L’huile de palme peut-elle aider l’Indonésie dans sa transition vers l’énergie verte?

Le 27 octobre, le transporteur national de l’Indonésie, Garuda, a transporté plus de 100 passagers de Jakarta à Surakarta, soit un trajet de 500 kilomètres, sur le premier vol commercial indonésien alimenté en partie par de l’huile de palme. La société énergétique nationale PT Pertamina a produit le carburéacteur à base d’huile de palme, aussi connu sous le nom de carburant durable d’aviation (CDA), conçu pour réduire les émissions de carbone.



Le secteur des transports est responsable de près d’un quart des émissions de carbone mondiales. Le secteur de l’aviation, qui représente 2 % des émissions mondiales, se tourne vers des carburants alternatifs plus respectueux de l’environnement.

 

Expansion des politiques relatives au biocarburant de palme

L’Indonésie est le plus grand producteur d’huile de palme, suivie de la Malaisie. En 2021, ces deux pays de l’Asie du Sud-Est représentaient 86 % de la production mondiale d’huile de palme.



Il a été démontré que le mélange d’huile de palme certifiée durable avec des combustibles fossiles permet de réduire les émissions. Afin d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions, l’Indonésie impose un taux de mélange d’huile de palme de 35 % pour les transports terrestres et prévoit de porter ce taux à 40 % d’ici 2030.



L’Indonésie avait initialement prévu d’exiger que le carburéacteur soit mélangé avec 3 % d’huile de palme avant 2020, mais la mise en œuvre a été retardée.

 

Des inquiétudes au sujet de l’écoblanchiment subsistent

La déforestation est un problème majeur pour l’industrie de l’huile de palme. Même les normes de certification les plus strictes, y compris celles d’organisations à but non lucratif comme le Roundtable on Sustainable Palm Oil (RSPO), qui ont permis de réduire la déforestation dans une certaine mesure, ont été critiquées puisqu’elles n’incluent pas les petits exploitants, qui représentent 40 % des plantations de palmiers à huile en Indonésie.



Les normes de certification nationale de l’Indonésie sont moins strictes que celles du RSPO; la certification d’huile de palme durable d’Indonésie, obligatoire dans l’industrie de l’huile de palme du pays, a été critiquée en raison de son « inaction en matière de protection des droits de l’homme et de l’environnement ». L’expansion du programme obligatoire de biocarburants du pays impliquera inévitablement la création de nouvelles plantations de palmiers à huile pour répondre à la demande du secteur des transports. Cette hausse de la demande pourrait s’accompagner d’une intensification de la déforestation.



On craint également que le détournement de l’huile de palme vers les biocarburants puisse réduire l’offre d’huile comestible, un problème aggravé par la diminution potentielle des récoltes alors que le climat se réchauffe.