La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de la Défense, Bill Blair, ont accueilli leurs homologues sud-coréens à Ottawa vendredi dernier, à l’occasion de la toute première réunion à quatre entre les deux pays. Cette réunion a permis à Ottawa et à Séoul d’intensifier leurs échanges sur la sécurité, la défense et la diplomatie, de promouvoir une « vision commune » pour la région indo-pacifique et de dénoncer le récent déploiement de près de 12 000 soldats nord-coréens en Russie.
La déclaration commune sur la première réunion ministérielle entre le Canada et la République de Corée sur les Affaires étrangères et la Défense présente le Canada et la Corée du Sud comme des « partenaires mondiaux » ayant un objectif commun : faire face aux défis dans la région indo-pacifique et au-delà; ce qui correspond à la volonté de Séoul d’être reconnue comme un État pivot mondial. Ils sont également déterminés à « renforcer la stabilité mondiale ».
Dans la missive commune, les deux parties ont qualifié le déploiement par la Corée du Nord d’environ 12 000 militaires en Russie d’« escalade significative avec des implications dangereuses pour la sécurité [...] en Europe et dans la région indo-pacifique ». Les deux parties scrutent attentivement la « possibilité d’une livraison de technologies avancées » par la Russie pour renforcer les programmes nord-coréens d’armes de destruction massive et de missiles balistiques.
Le Canada et la Corée du Sud ont décidé de tenir des consultations en ligne, de renforcer les échanges entre leurs représentants de la région indo-pacifique et de hâter les négociations sur un accord de protection des renseignements militaires classifiés.
La réunion sur les Affaires étrangères et la Défense s’inscrit dans le prolongement de la visite de M. Blair en Corée du Sud en septembre et de celle de Mme Joly dans ce pays en juillet.
Canada « plus un » à Kananaskis
Le communiqué canadien évoque des discussions visant à étendre la collaboration dans les années à venir, notamment lors de la présidence canadienne du G7 en 2025, qui se tiendra à Kananaskis, en Alberta.
Bien qu’elle ait reçu une invitation du Japon, pays hôte du G7 en 2023, la Corée du Sud n’a pas été invitée au sommet du G7 en 2022 ni en 2024. (Les médias d’État chinois se sont moqués de la Corée du Sud pour sa prétendue « rebuffade » de cette année.) Cette semaine, une personnalité éminente de la communauté coréenne au sein du Forum Canada-Corée, un dialogue de diplomatie hybride qui s’est tenu cette année à Montréal, a plaidé pour l’admission de la Corée du Sud au G7.
Avant de venir au Canada, la délégation sud-coréenne s’est rendue à Washington, D.C., où les parties se sont « concentrées intensément [...] sur les relations entre [la Corée du Nord] et la Russie », selon le secrétaire d’État américain Antony Blinken. Pendant le récent week-end, après que la Corée du Nord a effectué un essai de missile balistique intercontinental le 31 octobre, les États-Unis ont déployé un bombardier B-1B à longue portée, accompagné de huit chasseurs sud-coréens et japonais.
De la Corée à Koursk
Une équipe d’observateurs militaires sud-coréens a récemment débarqué en Ukraine pour surveiller les soldats nord-coréens envoyés à l’autre bout du monde pour combattre pour Moscou.
Un responsable ukrainien a déclaré mardi que des Nord-Coréens avaient été bombardés pour la première fois dans la région russe de Koursk, près de la frontière ukrainienne.
L’inquiétant déploiement de troupes étrangères ajoute une dimension internationale à la guerre entre la Russie et l’Ukraine en faisant se rejoindre les préoccupations et les intérêts en matière de sécurité des Européens et des Asiatiques. Il menace de pousser la Corée du Sud, qui s’est engagée depuis longtemps à fournir une aide non mortelle et humanitaire, à s’impliquer dans le conflit.
Dans une déclaration commune publiée mardi, dix pays, dont le Canada et la Corée du Sud, ont exprimé leurs « vives inquiétudes » concernant le déploiement de soldats nord-coréens en Russie et ont indiqué qu’ils travaillaient à l’élaboration d’une « réponse coordonnée ».
Les autorités de Kiev s’efforcent de convaincre les nouveaux soldats de se rendre en publiant des vidéos en coréen sur YouTube, Telegram et X. Ces vidéos expliquent aux Nord-Coréens qu’ils n’ont pas besoin de « mourir sans raison, en terre étrangère » et leur promettent de la nourriture, des soins médicaux et un abri s’ils capitulent.