Au sommet de l’OTAN, les intérêts de l’Europe et de l’Asie en matière de sécurité se croisent

Les dirigeants des pays de l’OTAN se sont réunis à Washington, D.C. cette semaine pour discuter de la sécurité mondiale et de l’avenir de l’alliance militaire créée il y a 75 ans. Le sommet des dirigeants s’est déroulé alors que les élections et les divisions se multiplient à travers le monde, mettant à l’épreuve la détermination et changeant le visage de l’organisation de 32 pays, qui a récemment confirmé l’adhésion de la Suède.

Pour la troisième année de suite, les dirigeants de l’Australie, du Japon, de Nouvelle-Zélande et de Corée du Sud ont participé au sommet. Aujourd’hui, ces quatre pays de l’Indo-Pacifique devraient rencontrer leurs homologues du Canada, de l’Union européenne et des États-Unis pour discuter, entre autres, de la cybersécurité, des technologies émergentes et de la lutte contre la désinformation, parmi d’autres problèmes.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a récemment averti des dangers de l’expansion de la coopération militaire entre la Corée du Nord et la Russie, affirmant la semaine dernière que le partenariat constituait « une menace distincte et un grave défi à la paix et à la sécurité dans la péninsule coréenne et en Europe. » Le premier ministre japonais Kishia Fumio a également fait le lien entre l’Asie et l’Europe en ce qui concerne la sécurité, déclarant au Congrès américain au mois d’avril que « l’Ukraine d’aujourd’hui pourrait devenir l’Asie de l’Est de demain ».

Le projet de bureau de liaison de l’OTAN à Tokyo aurait été abandonné l’année dernière à la suite des inquiétudes de la France, qui craignait que le bureau ne contrarie inutilement Beijing. L’OTAN a désigné la Chine comme un « défi sécuritaire » en 2022, et un représentant officiel des États-Unis a déclaré cette fin de semaine que cette année, la version préliminaire du communiqué de l’OTAN contenait un langage « très ferme » en ce qui concerne la Chine.
 

Le voyage de M. Orbán et les paroles de Trump suscitent l’intérêt de l’OTAN

Le premier ministre hongrois Viktor Orbán, dont le pays a accédé à l’OTAN en 1999, a récemment visité Kiev, Beijing et, de manière controversée, Moscou, où il a rencontré le président russe, Vladimir Poutine. M. Orbán a présenté ses voyages comme une « mission de paix », affirmant que la Hongrie est « lentement en train de devenir le seul pays en Europe qui peut parler à tout le monde ». La Hongrie a assumé la présidence tournante de l’Union européenne plus tôt ce mois-ci.

La prochaine élection présidentielle aux États-Unis a également pesé sur les discussions de l’OTAN cette semaine. L’ancien président américain Donald Trump, actuellement candidat à la réélection, a déclaré le mois dernier qu’offrir l’adhésion à l’OTAN à l’Ukraine était une « erreur », alors qu’un ancien représentant officiel principal de l’administration Trump a déclaré à Politico que si Trump était réélu, les alliés de l’OTAN d’Europe de l’Est pouvaient s’attendre à un soutien moindre de la part de Washington. Trump a également qualifié le Canada de « légèrement en retard » en matière de dépenses militaires.

Les membres de l’OTAN ont décidé en 2014 d’augmenter les dépenses militaires jusqu’à 2 % du PIB. 23 d’entre eux ont atteint ce seuil. Le Canada, qui consacre 1,34 % de son PIB aux dépenses militaires, ainsi que huit autres membres, ne l’ont pas encore atteint. Le président de la Chambre des États-Unis, Mike Johnson, a affirmé lundi dernier que le retard du Canada en matière de dépenses militaires était « honteux ».
 

Bill Blair reconnaît des « défis »

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a été rejoint à Washington par la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et par le ministre de la Défense, Bill Blair. Lundi, M. Blair a été interviewé par le magazine Foreign Policy et a affirmé qu’il était « complètement en accord avec les alliés que le Canada devait effectuer davantage de dépenses militaires. »

Il a également admis que les Forces armées canadiennes faisaient face à « de vrais problèmes de dotation en personnel », un langage plus modéré qu’il y a quatre mois, quand il a qualifié de « spirale de la mort » le déficit historique de l’armée en matière de recrutement.

Jens Stoltenberg, le secrétaire général sortant de l’OTAN, a visité le Canada en juin. Il a à la fois félicité Ottawa et l’a poussée à agir, saluant le soutien « important et concret » de l’Ukraine par le Canada, tout en encourageant le gouvernement à prioriser des dépenses militaires supplémentaires. La députée libérale Julie Dzerowicz, présidente de l’Association parlementaire canadienne de l’OTAN, a déclaré cette semaine que « le Canada a l’intention de dépasser l’objectif des 2 % », mais n’a pas fourni de calendrier exact.