Lors des « deux sessions », Beijing aborde l’affaiblissement des dépenses et les droits de douane imposés par Trump

Le président Donald Trump a gâché la semaine de Beijing en ajoutant des droits de douane de 10 % à toutes les importations chinoises (pour un total de 20 %) au même moment où la Chine donnait le coup d’envoi à son plus important rassemblement politique. Le Canada a également eu un avant-goût de la médecine du président américain, qui imposait des droits de douane punitifs de 25% sur les produits canadiens, avec une taxe de 10% moins élevée sur l’énergie canadienne.

En réponse à cette mesure, Beijing a annoncé l’imposition de droits de douane réciproques de 15 % sur le poulet, le maïs, le coton et le blé américains, et de 10 % sur le bœuf, les produits laitiers, le porc et d’autres produits agricoles.

Les droits de douane réciproques du Canada, quant à eux, toucheront 30 milliards $ CA de marchandises américaines. Mardi, le premier ministre sortant Justin Trudeau a affirmé, dans un discours fougueux, que « [les Canadiens ne reculeront] pas devant un combat », ajoutant qu’« il n’y a pas de gagnants dans une guerre commerciale ».

De toutes les importations de biens aux États-Unis, 40 % proviennent du Canada, de la Chine et du Mexique. Selon les experts, les droits de douane de Trump constituent un « peloton d’exécution circulaire » et ne feront que mettre des bâtons dans les roues des entreprises américaines et augmenter les coûts pour les consommateurs.

La mesure devrait également inciter les exportateurs canadiens à délaisser les États-Unis au profit de marchés européens et indo-pacifiques. Par exemple, mardi, le PDG du géant canadien de l’extraction minière Teck Resources a affirmé que Teck cherche maintenant à vendre son zinc en Asie plutôt qu’aux États-Unis.

Le secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent, a déjà laissé entendre que le Canada et le Mexique pourraient éviter les droits de douane s’ils imposaient les mêmes droits de douane à la Chine que les États-Unis – une proposition dont Ottawa aurait été prêt à discuter.

Les données sur le commerce publiées la semaine dernière indiquent que les exportations canadiennes en Chine sont passées de 31 milliards $ CA en 2023 à 30,25 milliards $ CA en 2024.

Des délégués se réunissent à Beijing

Les « deux sessions » de la Chine, la double réunion de la « législature d’approbation à l’aveuglette » et de son plus important organisme consultatif politique, se sont amorcées mardi à Beijing, alors que près de 5 000 délégués se sont réunis pour discuter de l’économie chinoise, d’innovation et des impitoyables droits de douane américains.

Lors d’une conférence importante qui s’est déroulée en décembre, Beijing a ciblé la « stimulation de la consommation » comme principale priorité économique. La consommation personnelle ne représente qu’environ 39 % du PIB de la Chine, une donnée considérablement inférieure à celle, par exemple, des États-Unis (68 %), de l’Inde (62 %) et du Canada (54 %).

Le ministre des Finances de la Chine, Lan Fo'an, a laissé entendre à plusieurs reprises que les déficits étaient supérieurs à ce qui était prévu, et les représentants du parti devraient approuver cette semaine un ratio du déficit au PIB d’environ 4 % (1 point de pourcentage de plus qu’en 2024). Beijing devrait également insister sur sa politique monétaire « modérément laxiste ».

La guerre commerciale croissante entre les États-Unis et la Chine pourrait bien décourager toute augmentation spectaculaire des dépenses publiques.

Les pressions exercées sur le secteur privé et les promesses de l’IA

Le premier ministre de la Chine, Li Qiang – bras droit de Xi Jinping, président de la République populaire de Chine – a présenté le rapport sur le travail du gouvernement de 2025 à l’ouverture des deux sessions mercredi. Ce rapport traitait notamment de l’objectif de croissance du PIB de 5 % de Beijing pour l’année à venir, un objectif identique à celui de l’an dernier, ainsi que les priorités économiques et de développement du pays.

Avant la tenue des deux sessions, Xinhua, l’agence de presse nationale chinoise, a minimisé l’importance du montant du PIB, indiquant qu’« alors que l’économie chinoise s’oriente vers un développement de haute qualité, le PIB n’est pas le seul critère de l’économie ».
Croissance du PIB chinois par an
Crédit photo: Chloe Fenemore / FAP Canada 

Le 17 février, Xi a rencontré un groupe de cadres supérieurs travaillant dans le secteur des technologies chinois, y compris Ren Zhengfei de Huawei ainsi que Jack Ma, fondateur d’Alibaba, qui s’est présenté en public pour la première fois depuis 2020. Xi s’est présenté comme un ami du secteur privé – une étiquette discutable étant donné la propension de Beijing à détenir des chefs d’entreprises et la vaste campagne de répression qu’elle a menée contre le secteur de la technologie de Chine – et a juré d’« éliminer » les obstacles pour les entreprises.

L’intelligence artificielle et le succès retentissant de la jeune entreprise chinoise DeepSeek occuperont également une grande place aux deux sessions. Le journal Global Times, contrôlé par l’État, a fait remarquer que 29 des 31 provinces, des régions autonomes et des municipalités de Chine considèrent l’IA comme une « priorité » dans leurs propres rapports sur le travail du gouvernement.