Mark Carney et Donald Trump au Sommet de l’ANASE, le commerce au centre des discussions

Pendant un court moment cette semaine, Kuala Lumpur a été au centre de l’univers diplomatique. En effet, la ville a reçu les chefs d’État de plusieurs pays du monde, dont ceux de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) pour trois jours de négociations.

Le sommet, qui s’est déroulé de dimanche à mardi, a réuni les onze membres de l’ANASE pour des discussions sur le commerce, l’économie numérique et la durabilité, de même que des rencontres entre les délégations du Canada, de l’Australie, de la Chine, de l’Inde, du Japon, de la Russie, de la Corée du Sud et des États-Unis.

Lueurs d’espoir de l’événement : l’accession officielle du Timor-Leste à l’ANASE et la signature d’une entente « en chemin vers la paix » entre le Cambodge et la Thaïlande, tous deux membres de l’association. Cependant, les chefs de l’ANASE ont encore raté l’occasion de faire avancer la question la plus pressante : la guerre civile au Myanmar, dans laquelle des milliers de personnes ont perdu la vie et plus de 3,5 millions d’autres ont été déplacées depuis 2021.

Progrès vers l’Asie

À partir de Kuala Lumpur, le premier ministre canadien Mark Carney a déclaré que « la relation Canada-ANASE est pleine de potentiel ».

Le premier ministre, dont c’est la première visite officielle en Asie, a reconnu que « le système mondial de commerce est en train de subir de grands changements », ce qui exige qu’Ottawa diversifie ses partenariats en matière de commerce, d’investissement et de sécurité. Son but avoué est de doubler les exportations vers les pays autres que les États-Unis d’ici 10 ans et d’attirer 500 milliards $ US en nouveaux investissements au Canada. L’Indo-Pacifique sera centrale à cette entreprise; pour l’instant, toutefois, la région ne compte que pour 12 pour cent des exportations canadiennes.

Lors du sommet, Mark Carney a tenu plusieurs rencontres, notamment avec le Vietnam, prochain pays à présider le PTPGP et principal partenaire commercial du Canada en Asie du Sud-Est.

Il a également rencontré Ferdinand Marcos Jr., président des Philippines. Les deux chefs d’État ont consenti à un accord de libre-échange bilatéral selon le même calendrier que celui entre l’ANASE et le Canada, qui doit être finalisé en 2026. De plus, selon Manille, le ministre canadien de la Défense David McGuinty sera aux Philippines la semaine prochaine pour signer une Loi sur les forces étrangères présentes au Canada, loi bilatérale qui doit « établir un cadre pour accroître la coopération [militaire] ».

De plus, M. Carney a rencontré Anwar Ibrahim, premier ministre de la Malaisie. Les deux chefs d’État ont salué une lettre d’intention visant à accroître les investissements en GNL, en pétrole, en énergie nucléaire et en énergies renouvelables.

L’art de négocier

L’« amitié » naissante entre Mark Carney et le président Donald Trump semble s’être flétrie, rompue par une récente publicité du gouvernement ontarien et de nouveaux tarifs de la part des États-Unis. À Kuala Lumpur, tournant le dos à Mark Carney, le président américain est allé voir d’autres chefs d’État pour signer des accords commerciaux avec le Cambodge, la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam.

Les chefs de l’ANASE ont abandonné l’idée de s’unir pour former un bloc afin de négocier avec les États-Unis, pour se tourner vers des accords commerciaux bilatéraux avec Washington.

L’accord des États-Unis avec la Malaisie contient plusieurs clauses restrictives, y compris l’exigence que la Malaisie impose les mêmes restrictions que les États-Unis à l’exportation et à « [l’importation] de tout bien ou service » mises en place par les États-Unis contre un pays tiers. De plus, la Malaisie a accepté d’investir 70 milliards $ US aux États-Unis dans les 10 prochaines années et de ne pas imposer de restrictions sur les exportations de minéraux critiques aux États-Unis.

Aujourd'hui, Donald Trump doit rencontrer le président chinois Xi Jinping en Corée du Sud, où les deux chefs discuteront probablement de trêve des tarifs, de minéraux critiques et de fentanyl. Les représentants chinois et américains sont parvenus à un accord-cadre avant les pourparlers entre leurs présidents respectifs.