Le secrétaire au Trésor des États-Unis, Scott Bessent, a annoncé lundi que les États-Unis et la Chine avaient conclu un « accord-cadre » préliminaire sur TikTok en vue de suspendre son interdiction prochaine aux États-Unis et de possiblement transférer le contrôle de l’application aux États-Unis.
Le président des États-Unis Donald Trump et le président chinois Xi Jinping s’entretiendront vendredi pour conclure l’entente, qui, selon M. Bessent, constitue un accord entre « deux parties privées ». Donald Trump a déjà repoussé trois fois la date butoir pour la vente ou l’interdiction de l’application.
Les détails exacts de l’accord concernant TikTok et des concessions que les États-Unis ont accordées à la Chine demeurent flous. Or, si elle est approuvée, l’entente constituerait le premier accord d’envergure entre les États-Unis et la Chine depuis que M. Trump a été réélu et pourrait préparer le terrain pour un accord commercial bilatéral plus important, et même une visite de M. Trump en Chine. Les discussions se poursuivront en octobre.
M. Bessent et le représentant commercial des États-Unis Jamieson Greer se sont entretenus avec leurs homologues chinois pendant deux jours à Madrid, en Espagne. Les discussions ont porté sur TikTok, les minéraux critiques, les mesures de contrôle à l’exportation ainsi que les relations entre la Chine et la Russie. La rencontre à Madrid constituait la quatrième ronde de négociations entre des hauts fonctionnaires américains et chinois en quatre mois. Malgré des tensions constantes, Beijing a qualifié les discussions de cette semaine de « respectueuses, approfondies et productives ».
Pendant la campagne présidentielle de 2024, Donald Trump a publié une vidéo dans laquelle il implorait les Américains de « voter pour Trump... pour sauver TikTok en Amérique! » (M. Trump a d’abord essayé d’interdire l’application par l’entremise d’un décret en 2020). Il y a environ 170 millions de comptes actifs sur TikTok aux États-Unis.
Selon un sondage réalisé en mars par le Pew Research Center, 34 % des Américains étaient favorables à l’interdiction de TikTok. Ottawa s’est jusqu’à présent opposée à une interdiction, mais a ordonné à TikTok Canada de fermer ses bureaux au Canada en novembre 2024.
Technologie : œil pour œil, dent pour dent
Dans les jours qui ont précédé les pourparlers à Madrid, les États-Unis et la Chine se sont décoché quelques flèches en ce qui concerne le secteur de la technologie. Les États-Unis ont ajouté 32 entités – y compris 24 entités chinoises – à la « liste noire » des exportations de son département du commerce, y compris deux entreprises accusées d’aider une société de semi-conducteurs chinoise à s’approvisionner en matériaux faisant l’objet de restrictions. Plus tôt ce mois-ci, la NASA a empêché les ressortissants chinois détenant un visa américain valide de travailler dans ses installations, resserrant ainsi les mécanismes de contrôle à l’égard de la collaboration dans le secteur de la haute technologie.
En réponse, Beijing a lancé deux enquêtes ciblant le secteur des semi-conducteurs des États-Unis : une enquête antidiscrimination sur la politique commerciale des États-Unis à l’encontre des puces chinoises et une enquête antidumping sur un cas connexe. Et pendant que les pourparlers se déroulaient à Madrid lundi, l’organisme de réglementation antimonopole de Chine a accusé l’entreprise américaine Nvidia de contrevenir aux lois antitrust.
Scott Moe jette les bases d’une résolution dans le dossier du canola
Le Canada est également confronté à un différend commercial avec la Chine. En août, Beijing a imposé des droits de douane provisoires de 75,8 % sur les exportations canadiennes de semences de canola, puis a prolongé son enquête sur le canola canadien jusqu’en mars 2026.
La semaine dernière, le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, s’est rendu en Chine, au Japon et en Corée du Sud en compagnie de Kody Blois, secrétaire parlementaire du premier ministre canadien Mark Carney. À son retour, M. Moe a dit aux journalistes que la Chine était « très intéressée... à regarder vers l’avenir de façon pragmatique et raisonnable. » Il s’attend à ce que les ministres fédéraux se rendent bientôt en Chine.
Mark Carney pourrait rencontre Xi Jinping en marge du Sommet des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique qui aura lieu en Corée du Sud en octobre ou lors du sommet du G20 qui se déroulera en Afrique du Sud en novembre.