Les électeurs ont réprimandé le Parti libéral démocrate (LDP) lors des élections de la Chambre basse, lui arrachant sa majorité et portant un dur coup à son nouveau dirigeant, le premier ministre Ishiba Shigeru.
Le LDP d’Ishiba a remporté 191 sièges – contre 247 avant les élections – tandis que Komeito, le partenaire de coalition du LDP, a obtenu 24 sièges. Les 215 sièges des deux partis réunis n’atteignent pas le nombre requis de 233 pour une majorité à la Chambre des représentants.
Impassible, Ishiba a déclaré aux journalistes ce lundi que son parti « a été jugé de manière exceptionnellement dure par le public » et que « nous devons humblement et solennellement accepter cette situation, réfléchir sérieusement et travailler à un renouveau complet pour notre parti ».
Le résultat suscite une incertitude politique dans un pays grandement défini par la prévisibilité : le LDP conservateur a dirigé le Japon presque en continu depuis 1955, à l’exception des mandats de l’opposition en 1993-1994 et de 2009 à 2012.
Le principal parti d’opposition du Japon, le Parti démocrate constitutionnel, a obtenu 148 sièges lors des élections générales de dimanche, contre 98 auparavant.
Certains électeurs semblent avoir abandonné le LDP en raison de récents scandales du parti, de la faiblesse du yen (augmentation du coût des importations d’aliments et d’énergie), de la « volte-face » politique et de la hausse galopante des prix des marchandises de base.
Les salaires réels au Japon demeurent également assez stagnants. Après avoir bondi légèrement en juin pour la première fois en deux ans, les salaires ont décliné en août.
Les législateurs japonais doivent se rencontrer dans les 30 jours suivant une élection afin d’élire un nouveau premier ministre, le Nikkei rapportant qu’une séance parlementaire spéciale pourrait avoir lieu dès le 11 novembre.
Ishiba a dit le soir des élections que toute coalition potentielle dépendait « d’à quel point chaque parti souhaitait mettre en œuvre ses politiques ». Le Parti japonais de l’innovation et le Parti démocrate du peuple – qui détiennent respectivement 38 et 28 sièges – seraient disposés à travailler avec le LDP au cas par cas.
Le taux de participation électorale était de 53,9 %, le troisième taux le plus bas depuis la Seconde Guerre mondiale.
Toute politique est locale pour le moment
Les affaires étrangères du Japon attendront en raison du besoin urgent d’élire un premier ministre et de mettre sur pied un gouvernement. Le prochain premier ministre du pays aura vraisemblablement moins de latitude quant aux enjeux concernant les politiques étrangères, surtout si aucune coalition formelle n’a lieu et que le soutien parlementaire est obtenu vote par vote. Les politiques plus ambitieuses pourraient être temporairement suspendues.
Le leadership régional du Japon en matière d’initiatives de paix et de sécurité pourrait également diminuer à court terme. L’ancien premier ministre japonais Kishida Fumio a adopté une hausse historique des dépenses de défense, augmentant le budget de la défense du Japon de 16 % par année. Mais le financement durable de la défense dépend d’augmentations d’impôts n’ayant pas encore été mises en œuvre.
Une année d’urnes électorales
Le Japon est l’un des plus importants partenaires du Canada dans l’Indo-Pacifique. Ottawa doit à présent attendre qu’un gouvernement soit formé au Japon – la tension est palpable à l’approche des très importantes élections américaines.
Les élections japonaises couronnent une année de votes mémorables en Asie : des électeurs du Bangladesh, d’Inde, d’Indonésie, de Mongolie, du Pakistan, de la Corée du Sud, du Sri Lanka et de Taïwan se sont rendus aux urnes en 2024.