Une première livraison de gaz naturel liquéfié marque une nouvelle phase majeure de la coopération énergétique entre le Canada et l’Asie

La première livraison de gaz naturel liquéfié canadien depuis le port de Kitimat, dans l’ouest de la Colombie-Britannique, vers les marchés asiatiques marque une étape importante pour le Canada, à la fois dans son désir de longue date de diversifier les échanges commerciaux au-delà des États-Unis et dans son engagement à renforcer les relations avec les économies asiatiques, dont beaucoup sont désireuses de renforcer leur sécurité énergétique et de se sevrer du charbon.

LNG Canada, la société qui montre la voie dans ces nouveaux liens énergétiques, est une coentreprise entre Shell, avec une participation de 40 %, et quatre investisseurs asiatiques : Petronas (25 %) pour la Malaisie, PetroChina (15 %) pour la Chine, Mitsubishi (15 %) pour le Japon et KOGAS pour la Corée du Sud (5 %). L’investissement de 40 milliards de dollars canadiens dans le projet en 2018 représente le plus important investissement du secteur privé dans l’histoire du Canada.

Maintenant que ce point de départ sur la côte ouest est opérationnel, il permettra de réduire de moitié les délais d’expédition vers l’Asie – de 20 jours, en passant par le golfe du Mexique et le canal de Panama, à 10 jours – et évitera de devoir emprunter des passages vulnérables.

Un tournant décisif pour l’énergie canadienne

La nouvelle de la vente de gaz naturel liquéfié canadien à l’Asie a été bien accueillie par les autorités fédérales et provinciales. Tim Hodgson, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles du Canada, l’a décrit comme un « tournant décisif » qui coïncidait avec une guerre commerciale déclenchée par le seul autre grand marché étranger pour l’énergie canadienne : les États-Unis. Lors de sa mission commerciale dans la région en juin, le premier ministre de C.-B., David Eby, a vanté le potentiel d’exportation de gaz naturel liquéfié de la province, et a mentionné l’intérêt manifesté par le Japon pour les investissements futurs dans le projet de Kitimat. Des discussions sont déjà en cours au sujet d’une deuxième phase, qui pourrait doubler la capacité du projet.

L’accès au gaz naturel liquéfié canadien survient à un moment critique pour de nombreuses économies asiatiques : les bouleversements du commerce mondial et les perturbations dans la mer Rouge et le détroit d’Ormuz – par lesquels transitent de nombreuses importations énergétiques asiatiques – rendent d’autant plus désirables la stabilité et la fiabilité d’un fournisseur d’énergie comme le Canada.

Cependant, même si l’Asie devrait augmenter la demande future de gaz naturel liquéfié, l’achat auprès du Canada pourrait être compliqué par le besoin des gouvernements régionaux d’apaiser l’administration Trump axée sur les tarifs. Washington a exhorté le Japon, qui essaie de diversifier ses fournisseurs de gaz naturel, à acheter plus de pétrole et de gaz américains et à investir dans le développement de champs de gaz naturel en Alaska.

Comme le souligne le cas du Japon, les possibilités du Canada en matière de gaz naturel liquéfié nécessiteront une réflexion habile et stratégique de la part des représentants canadiens et des partenaires du secteur privé.