Bill Blair, ministre canadien de la Défense, était à Singapour cette fin de semaine pour le Shangri-La Dialogue, un rassemblement annuel de hauts responsables de la défense, d’universitaires et de journalistes.
M. Blair a rencontré son homologue chinois, Dong Jun, lors de la première rencontre entre les chefs militaires du Canada et de la Chine depuis 11 ans. Le rapport d’Ottawa indique que M. Blair a soulevé des inquiétudes par rapport à Taïwan, à l’ingérence étrangère et au soutien économique de la Russie par la Chine. M. Blair a également souligné à deux reprises que « des communications ouvertes [...] sont essentielles ».
Le dialogue bilatéral sur la défense s’est intensifié dernièrement : en avril, le commandant de la marine canadienne a participé à un symposium naval à Qingdao et a été « le premier officier militaire canadien de haut rang à séjourner en Chine depuis la fin 2019 », selon Ottawa Citizen.
En marge du Shangri-La Dialogue, M.Blair a parlé à sept autres chefs militaires, y compris ses homologues du Japon, des Philippines et de la Corée du Sud. Bill Blair a également annoncé le déploiement de trois navires canadiens à Hawaï dans le cadre de l’exercice Rim of the Pacific, un exercice militaire de 29 pays dont la composante navale sera dirigée par un Canadien.
Beijing avertit les Philippines et Taïwan
M. Dong, anciennement en charge de la marine chinoise, a été nommé à son poste il y a six mois, suite à la « disparition » temporaire de son prédécesseur, Li Shangfu, qui a ensuite été renvoyé en raison d’allégations de corruption.
Les remarques de M. Dong au Shangri-La Dialogue ont porté sur Taïwan. Il a dit que « quiconque ose séparer Taïwan de la Chine finira par s’autodétruire » et a accusé le parti démocrate progressiste au pouvoir à Taïwan « d’encourager les séparatistes indépendantistes ». Même s’il n’a pas spécifiquement nommé les Philippines, M. Dong a accusé « un certain pays encouragé par des puissances extérieures » de compromettre la stabilité de la région.
Dans un discours inaugural, Ferdinand Marcos Jr, président des Philippines, a évoqué le conflit entre son pays et Beijing en mer de Chine méridionale, déclarant que : « Les Philippins ne cèdent pas ». M. Marcos Jr a vraisemblablement tracé une « ligne rouge », déclarant que si un citoyen philippin était tué dans un « acte délibéré », cela serait « très, très proche d’un... acte de guerre ».
Volodymyr Zelenskyy, président de l’Ukraine, a également participé au Dialogue. Il a critiqué la Chine pour avoir prétendument dissuadé des pays de participer à un prochain sommet de paix sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine.
L’Indo-Pacifique demeure la « priorité » de Washington
Lloyd Austin, secrétaire américain à la Défense, a déclaré à des délégués pendant le Shangri-La Dialogueque les États-Unis considéraient l’Indo-Pacifique comme « plus essentielle que jamais », et que, malgré les conflits en Europe et au Moyen-Orient, la région « demeurait [leur] théâtre d’opérations prioritaire ».
Le jour avant le discours d’Austin, la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis ont annoncé un nouveau dialogue trilatéral entre les vice-ministres des Affaires étrangères. Kurt Campbell, secrétaire d’État adjoint des États-Unis, a réitéré que les engagements de Washington à défendre le Japon et la Corée du Sud s’appuyaient sur « l’ensemble des capacités, y compris le nucléaire ».