Report keystone

Un débouché commercial méconnu pour le Canada : le commerce numérique et basé sur l’intelligence artificielle

Résumé

Le Canada est une petite économie ouverte qui dépend du commerce pour améliorer le niveau de vie de sa population. L’attention du public se porte généralement sur les marchandises qui traversent la frontière américaine, une préoccupation qui s’est intensifiée sous la nouvelle administration Trump en raison de l’incertitude tarifaire.

Cette approche néglige la partie la plus dynamique du commerce mondial et du commerce canadien, soit les exportations de services numériques. Les progrès réalisés dans le domaine de la transformation numérique et de l’intelligence artificielle (IA) modifient les produits pouvant être échangés et la manière dont ils le sont. Ces technologies permettent aux entreprises canadiennes d’exporter des services, d’accéder à de nouveaux marchés et d’utiliser des intrants numériques dans les secteurs traditionnels.

Ce document de travail évalue dans quelle mesure le Canada tire pleinement parti des possibilités offertes par le commerce des services numériques et les moyens qui lui permettraient d’en bénéficier davantage. Depuis 2005, les exportations de services numériques du Canada ont augmenté près de quatre fois plus rapidement que ses exportations de biens, pour atteindre 84 milliards $ US en 2024. À eux seuls, les services informatiques ont augmenté de plus de 400 %. Les services numériques représentent désormais 62 % des exportations de services commerciaux du Canada et plus d’un dixième du total des exportations de biens et services du pays.

Pourtant, le Canada ne profite pas de cette occasion autant que ses pairs ayant un niveau similaire d’expertise en recherche sur l’IA ou un PIB comparable. En effet, la part du Canada dans les exportations mondiales de services numériques reste inférieure à 3 % et n’a pratiquement pas évolué en deux décennies. De plus, les exportations numériques vers les marchés de la région indo-pacifique restent limitées, bien que les importations de services numériques de plusieurs de ces pays connaissent une croissance rapide. Le Canada accuse également un retard dans l’intégration de ses services numériques aux exportations traditionnelles, avec une valeur ajoutée numérique inférieure à la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Pour répondre à ces défis, le Canada doit placer le commerce numérique et basé sur l’IA au cœur de sa stratégie économique. Autrement dit, il doit entre autres définir des objectifs nationaux, offrir du soutien aux exportateurs, harmoniser les politiques commerciales et technologiques et contribuer à l’accélération de l’adoption du numérique dans les secteurs traditionnels, en plus de poursuivre la modernisation et l’élargissement des accords commerciaux. Le présent document de travail propose également un programme de recherche ciblé pour accompagner cette transition, qui comprend la cartographie des problèmes rencontrés par les exportateurs numériques, la détermination des secteurs à fort potentiel, une analyse des accords commerciaux sous-utilisés et un examen de la manière dont les technologies telles que l’IA et la chaîne de blocs transforment le commerce.

Les principales conclusions sont les suivantes :

  • Les exportations de services numériques du Canada ont augmenté près de quatre fois plus rapidement que les exportations de marchandises et d’autres services commerciaux du pays. Les exportations de services informatiques, telles que les exportations de logiciels, ont connu une croissance particulièrement forte.

  • Toutefois, les exportations de services numériques du Canada peuvent encore nettement augmenter. Elles ne représentent toujours que 12 % du total des exportations canadiennes de biens et services. De plus, comme les autres grandes économies mondiales ont également accru leurs exportations de services numériques, la part du Canada dans ces exportations n’a pas changé au cours des deux dernières décennies, restant inférieure à 3 % ainsi qu’inférieure aux volumes d’autres économies de taille similaire.

  • Les marchés d’exportation des services numériques du Canada ne sont que légèrement plus diversifiés que ceux de ses exportations de biens. Les États-Unis, qui représentent 75 % des exportations de marchandises du Canada, achètent 60 % des exportations de services numériques du Canada. L’Europe est le deuxième marché en importance du Canada pour ce qui est de l’exportation de services numériques. Le Canada sous-exploite les possibilités d’exportation de services numériques dans les marchés asiatiques dynamiques tels que l’Indonésie, le Japon et les Philippines.

  • Le Canada pourrait saisir plus efficacement les possibilités qu’offre le commerce numérique en déployant des efforts concertés pour fixer des objectifs en matière d’expansion du commerce numérique, cerner les difficultés ou les obstacles à l’expansion du commerce numérique et coordonner systématiquement les efforts des organismes chargés de la transformation numérique et de ceux chargés de la promotion du commerce, le tout afin d’accroître les exportations de services numériques. Le Canada peut également jouer un rôle de premier plan dans l’élaboration de nouvelles règles en matière de commerce dans des domaines tels que les politiques et les normes relatives à l’IA.

Danielle Goldfarb

Danielle Goldfarb est conseillère et experte en économie numérique, données en temps réel, géopolitique, commerce et politiques publiques. Elle est agrégée supérieure au Centre for International Governance Innovation, conseillère en politiques publiques auprès de Mila (Institut québécois d’intelligence artificielle), agrégée mondiale au Woodrow Wilson Center du Canada Institute, membre du conseil d’administration de la Toronto Association for Business and Economics, et attachée de recherche distinguée à la Fondation Asie Pacifique du Canada. 

Ottawa Pours Billions into AI in Bid to Plug Compute Gap Canada's Indo-Pacific Strategy: Analysis From Our Network China Goes its Own Way as the World Opens Up, But a Course Correction is in the Cards Read more >

Kati Suominen

Kati Suominen Ph.d est fondatrice et PDG de Nextrade Group. Elle conçoit et dirige les engagements de Nextrade Group auprès de plus de 50 clients de l'entreprise. Elle a conçu et développé des dizaines de produits de données et d'analyse, des initiatives pilotes et huit initiatives mondiales et partenariats public-privé pour aider les clients de Nextrade à faciliter le commerce mondial grâce à la technologie.

Autrice et rédactrice en chef de plus de 120 articles et de 10 ouvrages à comité de lecture sur le commerce, la mondialisation et la technologie, Kati a prononcé de nombreuses conférences et discours lors d'événements tels que Davos, l'Organisation mondiale du commerce, le Symposium mondial sur le commerce, la Global Trade Review, la Commission bancaire de la CCI, l'Institut de la finance internationale, le FMI et la Banque mondiale, ainsi que la réunion des hauts fonctionnaires de l'APEC. Elle a également commenté dans des médias tels que le Wall Street Journal, le Washington Post, Time, Politico, la BBC, CSPAN, USA Today et le Los Angeles Times.