Cette semaine, dans le cadre de son premier voyage à l’étranger en 2025, le président chinois Xi Jinping s’est rendu en Asie du Sud-Est pour y présenter la Chine comme un partenaire fiable pour le Vietnam, la Malaisie et le Cambodge, trois pays durement touchés par les droits de douane américains, et signer une multitude d’accords sur l’IA, les chaînes d’approvisionnement et la coopération maritime, entre autres.
Ce voyage, qui débutait lundi au Vietnam, témoigne de la volonté de Beijing d’approfondir ses relations avec la région – où se trouvent certains des partenaires commerciaux les plus importants de la Chine – et d’établir un contraste entre une Chine « stable et fiable » et un « intimidateur » imprévisible, à savoir les États-Unis.
À Hanoï, M. Xi s’est entretenu avec To Lam, chef du parti communiste vietnamien au pouvoir, et a plaidé en faveur d’une « coopération plus substantielle en matière de sécurité et d’une coordination plus étroite dans les affaires multilatérales ». M. Xi a également proposé de faire passer le dialogue « 3+3 » entre les deux pays sur la diplomatie, la défense et la sécurité, lancé l’année dernière, de l’échelon vice-ministériel à l’échelon ministériel. MM. Xi et Lam ont signé 45 documents de coopération bilatérale, portant notamment sur l’IA, le commerce agricole et la culture.
Le président américain Donald Trump a déclaré que M. Xi et le Vietnam ne font qu’« essayer de comprendre comment saboter les États-Unis d’Amérique ». M. Trump a ensuite imposé à la Chine des droits de douane « réciproques » de 46 %, qui ont été suspendus la semaine dernière pendant 90 jours. Au lendemain du « Jour de la libération », les autorités vietnamiennes ont fait des concessions aux États-Unis, notamment en supprimant les barrières non tarifaires et en réduisant les exportations « sensibles » vers la Chine. Le Vietnam et les États-Unis travailleraient actuellement à la conclusion d’un nouvel accord commercial.
Hanoï devrait bénéficier des plus récentes « exemptions » tarifaires des États-Unis. Bien que les ordinateurs portables, les téléphones et d’autres produits électroniques importés soient exemptés des droits de douane américains (pour l’instant), un droit de douane général de 20 % sur la Chine s’applique toujours à ces produits, ce qui rend les marchés tels que le Vietnam, l’Inde et Taïwan plus concurrentiels.
Le message brutal des États-Unis sur les droits de douane a aliéné bon nombre de leurs partenaires commerciaux de longue date et a encouragé Beijing à se présenter non seulement comme une victime de l’« intimidation » des États-Unis, mais aussi comme la championne du « Sud mondial » lésé.
Le commerce et la défense au cœur des discussions
Mercredi, à Kuala Lumpur, M. Xi a rencontré le premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui préside également l’ANASE cette année. Dans un essai sur les relations Chine-Malaisie publié cette semaine, M. Xi a mis l’accent sur les liens historiques entre les deux pays et sur leur coopération dans les forums multilatéraux et régionaux, en insistant particulièrement sur l’ANASE et les BRICS+, un groupe que la Malaisie a demandé à rejoindre en juillet dernier.
La Chine est le plus important partenaire commercial de la Malaisie depuis 2009; le commerce bilatéral atteindra 212 G$ en 2024. Beijing a également investi des milliards de dollars en Malaisie dans le cadre de son initiative « la nouvelle route de la soie ». La liaison ferroviaire de la côte est de la Malaisie, d’une longueur de 688 kilomètres – soit environ la distance entre Toronto et Québec – est un projet « emblématique » de la nouvelle route de la soie, qui relie les principaux ports des côtes est et ouest de la Malaisie.
M. Xi termine aujourd’hui sa tournée au Cambodge. Les discussions avec le premier ministre cambodgien Hun Manet porteront probablement davantage sur la défense et la sécurité, et notamment sur les récentes améliorations apportées par la Chine à la base navale cambodgienne de Ream. Ces travaux comprennent une grande jetée qui « peut accueillir des navires de guerre tels que des porte-avions, navires dont la marine cambodgienne ne dispose pas », selon le SCMP.
Beijing à la recherche d’acheteurs
M. Xi semble ouvert à discuter avec M. Trump, mais il est peu probable qu’il soit le premier à céder, ce qui oblige la Chine à courtiser d’autres partenaires commerciaux importants, y compris l’Union européenne. La semaine dernière, par exemple, M. Xi a accueilli le premier ministre espagnol Pedro Sánchez à Beijing. Les deux dirigeants ont convenu de « stimuler le développement constant des relations entre la Chine et l’UE ».
L’Union européenne, quant à elle, craint que certains produits chinois, réorientés depuis les États-Unis, n’inondent le marché européen, au détriment de ceux de producteurs nationaux.