En décembre 2024, l’agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA) a lancé le premier satellite en bois au monde, LignoSat, en orbite autour de la Terre à partir de la Station spatiale internationale (SSI). Le satellite, fait de bois de magnolia et fabriqué selon une technique japonaise traditionnelle pour n’utiliser aucune vis, a été mis au point pour rendre l’exploration spatiale plus durable. Les satellites conventionnels brûlent en rentrant dans l’atmosphère, ce qui a une incidence importante sur l’environnement terrestre. Cette récente innovation témoigne des prouesses techniques du Japon en matière d’exploration spatiale.
Le programme spatial du Japon, qui a évolué progressivement au cours des 70 dernières années, repose sur un équilibre entre ambition scientifique, pragmatisme commercial et conscience géopolitique. Contrairement aux programmes des grands acteurs du domaine spatial caractérisés par une croissance rapide ou des stratégies ambitieuses, l’avancée du Japon est constante et vise à acquérir des compétences pratiques dans le domaine de la technologie satellite, des fusées porteuses et des missions d’exploration spatiale.
L’alunissage que le Japon est parvenu à réaliser en janvier 2024 lui permet aujourd’hui de rivaliser avec les autres pays d’Asie dans la course à l’espace. Sur les cinq pays qui ont réussi un alunissage, trois sont asiatiques (la Chine, l’Inde et le Japon, qui ont réalisé cet exploit après les États-Unis et l’Union soviétique). Or, le Japon est également le seul État asiatique membre de la Station spatiale internationale (SSI), en plus d’être membre fondateur des accords Artemis menés par les États-Unis.
Le Japon cherche actuellement à développer son secteur spatial et à renforcer le rôle qu’il joue dans la gouvernance spatiale internationale tout en composant avec la situation géopolitique complexe en Asie-Pacifique. Cette volonté se heurte cependant à l’amputation du budget de la NASA par l’administration du président américain Donald Trump, qui fait planer une incertitude sur le plan de la coopération spatiale internationale et oblige les organisations partenaires à forger des alliances plus solides avec d’autres pays. En juillet, l’Agence spatiale canadienne (ASC) a réaffirmé sa collaboration avec la JAXA en précisant que l’environnement spatial mondial de plus en plus complexe nécessitait de robustes partenariats internationaux.
Ce rapport, le quatrième d’une série de rapports sur les acteurs du secteur spatial en Asie-Pacifique, offre un aperçu du programme et du secteur spatial du Japon, en plus d’aborder son cadre législatif, ses développements commerciaux, sa diplomatie internationale et son engagement bilatéral avec le Canada. Il met en lumière l’approche pragmatique et multidimensionnelle du Japon, qui cherche à concilier les objectifs scientifiques et commerciaux de l’exploration spatiale et les préoccupations émergentes en matière de sécurité nationale.
Fondements institutionnels et législatifs
Les activités spatiales du Japon sont principalement gérées par la JAXA, qui a été fondée en 2003 pour unifier les efforts fragmentés du pays dans le domaine spatial. L’organisation mène aujourd’hui les activités de recherche et de développement, les opérations de lancement et les efforts de coopération internationale du pays.
Le parcours du Japon dans le secteur spatial a depuis été influencé par une série de stratégies nationales et de réformes législatives, en particulier la Basic Space Law (loi fondamentale sur l’espace) de 2008 et le Basic Space Plan (plan fondamental sur l’espace) qui en est né. La loi définit le cadre législatif, tandis que le plan sert de feuille de route politique pangouvernementale pour opérationnaliser les principes de la loi et établir les priorités du secteur en matière de recherche, d’industrie, de sécurité et de coopération internationale. Le premier plan fondamental sur l’espace a été adopté en 2009 et est périodiquement révisé pour tenir compte des contextes nationaux et internationaux en évolution. La révision de 2023, par exemple, met l’accent sur les applications de défense et les partenariats commerciaux. La loi fondamentale sur l’espace a marqué un tournant dans l’approche du Japon à l’égard du secteur spatial en reconnaissant explicitement l’espace comme un domaine de sécurité nationale et d’exploration scientifique.
