Le 9 octobre vers 23 h, le camp de personnes déplacées de Mung Lai Hkyet, dans le Nord de l’État de Kachin, au Myanmar, a été attaqué, faisant au moins 29 morts, dont la moitié sont des enfants.
Le camp, créé en 2011 après l’échec d’un accord de cessez-le-feu entre l’Armée d’indépendance kachin (KIA) et l’armée, accueille environ 850 personnes qui ont fui la junte. La KIA, l’un des groupes d’insurgés les plus puissants du Myanmar, est le bras armé de l’Organisation pour l’indépendance kachin, un groupe politique ethnique qui lutte pour l’autonomie du Kachin.
Le NUG, les États-Unis et le Royaume-Uni accusent l’armée de frappes d’artillerie
Le Gouvernement d’unité nationale (NUG), démocratiquement élu et ensuite destitué lors du coup d’État de 2021, a attribué l’attaque à la junte, tout comme l’ambassade du Royaume-Uni à Yangon, tandis que le Département d’État américain a fermement condamné les attaques incessantes du régime. Le ministre des Droits de l’homme du NUG, Aung Myo Min, a qualifié cette attaque de « crime de guerre ».
La junte a attribué la cause du raid au stock d’armes de la KIA, qu’elle considère comme « probablement » à l’origine de l’attaque.
Le commerce des armes persiste malgré les sanctions
La junte au pouvoir a tué des milliers de personnes au Myanmar depuis le coup d’État de 2021. En octobre 2022, des raids aériens militaires ont tué près de 80 insurgés et civils lors d’un festival organisé par la KIA dans l’État de Kachin. Au cours du premier semestre de 2023 seulement, la junte a été accusée d’avoir mené une moyenne de 30 frappes aériennes par mois. En raison de cette violence, certains médias et groupes humanitaires ont exprimé leur inquiétude quant à l’efficacité des sanctions internationales et des embargos qui lui sont imposés.
Selon un rapport de l’ONU publié au début de l’année, des entités privées basées en Russie, en Chine et à Singapour figurent en tête de liste des sources d’approvisionnement en armes de l’armée du Myanmar. Alors que la Russie et la Chine ont soutenu le régime militaire, Singapour a dénoncé l’usage de la force par l’armée contre les civils.
Toutefois, selon le groupe de défense Justice for Myanmar, Singapour – un autre État membre de l’ANASE – abrite également au moins neuf magnats de l’industrie du Myanmar accusés de financer la junte. Afin d’endiguer ce type de financement, la United Overseas Bank de Singapour, l’une des principales banques commerciales du pays, a déclaré le 1er septembre qu’elle restreindrait toutes les transactions financières à destination et en provenance du Myanmar.