Les électeurs japonais se rendront aux urnes le 27 octobre dans le cadre d’élections anticipées lancées par le nouveau premier ministre japonais Shigeru Ishiba, un « accro de la défense » autoproclamé ayant élaboré des plans pour une « OTAN asiatique » et déterminé à réviser un traité de sécurité clé avec les États-Unis.
L’ascension de l’homme de 67 ans à la haute direction du Japon a été durement gagnée : cet « éternel quidam » s’est présenté à cinq courses à la chefferie du Parti libéral démocrate (LDP). Il a remporté de justesse le scrutin de la semaine dernière contre la conservatrice favorite Sanae Takaichi, qui, en cas de victoire, serait devenue la première femme première ministre du japon.
M. Ishiba a dévoilé son cabinet mardi, nommant l’ancien ministre de la Défense, Takeshi Iwaya, ministre des Affaires étrangères. Le nouveau premier ministre a gardé Yoshimasa Hayashi comme secrétaire général du Cabinet; ce dernier agira à titre de député de facto de M. Ishiba.
Il n’y a que deux femmes dans le cabinet de M. Ishiba, qui compte vingt personnes. Seules sept des vingt personnes nommées ont une expérience préalable en cabinet.
Shigeru Ishiba, membre de la Chambre basse du Japon depuis 1986, a occupé les postes de ministre de la Défense du Japon (2007-2008), de ministre de l’Agriculture (2008-2009) et de ministre de la Revitalisation rurale (2014-2016). Il a également été directeur général de l’Agence de défense du Japon, qui a précédé le ministère de la Défense.
Le LDP, marqué par une longue liste de scandales récents, domine la politique japonaise : le parti a été au pouvoir de façon quasi continue depuis 1955. Toutefois, une victoire du LDP aux prochaines élections n’est pas garantie.
Une « OTAN asiatique »?
Dans son discours de victoire la semaine dernière, Shigeru Ishiba a fait allusion à sa vision d’une « OTAN asiatique », déclarant : « Dans une ère de déclin de la puissance américaine, la question est de savoir comment créer un système collectif de sécurité dans la région. Nous devrions réfléchir à une combinaison organique de plusieurs de nos alliances. »
Le ministre indien des Affaires externes, S. Jaishankar, a rejeté cette idée mardi, déclarant à un public de Washington, D.C., que « [l’Inde n’a] pas ce type d’architecture stratégique en tête. »
Washington se montre également sceptique. Il y a trois semaines, le secrétaire d’État adjoint américain pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique a dit qu’il était « trop tôt pour parler de sécurité collective dans ce contexte », préférant se concentrer plutôt sur « l’architecture formelle existante de la région. »
M. Ishiba cherche à renforcer ses liens avec les pays « amis » (et Taïwan) et devrait renforcer deux « héritages » clés de Fumio Kishida : l’augmentation des dépenses liées à la défense et la poursuite du dialogue avec la Corée du Sud.
Le nouveau premier ministre s’affirmera probablement davantage que M. Kishida dans ses relations avec les États-Unis. Mardi, il a réitéré ses intentions de réviser le traité de sécurité « asymétrique » de 1960 entre les États-Unis et le Japon, qui force le Japon à « fournir des bases » aux États-Unis. M. Ishiba espère que Washington autorisera les Forces d’autodéfense japonaises à se positionner à Guam, un territoire insulaire dans le Pacifique occidental, afin de « renforcer les capacités de dissuasion ».
M. Ishiba a également exprimé son scepticisme à propos de l’objection de Washington au projet de rachat de U.S. Steel par Nippon Steel « pour des raisons de sécurité ».
Justin Trudeau accueille M. Ishiba
Mardi, le premier ministre canadien Justin Trudeau a félicité Shigeru Ishiba, déclarant dans un communiqué de presse que « le Canada et le Japon entretiennent des relations fondées sur des valeurs communes et des liens économiques et culturels étroits. »
M. Trudeau aura l’occasion de rencontrer M. Ishiba au sommet de l’ANASE au Laos la semaine prochaine.
La semaine dernière, Ottawa a mis sur pied le Commandement Cyber des Forces armées canadiennes (FAC), qui renforcera les capacités cybernétiques des FAC et complémentera la contribution du Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CST) à l’alliance des services de renseignement du Groupe des cinq.
Tokyo avait précédemment manifesté son intérêt à se joindre à cette alliance, bien que son adhésion à court terme soit peu probable.