La plus récente version du plan fondamental sur l’espace du Japon, publiée en 2023, décrit clairement les objectifs de croissance du secteur qui consistent notamment à faire passer la valeur du secteur spatial national à environ 74 milliards $ CA (8 billions ¥) d’ici le début des années 2030, soit deux fois la valeur du secteur en 2020. Pour concrétiser ces ambitions, le gouvernement a mis sur pied un fonds d’investissement stratégique spatial de dix ans qui injecte des capitaux importants dans les activités de recherche et développement et de commercialisation dans le secteur spatial. Le fonds accorde la priorité aux technologies qui améliorent la fiabilité des lancements, l’innovation touchant les satellites, la connaissance de la situation spatiale et les capacités de sécurité.
Les cadres législatif et politique du Japon sont de plus en plus sensibles à la double utilisation des technologies spatiales. Les modifications apportées aux lois sur la défense nationale et les activités spatiales mettent dorénavant l’accent sur l’intégration des capacités spatiales à l’architecture de sécurité globale, y compris la collaboration avec les Forces japonaises d’autodéfense.
L’approche du Japon en matière de gouvernance de l’espace assure un équilibre entre sa constitution pacifique et le besoin de renforcer la sécurité dans l’espace, ou la capacité d’atténuer les perturbations et de les surmonter. Les politiques de Tokyo mettent l’accent sur les comportements responsables, la transparence et le respect des normes internationales tout en veillant à ce que le pays soit prêt à relever les défis émergents en matière de sécurité dans l’espace. Le 28 juillet, le ministère de la Défense du Japon a publié les premières lignes directrices sur la défense spatiale, qui constituent un tournant dans la posture stratégique du Japon.
Ce document contient un engagement à protéger les satellites utilisés par les Forces japonaises d’autodéfense, à préserver l’accès des acteurs commerciaux à l’espace et à renforcer les partenariats public-privé en vue de construire une architecture résiliente, conformément aux tendances mondiales. Les lignes directrices soulèvent également des préoccupations à l’égard des activités de la Russie et de la Chine, en particulier la création de « satellites chasseurs de satellites », les rendez-vous en orbite, les opérations de rapprochement ainsi que les armes antisatellites à ascension directe – autant d’éléments que Tokyo considère comme des menaces pour ses actifs spatiaux. La Chine a fermement condamné les lignes directrices, accusant le Japon et ses alliés d’utiliser la rhétorique de la « défense » comme prétexte de militarisation et précisant qu’elles pourraient nuire à la sécurité de l’espace et alimenter le militarisme régional.
Parallèlement, le Japon continue d’approfondir sa collaboration dans le domaine spatial avec les États-Unis, notamment en participant à des initiatives de connaissance de la situation spatiale et de multiplication des constellations de satellites pour détecter les missiles et en collaborant plus étroitement sur le plan tactique au sein de l’alliance États-Unis–Japon en vue de contrer les capacités spatiales croissantes de la Chine. En substance, le Japon cherche maintenant à adopter une posture plus affirmée en matière de défense spatiale et à renforcer son harmonisation stratégique avec les États-Unis, des initiatives que Beijing juge déstabilisatrices.
Développement commercial de l’espace et soutien du gouvernement
À l’échelle mondiale, le secteur spatial relevait à l’origine de la compétence de l’État. Or, depuis quelques années, les entreprises privées sont de plus en plus nombreuses à intervenir, y compris au Japon. Le secteur spatial commercial du Japon connaît un nouvel élan par l’entremise d’un modèle hybride de partenariat public-privé. Encouragées par un gouvernement qui joue un rôle semblable à celui d’une pépinière d’entreprises financée par des investisseurs en capital de risque, les jeunes entreprises se trouvent maintenant au cœur de la vision du Japon pour dynamiser l’économie spatiale. En collaboration avec la JAXA, le ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie a investi des fonds publics dans des entreprises qui ont une valeur stratégique élevée et un fort potentiel de commercialisation.
Axelspace, une entreprise de fabrication de satellites d’observation de la Terre basée à Tokyo, est l’exemple le plus éloquent de cette nouvelle vague d’entreprises du secteur spatial. À la mi-2025, elle est devenue la cinquième jeune entreprise œuvrant dans le secteur spatial à lancer un processus d’appel public à l’épargne au Japon en deux ans. Ayant déjà lancé cinq satellites et prévoyant d’autres mises en orbite, Axelspace incarne la viabilité commerciale croissante du secteur spatial du Japon. Dans le même ordre d’idées, Astroscale, qui se spécialise dans l’élimination de débris orbitaux et l’entretien des satellites, est devenue un chef de file mondial dans le secteur de la durabilité spatiale, ayant décroché des contrats auprès de grandes entreprises de l’aérospatiale comme Airbus.
