Les divergences sur Gaza et l’Ukraine perturbent le forum UE-ANASE

Vendredi dernier, 70 délégations de toute l’Europe et de la région indo-pacifique se sont rendues à Bruxelles pour discuter des changements climatiques, du commerce et de la sécurité régionale à l’occasion du troisième forum ministériel UE–indo-pacifique.

Environ 40 % des importations de l’UE viennent de la région indo-pacifique, et l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) est un partenaire important de l’UE. L’UE est devenue un « partenaire stratégique » de l’ANASE en 2020, a dévoilé sa stratégie pour l’Indo-Pacifique en 2021 et a nommé un envoyé spécial pour la région la même année.  
 

Des commentaires et une déclaration commune soulignent les différences

Le forum ministériel UE-ANASE, plus exclusif, a produit une déclaration commune en 37 points mettant l’accent sur les « valeurs partagées » de l’UE et de l’ANASE et leurs intérêts communs en matière de sécurité maritime, de développement durable, de sécurité alimentaire et plus encore. Le diplomate principal de l’UE, Josep Borrell, a déclaré aux journalistes : « L’ANASE [...] est à l’épicentre de la région. Nous voulons améliorer nos relations [avec l’ANASE]. »

Mais les promesses et les éloges ont été éclipsés par des opinions divergentes sur la guerre Israël-Hamas. La ministre indonésienne des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a demandé à l’UE « d’écouter son cœur et de prendre la bonne décision » et « d’arrêter les atrocités à Gaza ». Le ministre des Affaires étrangères du Sri Lanka a déclaré à des journalistes que l’UE avait « un double standard en ce qui concerne le Moyen-Orient et le sort des Ukrainiens ». Les ministres des Affaires étrangères de l’Autriche et de la Finlande ont rejeté cette affirmation, et Borrel a remarqué que la « position commune minimale » de l’UE (soutenir les pauses humanitaires et la libération des otages) fera probablement l’objet d’un débat récurrent.

Le point 36 de la déclaration UE-ANASE souligne ces différences : les deux parties ont condamné « toutes les attaques contre les civils », mais la déclaration note seulement « l’appel de certains d’entre nous en faveur d’un cessez-le-feu durable ».
 

Ottawa accueille l’ANASE

Le Canada n’a pas encore établi de forum ministériel avec l’ANASE et demeure en dehors des mécanismes importants dirigés par l’ANASE, comme le sommet de l’Asie de l’Est ou la plateforme ASEAN Defence Ministers’ Meeting Plus. Cependant, en septembre 2023, Ottawa a fait passer ses relations avec l’ANASE à un « partenariat stratégique », un geste symbolique représentant la participation grandissante du Canada. Ce mois-là, au Sommet ANASE-Canada, Justin Trudeau, premier ministre du Canada, a déclaré que « le Canada s’engage à [...] être encore plus actif dans la région ».

La stratégie pour l’Indo-Pacifique de 2022 du gouvernement du Canada fait également état d’un « profond respect » pour la position centrale de l’ANASE dans la région, alors que les pourparlers sur un accord de libre-échange entre le Canada et l’ANASE (qui en est à son sixième cycle de négociations) se poursuivent. Les économies de l’ANASE représentent collectivement le quatrième plus grand partenaire commercial du Canada.