L'incertitude plane toujours sur les élections historiques en Thaïlande

Le 13 juillet, le parlement thaïlandais votera pour un nouveau premier ministre. Lors des élections du 14 mai, le parti prodémocratique Move Forward (« Aller de l’avant »), dirigé par Pita Limjaroenrat, a obtenu trois fois plus de voix que le Parti de la nation thaïlandaise unie (United Thai Nation Party). Ce dernier est dirigé par le premier ministre Prayuth Chan-o-cha, au pouvoir depuis près de dix ans. Toutefois, en raison d'un système électoral qui favorise les partis conservateurs proarmée, la victoire historique de Move Forward pourrait se transformer en une simple victoire symbolique.

Contestations judiciaires et questions de loyauté

Move Forward et le parti populiste Pheu Thai, arrivé en deuxième position, ont obtenu plus de 60 % des sièges de la chambre basse. Ils ont formé une coalition avec six autres partis, obtenant ainsi 312 sièges. Pour que Pita devienne le prochain premier ministre du pays, il lui faut un total de 376 sièges à l'Assemblée nationale. Mais il est confronté au défi sisyphéen de convaincre la vieille garde conservatrice et proarmée de la chambre haute.



La plupart des 250 sénateurs thaïlandais, nommés par les militaires, s'opposent au projet de Pita de modifier la loi controversée de lèse-majesté, qui prévoit une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 15 ans pour les infractions commises à l'encontre de la monarchie thaïlandaise. Move Forward a qualifié cette loi d'outil politique visant à réprimer la dissidence contre le gouvernement soutenu par l'armée. La proposition d'amendement de la loi a conduit le Sénat à remettre en question la loyauté de Pita à l'égard de la monarchie vénérée.

Un peu plus qu'une victoire symbolique ?

En outre, M. Pita fait l'objet de poursuites judiciaires pour avoir omis de déclarer les actions qu'il détenait dans la société de radiodiffusion iTV, aujourd'hui disparue. S'il est reconnu coupable par la Commission électorale, il pourrait être condamné à une amende et à une peine de prison. Si la Commission choisit de porter l'affaire devant la Cour constitutionnelle, il pourrait être empêché de devenir le prochain premier ministre.



L'incertitude quant à la personne qui dirigera le pays a déjà eu des répercussions. La bourse thaïlandaise a chuté de 11 %, ce qui en fait l'indice le moins performant d'Asie pour 2023 On
parle déjà d'un possible effondrement de la coalition dirigée par Move Forward, le Pheu Thai prenant l'initiative de former sa propre coalition.