Le programme de fusées porteuses du Japon met également en évidence cette transition. La fusée H-IIA, utilisée pour la première fois en 2001, a été très utilisée par le Japon pendant plus de 20 ans, ayant réalisé environ 50 missions avec un taux de succès d’environ 98 %. Elle a déployé des satellites de télécommunications, mis en place des charges utiles scientifiques et réapprovisionné la SSI. Sa successeure, la fusée H-3, représente une nouvelle génération de fusées porteuses moins coûteuses et plus efficaces, dotées d’une plus grande capacité de charge utile et capables de réaliser des missions plus fréquentes. La H-3, construite par la JAXA et Mitsubishi Heavy Industries, a atteint l’orbite cible à la fin de 2024 et devrait réaliser environ 10 lancements par année d’ici le début des années 2030, à la fois de satellites gouvernementaux et commerciaux. Cette fusée est indispensable aux efforts que déploie le Japon pour favoriser un accès plus compétitif et plus souple à l’espace et réduire les problèmes liés aux coûts et à la fiabilité des lancements qui limitent la croissance du secteur. De plus petites fusées porteuses viennent compléter ces efforts dirigés par le gouvernement, comme la fusée Epsilon, mise au point pour aider à développer le marché des microsatellites dominé par le secteur privé. La conception à propergol solide de la fusée Epsilon offre une option rentable pour déployer de plus petites charges utiles et complémenter les capacités de la fusée H-3.
Les efforts du Japon pour favoriser l’essor du secteur commercial du lancement s’observent également dans le développement de Spaceport Kii, le premier port spatial commercial du pays. L’installation est exploitée par Space One, qui a procédé au premier lancement orbital d’une fusée privée au Japon en mars 2024. Même si ce lancement s’est soldé par un échec peu de temps après le décollage, la mission a démontré que le Japon était prêt à procéder à des lancements gérés par des entreprises privées. L’intérêt que portent plusieurs entreprises étrangères au Japon, comme l’entreprise taïwanaise TiSpace, qui a également tenté, sans succès, de lancer une fusée à partir du port spatial d’Hokkaido dans le nord du Japon, souligne l’ambition croissante du pays de devenir un carrefour régional pour les activités spatiales commerciales.
Malgré les nombreuses forces du Japon dans le secteur spatial, plusieurs défis structurels persistent. La plupart des jeunes entreprises commerciales œuvrant dans le secteur spatial ne sont pas encore rentables, et les marchés financiers portent de plus en plus attention à leur viabilité à long terme. Bien que le financement public offre un filet de sécurité, la croissance durable du secteur passe avant tout par plus d’investissements et des voies commerciales mieux définies. L’échec du premier lancement de Space One a également souligné les risques inhérents à la mise en œuvre des politiques. Ces obstacles nationaux concordent avec les calculs stratégiques généraux du Japon, car sa capacité à maintenir un secteur spatial compétitif est étroitement liée aux partenariats internationaux et à l’environnement géopolitique dans lequel le pays mène ses activités.
Stratégie géopolitique et harmonisation internationale
Les percées du Japon dans le secteur spatial surviennent alors que la dynamique géopolitique de la région indo-pacifique se complexifie. Au cœur de la diplomatie spatiale du Japon se trouve son partenariat stratégique avec les États-Unis. En 2023, les deux pays ont modifié l’article V de leur traité de coopération mutuelle et de sécurité pour étendre ses dispositions à l’espace. Ils collaborent également sur un vaste éventail d’initiatives, y compris l’expansion du système satellitaire Quasi-Zenith du Japon, un système de navigation conçu en complément du réseau GPS des États-Unis et visant à améliorer les capacités de positionnement autonome du Japon.
