Les rencontres de Mme  Joly à Munich laissent présager un dégel des relations avec l’Inde et la Chine

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a rencontré le ministre indien des Affaires extérieures, S. Jaishankar, lors de la Conférence de Munich sur la sécurité qui s’est tenue cette fin de semaine. Aucune des deux parties n’a publié de compte-rendu, mais Mme Joly a mentionné sur Twitter qu’une « discussion franche » avait eu lieu sur les relations entre le Canada et l’Inde. M. Jaishankar a déclaré que la conversation « a été naturellement axée sur l’état actuel de nos relations bilatérales ».

De retour à New Delhi mardi, M. Jaishankar a chaleureusement reçu le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, et a affirmé que l’Inde se réjouissait d’approfondir la coopération avec cette province. Les exportations canadiennes vers l’Inde ont atteint 5,1 milliards de dollars canadiens en 2023, et 26 % de ce chiffre provient de la Saskatchewan.

Les médias indiens ont également rapporté que le Canada était représenté « aux plus hauts rangs » lors d’une réunion des chefs des services de renseignement mondiaux qui s’est tenue cette semaine à Delhi, un signe encourageant pour les relations entre les deux pays. Au début du mois, le sous-ministre adjoint d’Affaires mondiales Canada (AMC), Indo-Pacifique a déclaré à une Commission de la Chambre des communes que « la mobilisation [restait] constructive » entre Ottawa et New Delhi et a souligné les efforts d’un groupe de travail Canada-Inde sur la lutte contre le terrorisme.
 

Les canaux entre le Canada et la Chine restent ouverts  

Mme Joly a également rencontré le ministre chinois des Affaires étrangères, M. Wang Yi, à Munich, pour la deuxième fois en l’espace de cinq semaines seulement. Le compte-rendu d’AMC, exceptionnellement bref, indique que les deux ministres ont discuté des relations bilatérales, de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de la crise au Moyen-Orient. Le communiqué de Beijing précise que le Canada et la Chine ne sont pas des rivaux, « encore moins des ennemis », et M. Wang a dit espérer que le Canada parviendrait à « une compréhension adéquate de la Chine » et à l’adoption d’une vision à long terme des relations bilatérales.

Vina Nadjibulla, de la FAP Canada, a déclaré à Observatoire Asie que la multiplication des interactions à l’échelon ministériel entre le Canada et la Chine cette année « témoigne de la volonté des deux parties d’avoir des relations plus fonctionnelles et constructives ». Elle a ajouté que l’accent est davantage mis sur « les domaines de collaboration possibles autour des enjeux mondiaux et des conflits régionaux », notant l’appel récent du Canada à la Chine pour qu’elle en fasse davantage dans la résolution de la crise de la mer Rouge.
 

Taïwan et l’ingérence étrangère freinent le « rapprochement »  

Les comptes-rendus de la semaine dernière, plus courtois que ceux des années précédentes, laissent entrevoir des progrès. Toutefois, des griefs de longue date continuent de diviser les deux parties.

En janvier, l’ambassade de Chine à Ottawa a critiqué le message de félicitations adressé par l’AMC aux électeurs taïwanais après les élections sur l’île. Au début du mois, l’ambassadeur de Chine au Canada s’est opposé à la traversée du détroit de Taïwan par la marine royale canadienne, estimant qu’elle allait à l’encontre de la politique canadienne d’une seule Chine.

L’enquête canadienne sur l’ingérence étrangère se poursuivra le mois prochain, la Commission sur l’ingérence étrangère devant examiner, entre autres, l’ingérence présumée de Beijing dans les élections fédérales de 2019 et de 2021, ce qui laisse présager une période difficile pour les relations entre le Canada et la Chine.