibilité d’imposer des droits de douane de 25 % à tous les produits canadiens et mexicains à partir du 1er février, ce qui constituerait une violation des conditions de l’ACEUM. Il a également déclaré mardi qu’il envisageait d’imposer des droits de douane de 10 % sur tous les produits chinois.
 

Des représentants asiatiques à l’inauguration

Les ministres des Affaires étrangères des pays du Quad (l’Australie, le Japon et l’Inde) ont assisté à l’inauguration, le ministre indien S. Jaishankar occupant une place de choix lors de la cérémonie.

Le ministre des Affaires étrangères du Japon devait transmettre les « lignes rouges » de Tokyo à M. Rubio mardi, notamment l’assurance de Washington qu’il protégerait le Japon avec une gamme complète de capacités militaires, y compris le nucléaire. Le même jour, le premier ministre japonais Ishiba Shigeru a déclaré à la presse que la date d’un sommet entre les dirigeants des États-Unis et du Japon sera « fixée d’ici peu ».

Un groupe bipartisan d’une douzaine de législateurs sud-coréens était également présent à Washington, D.C., avec des représentants du Parti du pouvoir au peuple désireux de discuter des « progrès nucléaires de la Corée du Nord et de ses liens militaires étroits avec la Russie ».

Séoul cherchera également à obtenir une garantie de sécurité de la part de Donald Trump, comme l’engagement pris par l’administration Biden en 2023, qui promettait une « dissuasion élargie à la Corée du Sud ».
 

De la concurrence au conflit?

Le vice-président chinois Han Zheng était également présent lors de l’assermentation de M. Trump, rencontrant au préalable le vice-président des États-Unis, J.D. Vance, et Elon Musk, qui dirige le nouveau Département de l’efficacité gouvernementale.

Le PDG de TikTok était également présent lors de la cérémonie. Le décret controversé pris lundi par Donald Trump pour retarder unilatéralement l’interdiction de TikTok aux États-Unis, un processus complexe instigué par M. Trump lui-même en 2020, pourrait être de bon augure pour les relations entre les États-Unis et la Chine à court terme, mais cette mesure contourne des irritants bilatéraux plus importants et imminents.

Par exemple, lundi, Donald Trump a demandé à son administration « d’évaluer [...] les flux de fentanyl » en provenance de la Chine et de recommander « des mesures appropriées en matière de commerce et de sécurité nationale » pour y répondre. Entre-temps, le compte-rendu chinois d’un appel du 17 janvier entre M. Trump et le président chinois Xi Jinping a mis l’accent, avant tout, sur la « question de Taïwan » et sur la nécessité d’éviter « la confrontation et le conflit ».

La semaine dernière, M. Rubio a qualifié la Chine d’« adversaire le plus puissant, dangereux et comparable auquel le pays ait jamais été confronté ». Cette caractérisation s’éloigne du langage plus modéré de son prédécesseur, Antony Blinken, qui mettait l’accent sur la concurrence plutôt que le conflit.