La coopération s’étend également à la connaissance de la situation spatiale, à l’échange de renseignements et aux recherches conjointes par l’entremise de cadres multilatéraux, comme les accords Artemis dirigés par les États-Unis. Ces accords non contraignants renforcent les dispositions du Traité sur l’espace extra-atmosphérique de 1967 sur la base des interprétations américaines de l’extraction des ressources autorisée par le traité. Cinquante-six États en sont signataires, y compris le Canada, l’Inde et la Corée du Sud.
Parallèlement, le Japon continue d’approfondir sa collaboration axée sur la sécurité dans le domaine spatial avec les États-Unis, notamment en participant à des initiatives de connaissance de la situation spatiale et de multiplication des constellations de satellites pour détecter les missiles et en collaborant plus étroitement sur le plan tactique au sein de l’alliance en vue de contrer les capacités spatiales croissantes de la Chine. En substance, le Japon cherche à adopter aujourd’hui une posture plus affirmée en matière de défense spatiale et à renforcer son harmonisation stratégique avec les États-Unis. Or, Beijing estime que ces actions ont un effet déstabilisateur.
Reconnaissant la double utilisation des technologies spatiales, le Japon intègre aujourd’hui l’espace dans sa stratégie de défense générale, mettant l’accent sur la résilience et l’interopérabilité avec ses alliés. Le système satellitaire Quasi-Zenith illustre le désir du Japon d’acquérir des capacités indépendantes, mais compatibles avec ses pays alliés, pour en faire les principaux éléments constitutifs de sa sécurité nationale. Outre la navigation, le Japon investit dans la connaissance de la situation spatiale, les communications par satellite et les capacités de détection précoce afin de réduire sa vulnérabilité en cas de conflit. Ces initiatives cadrent avec la nouvelle politique générale du pays, qui tend davantage vers un rôle de sécurité plus proactif, et démontrent comment l’espace est devenu un domaine central de la coopération en matière de dissuasion et d’alliance. Parallèlement, le Japon cherche à équilibrer son partenariat avec les États-Unis en adoptant une approche diplomatique diversifiée, reconnaissant que la résilience des capacités spatiales dépend également d’une collaboration internationale à grande échelle.
Outre son alliance avec les États-Unis, le Japon maintient activement des relations diplomatiques dans le secteur spatial avec un réseau croissant de partenaires, y compris des pays de l’Union européenne et le Canada. En juillet 2024, l’Agence spatiale canadienne a réitéré son engagement à travailler avec la JAXA sur des priorités communes, comme le partage de données satellites, l’harmonisation réglementaire et la durabilité spatiale.
Par exemple, le Japon collabore de plus en plus avec l’Inde en ce qui concerne le secteur spatial. Les deux pays cultivent un partenariat toujours plus fructueux par l’entremise d’un dialogue politique de haut niveau et d’initiatives commerciales. En avril 2025, le troisième du dialogue nippo-indien sur l’espace a réuni des représentants de la JAXA, de l’Organisation de recherche spatiale de l’Inde et de divers ministères qui ont discuté de domaines d’intérêt mutuel, y compris la navigation par satellite, la connaissance de la situation spatiale, les normes mondiales, la collaboration commerciale et une plus grande coordination bilatérale en vertu du cadre du dialogue quadrilatéral pour la sécurité (Quad).
Du côté du secteur privé, l’entreprise japonaise Infostellar et l’entreprise indienne Dhruva Space ont signé un accord d’intégration de station terrestre qui lie l’antenne de Dhruva qui se trouve à Hyderabad au réseau StellarStation d’Infostellar en vue d’accroître l’interopérabilité des communications par satellite dans la région de l’Asie-Pacifique.
Sur le plan de l’innovation commerciale, l’entreprise Orbital Lasers, établie à Tokyo, et l’entreprise de robotique indienne InspeCity ont accepté de réaliser des études conjointes sur les satellites dotés de lasers capables de neutraliser les débris spatiaux en pulvérisant une partie de la surface d’une cible pour ralentir sa rotation, une technologie qu’elles souhaitent mettre à l’essai en orbite d’ici 2027. Pendant ce temps, l’entreprise japonaise Astroscale et les jeunes entreprises indiennes Digantara et Bellatrix Aerospace ont formé un consortium afin d’offrir des services d’élimination des débris et d’entretien en orbite pour leurs clients indiens. Cette initiative constitue le premier projet d’Astroscale en Asie-Pacifique et à l’extérieur du Japon. Pour terminer, les deux pays ont décidé de collaborer dans le cadre de leurs activités d’exploration lunaire, alors que la mission conjointe LUPEX (Chandrayaan-5) devrait être déployée en 2028-2029 pour explorer le pôle Sud de la Lune à l’aide du véhicule japonais H3 et d’un véhicule lunaire indien. Ensemble, ces efforts font évoluer la relation multidimensionnelle dans le secteur spatial entre le Japon et l’Inde et rapprochent les politiques gouvernementales, l’innovation commerciale et l’exploration scientifique à long terme.
