Xi Jinping se prépare à un rare voyage en Europe alors que l’UE dénonce des pratiques commerciales « déloyales »

Le président chinois Xi Jinping entamera dimanche son premier voyage en Europe depuis près de cinq ans, comprenant une visite en France, en Hongrie et en Serbie. Ce voyage de six jours survient alors que l’Union européenne dénonce les pratiques commerciales « déloyales » de la Chine et ses surcapacités, après des années de « manipulation » de la part de Beijing, aux dires de la commissaire à la Concurrence de l’Union européenne.

Le président chinois pourrait également chercher à obtenir l’appui de la Serbie et de la Hongrie pour l’initiative La Ceinture et la Route, le programme d’infrastructures tentaculaire de Beijing, la Hongrie ayant été le premier pays européen à signer un accord de coopération avec la Chine à ce sujet. L’année dernière, les médias d’État chinois ont également salué la Serbie, la qualifiant « d’un des exemples les plus positifs » de coopération dans le cadre de La Ceinture et la Route.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que le voyage en Europe renforcerait « la paix et le développement dans le monde », tandis que le bureau du président français Emmanuel Macron a indiqué que le président Xi et lui discuteraient « avant tout de la guerre en Ukraine et de la situation au Moyen-Orient ».

Le mois dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, a déclaré que le plan de paix en 12 points de la Chine concernant le conflit russo-ukrainien, proposé en 2023, était « le plus raisonnable » présenté jusqu’à présent. L’année dernière, Beijing a négocié la reprise de relations diplomatiques pleines et entières entre l’Iran et l’Arabie saoudite, renforçant ainsi les capacités diplomatiques de la Chine.

Blinken met en garde la Chine au sujet de ses tactiques commerciales et de ses liens avec la Russie

Lors de sa visite à Beijing et à Shanghai la semaine dernière, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a également discuté de l’Ukraine avec le président Xi et le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, prévenant Beijing de ne pas soutenir davantage la base industrielle de défense de la Russie, se faisant ainsi l’écho des préoccupations de l’UE concernant les « politiques et pratiques économiques hors marché » de la Chine et réitérant l’importance de la paix dans le détroit de Taïwan.

Pendant et après la visite de M. Blinken, Beijing a critiqué le nouveau programme d’aide américain à Taïwan, promulgué la semaine dernière par le président américain Joe Biden, et a affirmé qu’en soutenant Taïwan, il portait « gravement » atteinte à la souveraineté de la Chine.

Lai Ching-te se prépare à la présidence taïwanaise

Beijing a jusqu’à présent rejeté les offres de dialogue avec le président élu de Taïwan, Lai Ching-te, qui a dévoilé la semaine dernière la composition de son cabinet et son équipe de sécurité. Lai a nommé Wellington Koo, actuel chef du Conseil national de sécurité, au poste de ministre de la Défense, et Joseph Wu, actuel ministre des Affaires étrangères, en remplacement de M. Koo. Lin Chia-lung, secrétaire général par intérim du président, remplacera M. Wu en tant que ministre des Affaires étrangères. Le chef du renseignement conservera son poste.

L’absence de réorganisation radicale laisse entendre que le président Lai n’a pas l’intention de « faire de vagues » quant aux questions de sécurité et de défense, ce qui assurera un certain degré de prévisibilité dans les pourparlers Chine-Taïwan, alors qu’il se prépare à entrer en fonction le 20 mai prochain.