Mark Carney annonce les priorités du G7 et cherche à apaiser les tensions avec l’Inde et la Chine

La semaine prochaine, le premier ministre canadien Mark Carney vivra sa première expérience en tant qu’hôte de sommet lorsque les dirigeants des pays du G7 et de la région Asie-Pacifique se rendront à Kananaskis, en Alberta, pour une réunion historique et potentiellement houleuse de trois jours.

La fin de semaine dernière, M. Carney a présenté ses priorités pour le sommet, qui se tiendra de dimanche à mardi, notamment « protéger les communautés et le monde », établir une sécurité énergétique, accélérer la transition numérique et nouer « les partenariats de demain ». Ces priorités peuvent également être considérées comme des objectifs plus larges en matière de politique étrangère pour le premier ministre, qui a promis une révision complète de la politique étrangère lors de la récente campagne électorale.

Pour Ottawa, l’Inde semble être l’un de ces « partenariats de demain ». La semaine dernière, M. Carney a invité le premier ministre indien Narendra Modi au sommet, une initiative importante qui pourrait annoncer un nouveau départ dans les relations diplomatiques entre le Canada et l’Inde. M. Carney a déclarévendredi dernier qu’« il y a certains pays qui devraient être présents à la table des discussions [du G7] », soulignant le poids économique de l’Inde, son statut de pays le plus peuplé au monde et le soutien des autres dirigeants du G7 vis-à-vis de la participation de l’Inde.

« Sur le plan bilatéral, nous avons convenu de poursuivre le dialogue entre les autorités chargées de l’application de la loi, ce qui signifie que des progrès ont été réalisés sur… les questions de responsabilité », a déclaré M. Carney, faisant allusion aux relations tendues entre les autorités chargées de l’application de la loi des deux pays. Les liens entre le Canada et l’Inde se sont détériorés en septembre 2023 après que le premier ministre de l’époque, Justin Trudeau, a accusé le gouvernement indien d’être impliqué dans le meurtre du Canadien Hardeep Singh Nijjar à Surrey (C.-B.) en juin 2023.

Certaines organisations sikhes au Canada ont dénoncé la décision de M. Carney, la qualifiant « d’insulte directe à la communauté sikhe et de grave menace pour l’intégrité des institutions canadiennes ». Le Conseil canadien des affaires a approuvé l’invitation de M. Carney à l’endroit de M. Modi.

À Kananaskis, Ottawa et New Delhi pourraient chercher à rétablir officiellement leurs relations, notamment en s’engageant à réinstaller leurs hauts-commissaires ou à reprendre les négociations commerciales, qui sont dans l’impasse depuis longtemps.

Au cours des quatre premiers mois de 2024, les échanges commerciaux entre le Canada et l’Inde ont atteint 3,78 G$ CA. Pendant la même période en 2025, les échanges commerciaux ont atteint 3,51 G$ CA, soit une baisse de 7,1 % par rapport à l’année précédente. Le commerce bilatéral des services a également baissé de 9,1 %.

Les dirigeants de l’Australie, de la Corée du Sud, du Brésil, du Mexique, de l’Arabie saoudite, de l’Afrique du Sud et de l’Ukraine devraient également assister au sommet la semaine prochaine. Le dirigeant indonésien a été invité, mais il est peu probable qu’il y participe.
 

Un sommet aux enjeux considérables

Le sommet sera un test pour M. Carney, mais aussi pour les autres dirigeants du G7, dont beaucoup cherchent à conclure des accords commerciaux avec le président américain Donald Trump à Kananaskis.

Par ailleurs, le principal négociateur commercial du Japon devait effectuer sa sixième visite à Washington cette semaine. Selon Kyodo News, le premier ministre japonais Ishiba Shigeru chercherait à conclure un accord avec Donald Trump la semaine prochaine, avant les très importantes élections de la Chambre haute en juillet, bien que les deux parties « n’aient pas encore trouvé de terrain d’entente ».

Le nouveau président sud-coréen, Lee Jae-myung, s’est entretenu avec Donald Trump quelques jours seulement après son élection. Au cours de cette conversation de 20 minutes, les deux hommes ont convenu de « conclure rapidement un accord tarifaire mutuellement avantageux ». En outre, selon le porte-parole de M. Lee, les deux présidents « ont échangé leurs expériences et leurs anecdotes sur les élections présidentielles, notamment les tentatives d’assassinat et l’adversité à laquelle ils ont dû faire face sur le plan politique ».
 

« Recalibrer » les relations entre le Canada et la Chine

M. Carney s’est également entretenu avec le premier ministre chinois Li Qiang la semaine dernière. Les deux dirigeants ont discuté du commerce, des droits de douane et de la crise du fentanyl, et « ont convenu de régulariser les voies de communication », selon un communiqué canadien.

Le premier ministre Carney a déclaré aux journalistes que cet appel marquait « le début d’un processus de recalibrage des relations avec la Chine ». Il a ajouté que la reprise du dialogue avec Beijing était « très importante ». Les droits de douane chinois sur les produits agricoles et les fruits de mer canadiens restent en vigueur, tout comme les droits de douane canadiens sur les véhicules électriques chinois. Les deux parties ont également convenu de relancer les discussions par l’intermédiaire du Comité mixte Canada-Chine sur l’économie et le commerce, dont l’activité est suspendue depuis 2018.