Le Japon participe également activement aux efforts internationaux visant à façonner les règles et les normes qui régissent les activités dans l’espace. Il contribue de manière significative à des initiatives comme les accords Artemis, qui encouragent l’adoption de comportements responsables en matière d’exploration lunaire et d’utilisation des ressources, et prend part à des dialogues multilatéraux en matière de sécurité, comme le Quad, qui met de plus en plus l’accent sur la collaboration spatiale. Le Quad est composé de l’Australie, de l’Inde, du Japon et des États-Unis. Le Japon joue également un rôle de premier plan dans des forums internationaux comme le Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique des Nations unies.
Le Japon s’efforce également de diriger les discussions mondiales sur la création de règles internationales sur l’élimination des débris spatiaux. Le Bureau du Conseil des ministres japonais a mis sur pied un groupe d’experts dont le mandat consiste à formuler des propositions pour réduire les débris orbitaux et à rédiger des plans de présentation à temps pour la réunion de 2026 du Comité des utilisations pacifiques de l’espace extra-atmosphérique des Nations unies. Les débris orbitaux, en particulier ceux qui mesurent plus de 1 cm, peuvent grandement endommager les satellites. Selon l’Agence spatiale européenne, il y avait environ plus de 1,2 million de ce type de débris dans l’espace en 2024. Alors que plus d’organisations gouvernementales et privées devraient lancer des satellites et des « mégaconstellations » (vastes groupes de centaines de milliers de satellites individuels qui fonctionnent en système), le besoin de gérer et d’éliminer les débris existants est pressant. En raison de ses technologies et du soutien qu’il accorde aux acteurs commerciaux dans le secteur spatial, le Japon est bien placé pour diriger la création de règles et de normes sur la gestion et l’élimination des débris spatiaux.
Les ambitions communes du Canada et du Japon
Alors que les activités spatiales deviennent de plus en plus diluées et compétitives à l’échelle mondiale, le Japon joue un rôle de plus en plus important en raison de sa fiabilité, de sa capacité d’innovation et de son engagement diplomatique. Le Japon et le Canada, qui sont deux des puissances moyennes, mais technologiquement avancées, ont trouvé un terrain d’entente en ce qui concerne la gouvernance de l’espace et le développement du secteur spatial.
La réunion de juillet 2025 entre l’Agence spatiale canadienne et la JAXA a permis de réaffirmer ce partenariat productif. La collaboration porte sur la SSI, la Charte internationale « Espace et catastrophes majeures » et le partage de données d’observation de la Terre. Les deux pays s’emploient à mettre au point des technologies d’exploration lunaire complémentaires pour favoriser une présence humaine durable et à faire progresser la nouvelle génération de capacités en matière de sécurité et de durabilité. Lors de sa visite à Tokyo, la délégation canadienne a participé à la conférence SPACETIDE, le principal forum sur le secteur spatial japonais dirigé par le secteur privé, qui réunit des représentants du gouvernement et du secteur, des investisseurs et des partenaires internationaux pour façonner le développement commercial de l’espace. La délégation a utilisé cette occasion pour mettre en valeur ses capacités industrielles et mobiliser le secteur spatial du Japon, jetant les bases de futurs partenariats.
En combinant les forces du Canada dans les domaines de la robotique, de l’observation de la Terre et de la science de l’espace lointain à l’expertise du Japon en matière d’innovation satellitaire, d’atténuation des débris et de lancement, les deux pays sont bien placés pour relever les défis commerciaux et politiques ensemble. Leur engagement bilatéral illustre la façon dont la collaboration peut amplifier les capacités qui pourraient autrement être éclipsées par de plus grands acteurs.