Le 9 juin, le Japon a apporté deux modifications majeures à son système d'immigration. Tout d'abord, il va assouplir les restrictions imposées aux travailleurs étrangers, une mesure saluée par les milieux d'affaires du pays. D'autre part, il élargira les critères applicables aux demandes de statut de réfugié. Toutefois, le pays facilite également l'expulsion des personnes dont la demande de statut de réfugié a été rejetée.
Le Japon est confronté à une grave pénurie de main-d'œuvre en raison de la diminution de la population en âge de travailler, mais son taux de chômage n'est que de 2,6 %.
Concurrence accrue pour les travailleurs
Le visa de travailleur qualifié spécifié du Japon, une catégorie auparavant limitée aux secteurs de la construction, de la construction navale et des soins aux personnes âgées, sera désormais ouvert aux candidats d'autres secteurs de main-d'œuvre qualifiée, tels que l'agriculture, l'industrie manufacturière et l'hôtellerie et la restauration. Les titulaires de ces visas peuvent faire venir leur famille au Japon et renouveler leur permis de travail indéfiniment.
Mais ces changements ne garantissent pas que le Japon attirera suffisamment de travailleurs étrangers pour combler les postes vacants. Une étude réalisée en mars 2023 par le groupe de réflexion Recruit Works Institute, dont le siège est à Tokyo, a révélé que le pays pourrait être confronté à une pénurie de plus de 11 millions de travailleurs d'ici 2040.
Le visa n'offre toujours pas de voie d'accès à la citoyenneté, et la faiblesse du yen pourrait rendre plus attrayantes d'autres destinations d'immigration proches, telles que la Corée du Sud et Taïwan.
Ouvrir – et fermer – la porte aux réfugiés
Les changements apportés au système japonais d'accueil des réfugiés, déjà très strict, sont plus controversés. Auparavant, les demandes de réfugiés n'étaient ouvertes qu'aux personnes persécutées en raison de leur race, de leur religion ou de leur nationalité. Désormais, les personnes fuyant un conflit violent sont également concernées.
Cependant, il sera également plus facile d'expulser les personnes dont la demande de statut de réfugié a été rejetée trois fois. Ce changement a été motivé par la crainte que certains demandeurs n'abusent du système pour prolonger leur séjour dans le pays à des fins professionnelles. Les critiques au Japon et à l'étranger affirment que ce changement pourrait mettre en danger les demandeurs qui seraient en situation de vulnérabilité s'ils étaient contraints de retourner dans leur pays d'origine.