Le différend entre le Cambodge et la Thaïlande s’aggrave alors que l’ANASE et Trump plaident en faveur d’une trêve

Une querelle frontalière vieille de plusieurs décennies entre le Cambodge et la Thaïlande s’est aggravée la semaine dernière, faisant échouer une trêve précaire signée en octobre et ravivant de violents combats le long de la frontière commune de 817 kilomètres.

Depuis le 8 décembre, le conflit a fait 16 morts parmi les soldats thaïlandais et 16 parmi les civils. Le Cambodge a pour sa part fait état de 17 morts parmi les civils et de 77 blessés. On estime à 800 000 le nombre de personnes déplacées.

La plupart des combats se sont déroulés le long de la frontière, mais le ministère cambodgien de la Défense a affirmé lundi que des F-16 thaïlandais avaient bombardé un pont situé à 70 kilomètres à l’intérieur du territoire cambodgien.

Vendredi dernier, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il avait fait pression sur les deux parties pour qu’elles cessent (à nouveau) les combats. Mais le premier ministre thaïlandais, Anutin Charnvirakul, a rejeté cette déclaration, déclarant le lendemain que la Thaïlande continuerait à se battre.

La plus récente escalade du conflit s’est déroulée en mai, lorsqu’un soldat cambodgien a été tué le long de la frontière. De vives altercations ont éclaté deux mois plus tard. Les origines du conflit remontent au traité franco-siamois, signé en 1907, qui a établi une grande partie de la frontière actuelle entre le Cambodge et la Thaïlande.

Le Cambodge compte 17,6 millions d’habitants, et son PIB s’élève à 46,4 milliards $ US. Quant à la Thaïlande, sa population atteint les 71,6 millions d’habitants, et son PIB se chiffre à 526,4 milliards $ US.

Rassemblement autour du drapeau

Anutin Charnvirakul espère profiter de la « ferveur nationaliste » de la Thaïlande. Le nouveau premier ministre, en poste depuis seulement trois mois, a dissous le parlement thaïlandais la semaine dernière afin d’éviter un périlleux vote de défiance. Les élections sont désormais prévues pour le 8 février, avec plusieurs mois d’avance sur le calendrier.

Même si certains électeurs se rallient autour du drapeau, l’issue du scrutin est loin d’être certaine : un récent sondage réalisé auprès de 2 500 électeurs thaïlandais par l’Institut national d’administration du développement a révélé que 40,6 % des personnes interrogées estimaient qu’il n’y avait pas de candidat « convenable » pour le poste de premier ministre.

En outre, 17,2 % des personnes interrogées ont porté leur choix sur Natthaphong Ruengpanyawut, le chef du Parti du peuple (anciennement le parti Move Forward), tandis qu’à peine 12,3 % ont choisi Anutin Charnvirakul.

L’ANASE à la recherche d’une trêve hors de portée

Avec le Cambodge et la Thaïlande qui s’affrontent, l’ANASE a du pain sur la planche : la guerre civile sanglante du Myanmar fait rage depuis février 2021 et, malgré les tentatives largement « réactives » de l’organisation pour résoudre le conflit, la situation n’est pas près de s’améliorer.

L’ANASE devait initialement tenir une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères sur « la situation au Cambodge et en Thaïlande » mardi, mais la Thaïlande a demandé que la réunion soit reportée au 22 décembre. Le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, a déclaré aux médias : « Nous continuons à leur demander de cesser les combats. C’est très important. »

Mais même si un cessez-le-feu était conclu, de nouvelles flambées sont susceptibles de survenir dans les mois à venir. Donald Trump, dans sa quête du prix Nobel de la paix, peut réclamer une nouvelle trêve, mais les combats persisteront probablement tant que les deux parties ne s’engageront pas dans un dialogue constructif.