Rapport de synthèse
En 2024, le Canada a connu une forte hausse des investissements directs étrangers (IDE). Selon Statistique Canada, les flux d’investissements bilatéraux se sont établis à 211 milliards de dollars, en hausse de 11% par rapport à 2023 (190 milliards), les États-Unis représentant plus de la moitié du total. Les États-Unis et plusieurs pays européens demeurent les principaux partenaires du Canada en matière d’IDE, totalisant environ 75% des flux d’investissement bilatéraux en 2024.
Du côté indo-pacifique, la région s’affirme comme une source et une destination d’IDE de plus en plus importante, les flux bilatéraux ayant atteint 24 milliards de dollars l’an dernier — soit 19,2 milliards en entrées et 5,2 milliards en sorties.
Toutefois, selon le Investment Monitor de la Fondation Asie Pacifique du Canada, les flux bilatéraux entre le Canada et la région pour l’année 2024 ont reculé, passant de 35 milliards de dollars en 2023 à 24 milliards en 2024. Entre 2014 et 2023, la moyenne annuelle des échanges en IDE entre le Canada et l’Indo-Pacifique était de 36 milliards, soulignant l’importance de ce recul en 2024. Cette diminution résulte principalement d’une forte contraction des IDE sortants, en baisse de 57%, passant d’environ 12,2 milliards de dollars en 2023 à 5,2 milliards en 2024. Cette chute est attribuable tant aux contraintes et incertitudes émergentes dans la région qu’à un changement de priorités des caisses de retraite canadiennes, tendance amorcée en 2021.
Cette diminution masque cependant un renforcement global des liens d’investissement entre le Canada et l’Asie, stimulé par une croissance soutenue des investissements entrants au cours de la dernière décennie. Malgré une baisse de 16% en 2024 (de 22,9 à 19,2 milliards), le Canada reçoit aujourd’hui près de 1,5 fois plus d’IDE indo-pacifique qu’il y a dix ans et 1,2 fois plus que la moyenne décennale (17 milliards), preuve d’une tendance haussière à long terme.
La région indo-pacifique représente désormais environ le quart des nouveaux projets d’IDE au Canada, avec une prédominance en 2024 dans les secteurs des mines et produits chimiques (46%), biens et services industriels (41%) et technologies (8%). Ensemble, ces secteurs illustrent un intérêt croissant des investisseurs indo-pacifiques pour des industries canadiennes à forte valeur ajoutée, axées sur l’innovation et la technologie.
La géographie des investissements canadiens en Indo-Pacifique évolue aussi. Il y a quinze ans, la Chine et Hong Kong représentaient 23% en moyenne des flux d’IDE du Canada dans la région ; aujourd’hui, leur part est d’environ 12%. À l’inverse, la part de l’Inde est passée de 7% à en moyenne 23%, témoignant d’un rééquilibrage continu. Les investissements en Australie, au Japon et en Corée du Sud n’ont que légèrement diminué, preuve de la stabilité des relations du Canada avec ses partenaires traditionnels.
Dans ce contexte, le rapport Investment Monitor 2024 de la Fondation Asie Pacifique, intitulé un rééquilibrage des liens d’investissement entre le Canada et l’Asie, va au-delà des statistiques officielles pour suivre les entreprises, les secteurs et les destinations à l’origine de l’évolution des flux d’investissements bilatéraux Canada–Indo-Pacifique. Il offre une lecture plus détaillée et utile des tendances, changements sectoriels et dynamiques entre économies partenaires, tous essentiels à la résilience de l’économie canadienne et à une diversification accrue, qui demeurent au cœur de la stratégie indo-pacifique du Canada pour les années à venir.
Points à retenir :
• Flux sortants
Les flux bilatéraux d’IDE entre le Canada et la région indo-pacifique ont fortement diminué en 2024, principalement en raison d’une baisse marquée des investissements canadiens à l’étranger. Le total des flux est passé de 35 G$ CA en 2023 à 24 G$ CA en 2024, nettement inférieur à la moyenne annuelle de 36 G$ CA sur dix ans. Cette baisse de 31% s’explique en grande partie par un recul de 58% des investissements canadiens à l’étranger, qui sont passés de 12,2 à 5,2 G$ CA, en partie à cause d’une activité réduite dans le secteur des caisses de retraite. Les IDE sortants accusent un recul pour la troisième année consécutive, ce qui traduit un rééquilibrage plus large des investissements canadiens.
