Dans un discours de grande envergure prononcé le week-end dernier, le secrétaire américain à la Défense Pete Hegseth a complimenté certains alliés, adouci le ton envers la Chine et critiqué les administrations précédentes qui ont essayé de faire de Washington « la police, le protecteur et l’arbitre du monde entier ».
Les idées de M. Hegseth sont assurément plus restreintes. Pendant son allocution de 40 minutes à l’occasion de l’événement Reagan National Defense Forum, qui s’est tenu dans le Nord-Ouest de Los Angeles, en Californie, il a énoncé les quatre priorités du département de la Guerre (anciennement le département de la Défense) des États-Unis, soit défendre les États-Unis et l’hémisphère occidental, décourager la Chine « par la force, et non par la confrontation », accroître la répartition des charges entre les partenaires des États-Unis et « dynamiser » l’infrastructure industrielle de défense des États-Unis.
Le discours fait suite à la stratégie de sécurité nationale de Washington, publiée jeudi dernier. Selon Vina Nadjibulla de la FAP Canada, la stratégie met l’accent sur le « réalisme flexible », dépeint la région indo-pacifique comme le principal théâtre économique et géopolitique du 21e siècle et adhère à la « logique des sphères d’influence ». La stratégie de sécurité nationale de Washington souligne l’importance de « rééquilibrer » la relation économique des États-Unis avec la Chine.
Samedi, M. Hegseth a indiqué que l’administration Trump vise « une paix stable, des échanges commerciaux équitables et des relations respectueuses avec la Chine », y compris en « respectant la militarisation historique entreprise par [Beijing] » et en approfondissant les communications de militaires à militaires avec la Chine. M. Hegseth a également reconnu que la « période unipolaire des États-Unis est terminée ».
Des dirigeants et des traînards ?
M. Hegseth a fait l’éloge de la Corée du Sud – ainsi que d’Israël et de la Pologne – en tant qu’« alliée modèle », une distinction apparemment liée à l’engagement de Séoul à accroître ses dépenses militaires. Le président de la Corée du Sud, Lee Jae Myung, s’est engagé à faire passer les dépenses militaires du pays à 3,5 % du PIB « le plus rapidement possible » tout en élargissant la collaboration en matière de construction navale avec les États-Unis et en investissant directement dans les chantiers navals américains. (Les dépenses militaires de la Corée du Sud représentaient 2,3 % du PIB du pays en 2025.)
Le Japon fait donc désormais face à une pression grandissante pour accroître ses dépenses militaires. Washington considère l’engagement qu’a pris la première ministre japonaise Takaichi Sanae de faire passer les dépenses militaires du pays à 2 % du PIB d’ici la fin de l’exercice financier 2025 comme insuffisant, en particulier après que le Japon a indiqué en juillet dans son livre blanc sur la défense que la « communauté internationale affronte sa plus grande épreuve depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ».
Nouvelle cible de 5 %
Jeudi dernier, le ministre canadien de la Défense David McGuinty a affirmé qu’Ottawa atteindrait en mars l’ancienne cible de 2 % fixée par l’OTAN. En juin, le premier ministre canadien Mark Carney s’est engagé à atteindre la nouvelle cible de 5 % d’ici 2035.
En ce qui concerne le Canada, M. Hegseth a confié samedi que son département garantirait l’accès militaire et commercial aux « territoires clés » dans l’hémisphère occidental, y compris dans l’Arctique. Le Canada et les États-Unis se disputent les frontières maritimes dans l’Arctique depuis des années, en particulier dans la mer de Beaufort.