Le 9 juin, le Japon a apporté deux changements notables à ses politiques et lois en matière de migration. Tout d'abord, le cabinet japonais a approuvé l'extension du visa pour cols bleus afin de permettre aux travailleurs de neuf secteurs supplémentaires de renouveler leur permis de séjour indéfiniment, une décision saluée par les milieux d'affaires japonais. Deuxièmement, la chambre haute a adopté un projet de loi controversé sur l'immigration permettant aux autorités d'expulser de force les demandeurs d'asile. Malgré le nombre croissant d'étrangers au Japon, le pays ne dispose pas d'un système d'immigration global. Il dispose plutôt de politiques migratoires fragmentées et souvent contradictoires, supervisées par divers organismes gouvernementaux.
Ouvrir la porte à davantage de travailleurs de longue durée
Le programme japonais pour les travailleurs qualifiés (Specified Skilled Worker - SSW) est divisé en deux types de visas : le premier est de type 1 et le second de type 2. Le visa de type 1 permet aux étrangers possédant des compétences spécifiques et une certaine maîtrise du japonais de séjourner et de travailler au Japon pour une durée maximale de cinq ans. Le visa de type 2, qui permet aux titulaires de renouveler leur visa et de faire venir leur famille au Japon, était auparavant limité aux secteurs de la construction et de la construction navale, tandis que les titulaires d'un visa pour le secteur des soins infirmiers pouvaient prétendre à une qualification distincte en matière de résidence à long terme. Désormais, les titulaires de visas dans neuf autres secteurs pourront également prétendre au visa de type 2, qui permet d'obtenir une résidence permanente, contrairement au visa de type 1.
Mais ces changements ne garantissent pas que le Japon attirera suffisamment de travailleurs étrangers pour combler les postes vacants. Une étude réalisée en mars 2023 par le groupe de réflexion Recruit Works Institute, dont le siège est à Tokyo, a révélé que le pays pourrait être confronté à une pénurie de plus de 11 millions de travailleurs d’ici 2040. Tandis que la concurrence pour la main-d'œuvre migrante s'intensifie dans la région, la faiblesse du yen, les bas salaires et les conditions de travail parfois difficiles du Japon pourraient rendre d'autres destinations proches – notamment la Corée du Sud et Taïwan – plus attrayantes.
Désormais, il est possible d'expulser les réfugiés
Les nouveaux changements apportés à la procédure de sélection des réfugiés, déjà très stricte, sont plus controversés. Bien que le projet de loi sur l'immigration récemment adopté ait créé une nouvelle catégorie de « personnes protégées complémentaires » pour permettre aux personnes fuyant un conflit violent de résider au Japon, la définition du terme « réfugié » reste limitée à la convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés, qui couvre les personnes persécutées en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leurs opinions politiques ou de leur appartenance à un groupe social. Il sera également possible d'expulser les personnes dont la demande de statut de réfugié a été rejetée deux fois. En revanche, auparavant, le gouvernement ne pouvait pas expulser une personne qui avait demandé ou demandait le statut de réfugié. Le gouvernement affirme que ce changement améliorera le traitement que le Japon réserve aux demandeurs en réduisant la fréquence et le temps passé dans les centres de détention dans l'attente d'une approbation. Les critiques au Japon et à l'étranger affirment toutefois que ce changement pourrait mettre en danger les demandeurs qui seraient en situation de vulnérabilité s'ils étaient contraints de retourner dans leur pays d'origine.