• Flux entrants
Les investissements en provenance de la région indo-pacifique ont diminué légèrement, mais continuent de montrer une trajectoire de croissance solide à long terme. Les IDE entrants ont baissé de 16%, passant de 22,9 G$ CA en 2023 à 19,2 G$ CA en 2024. Malgré ce ralentissement temporaire, les flux entrants restent près de 1,5 fois supérieure à leur niveau d’il y a dix ans et dépassent la moyenne annuelle de 17 G$ CA sur dix ans.
• Principales économies
Les investissements canadiens dans la région indo-pacifique se concentrent davantage dans un petit nombre d’économies : six d’entre elles représentent quasiment la totalité des flux. En 2024, 97,5% des flux bilatéraux ont été réalisés avec l’Australie (30%), Taïwan (22%), le Japon (21%), la Chine (15%), l’Inde (8%) et la Corée du Sud (1,5%). Les flux sortants sont les plus concentrés, avec l’Australie (55%), l’Inde (29%) et la Corée du Sud (6%) totalisant 90% des investissements canadiens. Du côté des flux entrants, Taïwan (28%), le Japon (26%) et l’Australie (23%) dominent, totalisant près de 80%.
• Chine et Inde
La répartition géographique des investissements canadiens évolue, avec une réduction de l’exposition à la Chine et un engagement croissant envers l’Inde. Il y a quinze ans, la Chine et Hong Kong représentaient 23% en moyenne des flux d’IDE du Canada dans la région ; cette part est tombée à environ 14% au cours des cinq dernières années. Par contraste, la part de l’Inde est passée de 5% à une moyenne de 26% durant la même période. Les investissements en Australie, au Japon et en Corée du Sud sont restés relativement stables, démontrant une confiance soutenue envers ces partenaires traditionnels de l’Indo-Pacifique, même si la répartition géographique globale des IDE continue d’évoluer.
• Provinces phares
Les investissements indo-pacifiques au Canada se concentrent fortement dans trois provinces en 2024 : la Colombie-Britannique, le Québec et l’Ontario, qui représentent ensemble près de 97% des flux bilatéraux. La Colombie-Britannique arrive en tête avec 7,1 G$ CA (37%), soutenue par une hausse des investissements dans l’extraction de minéraux critiques. Le Québec suit avec 6,6 G$ CA (34%), en grande partie grâce à l’acquisition de Future Electronics par Taïwan pour 5,2 G$ CA. La part de l’Ontario a chuté de façon marquée, passant de 10 G$ CA en 2023 à 5 G$ CA en 2024, en lien avec un repli dans les secteurs financier et énergétique. Les autres provinces attirent moins de 3% des investissements.
• Secteurs clés
Les flux d’IDE entre le Canada et la région en 2024 étaient fortement concentrés dans quelques secteurs principaux. Pour les flux entrants, près de 90% ciblaient seulement deux secteurs : l’exploitation minière et les produits chimiques, ainsi que les biens et services industriels, portés par des transactions majeures dans les minéraux critiques et la fabrication avancée. Les investissements canadiens à l’étranger, bien que légèrement plus diversifiés, suivaient une concentration similaire, avec près de 95% répartis dans six secteurs, notamment les biens de consommation et services, les finances, ainsi que l’exploitation minière et les produits chimiques. Ces tendances soulignent une focalisation mutuelle sur des secteurs à forte valeur ajoutée, technologiques et liés aux ressources.
• Réorientation des caisses de retraite
Les investissements des caisses de retraite canadiennes dans l’Indo-Pacifique ont chuté drastiquement depuis leur sommet de 2021, les fonds se détournant progressivement des marchés émergents asiatiques pour se recentrer sur l’Europe et les actifs nationaux. En 2024, les caisses représentaient 47% (2,4 G$ CA) des IDE sortants du Canada dans la région, soit une baisse de 8% par rapport à 2023 et de 90% depuis le sommet de 2021 (23 G$ CA). Après plusieurs années de croissance rapide, elles ont réduit leur exposition dans la plupart des pays indo-pacifiques, surtout en Chine, fermé certains bureaux régionaux et redirigé leurs capitaux vers l’Europe, où leurs placements (18%) dépassent désormais ceux dans la région indo-pacifique (13%).