La junte du Myanmar dissout 40 partis politiques alors que le mécontentement de l'opinion publique s'accroît

Le 28 mars, la junte militaire du Myanmar a dissous 40 partis, dont la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de l'ancienne dirigeante déchue Aung San Suu Kyi. Cette mesure intervient avant les « élections » prévues par les militaires au pouvoir dans le pays, élections que les Nations Unies et les États-Unis ont qualifiées de « simulacre ». La LND a remporté une victoire écrasante en 2020, mais Suu Kyi a été emprisonnée trois mois plus tard, à la suite du coup d'État de février 2021.

L'armée en quête de légitimité

Les 40 partis dissous n'ont pas soumis de demande à la Commission électorale de l'Union dans le délai de 60 jours prévu par une loi promulguée le 26 janvier. Cette loi, qui ne s'applique pas aux nouveaux partis, aurait automatiquement disqualifié les partis existants s'ils n'étaient pas en mesure de se conformer à divers exigences, notamment la mobilisation d'au moins 100 000 membres dans les trois mois suivant l'enregistrement et l'établissement de bureaux du parti dans au moins 165 communes dans un délai de six mois.

La LND a décidé de boycotter les prochaines élections, faisant valoir qu'elles légitimeraient le pouvoir de l'armée. En réponse à cette décision, la LND a déclaré que son existence ne reposait pas sur une décision de l'armée, mais plutôt sur le soutien de la population.  

Quelle est la prochaine étape ?

Des élections étaient attendues pour la fin du mois de juillet, mais les militaires ont annoncé que l'état d'urgence serait prolongé de six mois pour des « raisons de sécurité ». Le Myanmar est en plein désarroi depuis le coup d'État de 2021. Ce chaos a été aggravé par les difficultés économiques du pays, le conflit civil, la pandémie de COVID-19 et les sanctions imposées par le Canada, les États-Unis et l'Union européenne. En raison de ces troubles, la junte s'est heurtée à une résistance dans la majeure partie du pays. Avec plus de 3 100 personnes tuées depuis le coup d'État, les prochaines élections, si elles ont lieu, risquent d'être l'une des plus sanglantes du pays, car la résistance au pouvoir de la junte s'intensifie dans tout le pays.